Publié le 27 mai 2020 à 17h56 - Dernière mise à jour le 9 juin 2023 à 22h34
«La crise sanitaire a porté un coup d’arrêt massif et brutal à la filière automobile française. C’est une part de notre économie, ce sont des milliers d’emplois. Notre soutien va être massivement amplifié», a indiqué ce 26 mai le Président de la République, Emmanuel Macron, qui devait préciser : «L’État apportera plus de 8 milliards d’euros d’aides au secteur. En contrepartie, les constructeurs automobiles se sont engagés à relocaliser la production à valeur ajoutée en France et à consolider et maintenir la totalité de la production industrielle sur nos sites». Il met en exergue à ce propos, la pression sur Renault qui s’était engagé en 2018 d’investir 450 millions sur les sites de Maubeuge et de Douai. «Je n’oublie pas les engagements que j’entends», prévient-il avant d’indiquer: «Le ministre de l’Économie présidera une table-ronde avec Renault, les élus, les syndicats, pour trouver une solution. Le prêt de 5 milliards ne saurait être conclu avant que ces discussions aboutissent et dépendra de l’issue de celles-ci». Et d’afficher son ambition : «Faire de la France la première nation productrice de véhicules propres en Europe. Nous porterons à plus d’un million par an sous cinq ans la production de véhicules électriques, hybrides rechargeables ou hybrides». Le Chef de l’État rappelle le contexte, une chute de 80% de l’activité du secteur -«c’est sans précédent hors temps de guerre»- et une chute de 80% des ventes. Précisant qu’aujourd’hui plus de 400 000 véhicules qui auraient dû être vendus sont sur le marché «et, fin juin, nous devrions arriver à 500 000 véhicules». Il rappelle que le secteur automobile : «C’est 16% du chiffre d’affaires de notre industrie, 4 000 entreprises et près de 400 000 salariés». Au-delà, c’est, insiste-t-il: «Un secteur qui incarne le génie de notre Nation. Le défi de l’automobile c’est le défi de l’identité française». S’il présente ce plan, il tient à souligner que, dès le début de la crise, le secteur a bénéficié d’aides, avec la mise en chômage partiel, les PGE. Pour Emmanuel Macron: «Il faut non seulement préserver mais il faut aussi penser et construire l’après» et de citer les véhicules autonomes et les véhicules propres. Un après «qui se prépare dès maintenant dans la consolidation de notre tissu industriel», avance-t-il. Alors, pour le Chef de l’État : «Il faut faire en sorte qu’aucun modèle produit en France ne quitte le territoire en production». Il faut aussi, ajoute-t-il: «Augmenter la valeur ajoutée produite en France» tout en portant l’ambition écologique «en maximisant les activités en France, en particulier sur l’électrique». Le Président de la République en vient au soutien de la demande. Il annonce à cet effet une prime de 7 000 euros pour les particuliers achetant une voiture électrique, 5 000 euros pour les entreprises et les collectivités et de 2 000 euros pour les hybrides rechargeables. Il annonce que le déploiement des bornes va être accéléré «pour atteindre dès 2021 l’objectif de 100 000 bornes initialement fixé pour 2022». Il signale à ce propos: «Aucun autre pays européen n’a un système de soutien aussi ambitieux pour les véhicules électriques et hybrides». Autre annonce, une prime à la reconversion «qui va permettre des facilités d’achat pour les 3/4 des Français». Ceux qui ont un revenu fiscal inférieur à 18 000 euros net: «celui qui prendra un véhicule plus propre sera aidé à hauteur de 3 000 euros par l’État et 5 000 euros pour un véhicule électrique». Une mesure qui prendra effet le 1er juin et sera effective pour 200 000 véhicules. «Au total c’est plus d’un million d’euros qui vont servir la demande et c’est un plan d’urgence indispensable», assure-t-il. Le deuxième axe de ce plan vise à investir «pour produire en France le véhicule de demain» ce qui impose des efforts en matière de modernisation, de robotisation, de numérisation, d’écologie et d’industrie 4.0. «200 millions d’euros de subventions sont prévus pour accompagner les équipementiers et un fonds de 600 millions d’euros va voir le jour, l’État apportera 400 millions et les deux grands constructeurs 100 millions chacun et, 150 millions, dès 2020 viendront aider à l’innovation dans la filière». Emmanuel Macron en vient enfin aux efforts attendus de la filière en contre-partie des ces aides: «Les constructeurs ont pris des engagements forts. (…) PSA a pris l’engagement de développer la production de véhicules électriques sur le sol français passant de zéro véhicule produit en 2019 à 130 000 en 2021». Un groupe qui a prévu 360 millions d’euros d’investissements d’ici 2022 sur les sites de Rennes, Poissy, Mulhouse et Sochaux. Renault s’est engagé a triplé sa production de voitures électriques d’ici 2022 et de la quadrupler d’ici 2024. Renault qui a également pris l’engagement de développer un moteur en France alors, qu’initialement, cela devait se faire en Asie.
Michel CAIRE
Plan automobile, réaction de Régions de France : « Le Président de la République ignore les Régions » Régions de France a immédiatement réagi à la suite de l’intervention du Président de la République, déplorant le fait que Xavier Bertrand, président de la Région les Hauts-de-France n’ait pas été invité lors de la présentation de ce plan. Régions de France y voit «le symbole de l’absence totale de prise en considération de ce que nos Régions peuvent apporter en matière de politique industrielle et de formation». régions de France déclare via un communiqué : «Le Président de la République vient d’annoncer un plan de soutien massif au secteur automobile. Il a choisi de le faire depuis les Hauts-de-France, mais il n’a pas jugé utile d’inviter le Président de la Région Xavier Bertrand, alors que l’industrie automobile y est un sujet stratégique. Alors que la filière automobile est composée de milliers de TPE et de PME qui forment des écosystèmes que les Régions connaissent parfaitement, l’absence du Président des Hauts-de-France lors de l’annonce du plan est le symbole de l’absence totale de prise en considération de ce que nos Régions peuvent apporter en matière de politique industrielle et de formation. Même si chacun comprend l’urgence, et peut se féliciter de l’ampleur des moyens mobilisés, les Régions qui ont toujours joué le jeu de la politique économique sur leurs territoires regrettent que l’État néglige la contribution qu’elles auraient pu avoir sur ce plan, et le symbolise par un manquement aux règles républicaines». |