Emmanuel Macron à Marseille : école, santé, sécurité le Grand plan poursuit sa route…

Publié le 28 juin 2023 à  7h32 - Dernière mise à  jour le 1 août 2023 à  14h28

Le déplacement d’Emmanuel Macron à Marseille s’inscrit dans la durée, dans la suite des annonces faites il y a deux ans et ouvre sans doute un nouveau chapitre après l’épisode des retraites.

Emmanuel en débat à la Busserine
Emmanuel Macron en débat à la Busserine (Photo capture d’écran)

Les temps forts ne manquent pas pour ce déplacement de 3 jours à Marseille du Président de la République qui a démarré ce lundi 26 juin. Il en est un particulièrement marquant, celui de la rencontre avec 400 personnes à la Busserine (14e), dans un gymnase, devant un grand tifo de soutien à l’OM. La parole est libre, la colère est grande. Le président débat, refuse de laisser dire qu’il ne s’est rien passé depuis sa visite, voilà deux ans mais, ajoute-t-il: «Est-ce que cela va assez vite? Non». Il est question de logement, du mal-vivre, d’emploi, d’exclusion, de santé, de sécurité. Emmanuel Macron défendra son bilan, refusera «de prendre pour ses prédécesseurs», indiquera comprendre les colères, les frustrations, affichera son ambition d’aller plus vite. Un débat aussi lors duquel le chef de l’État introduira la question du beau: «Vous avez besoin de beaucoup de choses, notamment de respect comme vous l’avez signalé. Vous avez aussi besoin « du beau ». Dans le cadre de quartier 2030 nous allons organiser un concours d’architecte dans lequel nous entendons bien attirer les plus grands architectes mondiaux pour réaliser des opérations dans dix quartiers en France dont un à Marseille». Les présidents sous la cinquième République ont tous voulu laisser une trace architecturale de leur passage au pouvoir, Emmanuel Macron c’est dans les quartiers qu’il veut la voir s’inscrire.

«C’est un drame sans fin que nous vivons»

La première interpellation vient du Plan d’Aou (15e) où cette militante associative évoque le «travail de folie» accompli dans des conditions difficiles. Et de plaider pour des moyens supplémentaires car, explique-t-elle: «Nos bénévoles sont fatigués». Une autre habitante dénonce l’insécurité: «C’est un drame sans fin que nous vivons». Lance: «J’ai perdu un enfant en 2014, je sais qu’il a été tué mais je n’ai jamais pu récupérer son corps». Une autre mère parle de «la peur de voir sortir nos enfants. Il n’y a plus d’égalité des chances. Notre seul objectif est qu’ils ne prennent pas de balles. C’est un appel au secours que nous lançons. C’est bien d’avoir des policiers, des CRS supplémentaires mais il faudrait qu’ils soient là le soir».

«On attend un pacte républicain dans nos quartiers»

Un travailleur social met en garde: «Il faut travailler, agir, construire la République de demain sinon elle sera effacée. Monsieur le président on attend un pacte républicain dans nos quartiers». Un militant d’Air Bel indique: «Nous faisons des maraudes, on apporte de la nourriture aux plus défavorisés mais la pauvreté grandit. Nous sommes un groupe de jeunes, nous avons besoin de plus d’aides pour répondre aux besoins de la population». Pour cette femme Emmanuel Macron «a oublié les engagements qu’il avait pris il y a deux ans. Sur Air Bel rien n’a été fait». Pour une autre: «Dans les quartiers on nous aime quand on chante ou quand on joue au foot mais pas quand on veut faire entendre la voix de la raison». Ce militant associatif se bat pour apprendre aux enfants à nager. Pour lui: «Nous vivons dans la plus belle ville au monde. Il nous faut des moyens pour avoir des maîtres nageurs.» il faut, selon lui: «Une synergie Etat-Ville, métropole pour s’en sortir». Cette militante associative œuvre en direction des personne en situation de handicap. Elle dénonce le manque de moyens et déplore: «quasiment chaque fois que nous nous garons, comme nous pouvons, pour raccompagner une personne chez elle nous découvrons un PV en revenant». «Rien n’a été fait depuis deux ans», dénonce à son tour cette femme de Bassens tandis que pour une autre: «Nos enfants n’ont aucune chance de réussir à l’école». Pour cet habitant de Frais Vallon: «La santé est eu cœur des problématiques de nos quartiers». Justement, ce médecin a choisi de travailler et de vivre dans les quartiers nord: «Nous sommes 70 médecins généralistes pour 100 000 habitants dans ce secteur»

«La détresse ne permet pas de faire de l’insertion»

Un autre habitant met en exergue que «des gens ne mangent pas pour payer leur loyer, leurs charges. Cela représente 50, 60, 70% de leurs ressources. Ils sont dans la détresse et la détresse ne permet pas de faire de l’insertion».

Dans ce cadre, Emmanuel macron entend rappeler que le précédent quinquennat «a permis de déployer de premières mesures ambitieuses en faveur des quartiers» (dédoublement des classes de CP et CE1 en REP et REP+). Il insiste sur le fait que l’esprit du plan quartiers 2030, est d’aller beaucoup plus loin, en démultipliant notamment les premiers succès de Marseille. Il signale que «la jeunesse sera un des publics prioritairement concernés». «Ces mesures ont été définies (et le seront encore) à l’écoute des attentes des habitants des quartiers, en permettant de coconstruire les solutions locales», insiste-t-il avant de souligner qu’ à Marseille, «un plan inédit pour l’école se déploie et se renforce». Lors du discours du Pharo Emmanuel Macron avait annoncé le lancement d’une expérimentation des écoles innovantes. «La première année, 59 écoles innovantes, aujourd’hui, 82 écoles innovantes engagées dans des projets qui renforcent leur autonomie», rappelle-t-il. Sur le bâti scolaire il signale que «des travaux seront réalisés dans 188 écoles.»

«Combattre les inégalités à la racine»

Il rappelle sa volonté au niveau national et donc à Marseille de «continuer à renforcer notre école et combattre les inégalités à la racine ». Il annonce l’accueil des enfants dès 2 ans en milieu scolaire dans les quartiers les plus sensibles, pour faire le continuum crèche/école ; le renforcement de l’encadrement en moyenne section ; le dédoublement de toutes les classes de Grande section dans toutes les zones REP et REP+ d’ici 2024 ; le renforcement des classes prépa-intégrées dans les QPV. Pour accéder à la fonction publique, les écoles d’ingénieurs, les écoles de commerce …, accompagnement des étudiants boursiers de l’enseignement supérieur (prépa aux concours, diplomation, mentorat …). L’objectif notamment est 1 classe prépa dans les quartiers Nord; l’accueil continu de tous les collégiens de 8 heures à 18 heures minimum en quartiers prioritaires d’ici 2027 avec de premières expérimentations dès la rentrée prochaine, grâce à des heures supplémentaires proposées aux élèves (devoirs faits, activités sportives et culturelles …). Cela induira la généralisation des cités éducatives à tous les Quartiers prioritaires de la politique de la ville.

Le temps scolaire en débat

Le chef de l’État a poursuivi ses interventions sur l’école ce mardi 27 juin, dans une école primaire en cours de rénovation. Il a notamment évoqué la question du temps scolaire déplorant «des grandes vacances trop longues» voyant là un phénomène mettant à mal l’égalité des chances et des semaines des enfants trop chargées. Une réforme qui devrait être mise en œuvre l’an prochain.

«Il n’existe pas de commerces qui se développent sans clients»

Au préalable, ce lundi 26 juin, le Président a pris la parole, devant les différents services de police et de justice sur le chantier de l’établissement pénitentiaire Baumettes 3 où il devait rappeler que «les stupéfiants sont au cœur des difficultés que nous connaissons» et parle de «responsabilité collective». Invite les consommateurs de drogue à réfléchir à leurs actes: «Il n’existe pas de commerces qui se développent sans clients. Ceux-ci sont des gens qui peuvent s’acheter cette drogue», nourrissent des trafics où derrière «des jeunes de plus en plus jeunes sont exploités et tués et une économie parallèle qui se met en place». Pour lui donc :«On ne peut pas déplorer les enfants tués dans les quartiers, l’économie et la violence qui va avec les stupéfiants, et glorifier la consommation récréative de stupéfiants». Il revient sur les efforts entrepris depuis deux ans avec l’arrivée de 330 policiers pour la sécurité publique en deux ans, 11 enquêteurs pour la PJ, trois compagnies de CRS fidélisées sur le terrain pour lutter contre les points de deal, davantage aussi de moyens pour fonctionner pour les policiers, 8 millions d’euros pour les terminaux NEO, les caméras piétons qui ont été triplées, du matériel d’enquête, 226 véhicules et motos livrés, un nouveau commissariat pour les 13e et 14e qui sera livré fin 2024, avec là aussi 10 millions d’investissements ; et le nouvel Hôtel de police qui a vocation à être livré en 2027 avec plus de 200M€ d’investissements.

22 magistrats du siège supplémentaires recrutés, 10 magistrats du parquet supplémentaires recrutés

Il met également en avant qu’ «au 1er septembre 2023, par rapport à 2021, nous aurons 22 magistrats du siège supplémentaires recrutés, 10 magistrats du
parquet supplémentaires recrutés, 4 greffiers et 25 contractuels supplémentaires recrutés et un projet ambitieux de cité judiciaire moderne
». Il note à ce propos: «Je sais les échanges qu’il y a entre le Garde des Sceaux et Monsieur le maire sur ce sujet pour le finaliser dans les prochaines semaines. Il nous permettra d’avoir enfin une cité judiciaire qui correspond à tous les besoins. Je sais parfois les inquiétudes que cela peut susciter parce qu’il ne sera pas au même endroit. Mais je pense que notre justice et nos justiciables le méritent». Il évoque enfin: «Ces 740 places de détention supplémentaires aux Baumettes 3, dont l’achèvement des travaux est programmé et sera tenu en 2025 ; avec des travaux qui ont débuté en mai 2022». Et le chef de l’État après avoir rappelé plus tôt «les moyens endémiques manquants à Marseille», il précise que «les engagements pris il y a 2 ans ont tous été tenus. Et c’est historique».

Au niveau des annonces de ce volet 2 sécurité du plan « Marseille en grand », Le chef de l’État a évoqué un décret prévu «pour la fin de l’été » afin de faire payer sur le champ les consommateurs de drogue pris en flagrant délit. «Un paiement immédiat, par carte bancaire ou en liquide, des amendes forfaitaires afin d’améliorer leur recouvrement.» L’amende forfaitaire visant les consommateurs de drogue, d’un montant de 200 euros sans majoration ni récidive, a été étendue à toute la France en septembre 2020. Mais seules 35% des 350 000 amendes dressées ont été effectivement réglées.

Intensifier encore la lutte contre la criminalité organisée

Le Président a également annoncé l’arrivée de 25 enquêteurs supplémentaires en septembre 2023, l’arrivée de 4 enquêteurs affectés au groupe cyber pour traquer les dealers sur les réseaux sociaux; celle de 10 techniciens pour renforcer la police technique et scientifique; la dotation de 200 000 euros pour la police judiciaire; la création d’une task-force interministérielle pour lutter contre les caïds.

Nous allons renforcer la prévention

Emmanuel Macron enchaîne: « Nous allons renforcer la prévention, avec la création d’un module de prévention de l’entrée dans les trafics, dont bénéficieront 50 collèges et lycées dès la rentrée prochaine». Il signale aussi qu’une cellule de lutte contre le décrochage scolaire va voir le jour pour éviter à des jeunes de basculer dans les trafics. Il s’est également engagé en faveur d’un meilleur accompagnement des victimes et de leurs proches. Toujours en matière de prévention il a annoncé l’ouverture des collèges de 8 heures à 18 heures dans les quartiers sensibles.

240 millions d’euros supplémentaires pour l’AP-HM

C’est à Laveran, hôpital militaire que le Président devait évoquer, ce mardi 28 juin, les questions relatives à la santé. «Les besoins de l’AP-HM ne sont plus à démontrer et l’État a ainsi apporté un soutien considérable à ce projet pour un montant de 239M€», souligne-t-il avant de saluer la spécificité du modèle marseillais «où les collectivités locales- la Ville, la Métropole, le Département, la Région- sont là autour de la table, apportent un soutien à hauteur de 130M€». Au total, collectivités et État, c’est un financement de 369 millions d’euros dont a pu bénéficier l’AP-HM. Pour autant, indique-t-il: «Il est clair que le contexte que nous connaissons, les coûts qui augmentent, l’accélération des besoins nous ont conduits à revoir les choses et c’est pourquoi j’ai décidé d’octroyer une aide supplémentaire de 240 millions d’euros à l’AP-HM».

«Construire un nouvel hôpital militaire»

En ce qui concerne l’établissement militaire de Laveran, au sein duquel il s’est rendu, il considère que ce dernier a fait son temps, raison pour laquelle, il annonce la construction d’un nouvel hôpital militaire à Marseille. «Cet hôpital de nouvelle génération devra répondre aux besoins que nos armées auront pour les décennies à venir. Il sera un concentrateur et un incubateur de compétences. Il sera un véritable outil de défense en pleine autonomie pour pouvoir mieux nous engager au combat et mieux recevoir nos blessés. Conjuguant sciences médicales, spécificités militaires, cet établissement sera encore plus agile, plus modulaire, adaptable aux différentes situations sanitaires du temps de paix comme du temps de crise».

Le futur hôpital militaire verra le jour sur le camp de Sainte-Marthe

C’est près des quartiers nord de Marseille qu’il verra le jour, sur le camp de Sainte-Marthe. «Comme Laveran, il comprendra un service d’urgences, ouvert 24h/24 h. Comme Laveran, il appartiendra au Groupement hospitalier de territoire des Hôpitaux de Provence et s’intégrera dans le projet régional de santé. Il s’intégrera dans l’offre de santé marseillaise avec une offre médico-chirurgicale adaptée à la patientèle des quartiers Nord et des zones de périphérie, notamment les urgences, les soins critiques, l’infectiologie. Et pour ce qui concerne l’aspect militaire, il comprendra différents pôles de compétences comme le suivi des blessés, les aptitudes, l’innovation, la formation et la simulation».
Michel CAIRE

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