Publié le 22 juin 2022 à 23h24 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h28
Après avoir bouclé ses consultations avec les chefs des partis représentés à l’Assemblée nationale, et avant de s’envoler pour plusieurs jours à l’étranger, le chef de l’État s’est adressé aux Français, ce mercredi soir depuis l’Élysée. C’était sa première déclaration publique depuis le second tour des élections législatives. Privé de sa majorité absolue, Emmanuel Macron a reconnu le besoin d’«apprendre à gouverner et légiférer différemment». Jugeant l’hypothèse d’un gouvernement d’union nationale «pas justifiée à ce jour», il a appelé les autres partis représentés à l’Assemblée à «dire en toute transparence jusqu’où ils sont prêts à aller» pour «bâtir des compromis» avec la majorité présidentielle.
Lors de son allocution télévisée, le chef de l’État revient sur la forte abstention du scrutin de dimanche. «Je ne peux d’abord ignorer la forte abstention qui nous oblige tous à redonner davantage à nos actions collectives de lisibilité aux grands rendez-vous démocratiques. Je ne peux pas davantage ignorer les fractures, les divisions profondes qui traversent notre pays et se reflètent dans la composition de la nouvelle Assemblée», insiste le président de la République qui croit qu’il est possible de «trouver une majorité plus large et plus claire pour agir».
Emmanuel Macron a relaté les entretiens qu’il a eus avec les différents responsables politiques. «La plupart des dirigeants que j’ai reçus ont exclu l’hypothèse d’un gouvernement d’unité nationale, laquelle d’ailleurs à mes yeux n’est pas justifiée. (…) Je crois qu’il est donc possible, dans le moment crucial que nous vivons, de trouver une majorité plus large et plus claire pour agir» et souhaite dans les prochaines semaines que «ce dépassement politique se poursuive avec clarté et responsabilité.»
«Aucune force politique ne peut aujourd’hui faire les lois seule»
Le chef de l’État appelle à «apprendre à gouverner et légiférer différemment » en réponse aux «fractures» révélées par les législatives. «Aucune force politique ne peut aujourd’hui faire les lois seule. La majorité présidentielle est en effet relative», admet-il au cours de son allocution télévisée. Il estime qu’«il faudra clarifier dans les prochains jours la part de responsabilité et de coopération» des différents partis de l’Assemblée nationale avec la majorité présidentielle Il a également évoqué des mesures d’urgences pour «répondre aux besoins du pays et de notre quotidien.» Pour ce faire, Emmanuel Macron a rappelé «la loi sur le pouvoir d’achat et pour que le travail paie mieux. Des premières décisions pour aller vers le plein emploi, des choix forts sur l’énergie et le climat, des mesures d’urgence pour notre santé, qu’il s’agisse de notre hôpital ou de l’épidémie.» Ajoute: «Notre pays, plus que jamais, a besoin de réformes ambitieuses pour continuer de créer plus de richesses et innover d’avantage. Ça, c’est la clarté, la responsabilité»
«Bâtir des compromis, des enrichissements, des amendements»
«Il faudra, poursuit-il, bâtir des compromis, des enrichissements, des amendements, mais le faire en toute transparence, à ciel ouvert si je puis dire qui concerne toutes les forces politiques, à commencer par la majorité présidentielle, mais toutes les autres. Pour cela il faudra clarifier dans les prochains jours la part de responsabilité et de coopération que les différentes formations de l’Assemblée nationales sont prêtes à prendre». Le chef de l’État détaille: «Entrer dans une coalition de gouvernement et d’action ? S’engager à voter simplement certains textes? Notre budget ? Lesquels ? Il revient maintenant aux groupes politiques de dire en toute transparence jusqu’où ils sont prêts à aller.»
«Vous avez fait en avril et en juin deux choix clairs et j’en prends acte. Ma responsabilité est de les faire vivre et de le faire à votre service pour que la France soit plus forte que les réponses soient plus construites différemment mais plus adaptées aux défis de votre quotidien et du pays», a conclu le président de la République.
Patricia MAILLÉ-CAIRE