Publié le 3 septembre 2021 à 8h02 - Dernière mise à jour le 1 novembre 2022 à 14h54
«Ensemble, nous pouvons faire Marseille en Grand», lance Emmanuel Macron, sur l’esplanade du Pharo où il s’est exprimé longuement sur le devenir de la Ville en évoquant les urgences «sécuritaire, sociale, sanitaire» en prenant bien soin de préciser: «J’arrive devant vous avec beaucoup d’ambitions et beaucoup d’humilité» avant de considérer:«L’urgence ne suffit pas à relever les défis de Marseille. Il nous faut bâtir maintenant le Marseille de 2030»
Emmanuel Macron prévient: «Aider Marseille à réussir ce n’est pas faire l’aumône, c’est aider le pays tout entier». Il ajoute que pour cette «ville monde», «à la confluence de tous les défis », «plus pauvre que d’autres», mais aussi «pleine d’énergie» la réponse doit être multiple et ne portera pas ses fruits «en un jour». Il assume donc que «le devoir de la Nation est d’être aux côtés des Marseillais car considérer que ce serait une ville comme les autres (…) serait ne pas lui permettre de jouer le rôle qu’elle doit jouer en Méditerranée». Ces annonces, qu’il n’entend pas réduire à des chiffres, s’élève à hauteur de 1,5 milliard d’euros de financements nouveaux. Et d’afficher son ambition de voir Marseille pas seulement accélérer pour répondre aux urgences mais aussi, dans le même temps, «innover», notamment en matière d’éducation.
Le chef de l’État insiste sur le fait qu’il ne vient pas pour présenter un «plan fait à Paris. C’est ensemble que nous devons faire ce Marseille en grand». Il vient donc «avec ambition et exigence car la fraternité sans exigence ne vaut rien». Et il prévient qu’il reviendra régulièrement suivre l’évolution des dossiers.
«La délinquance a baissé»
Le chef de l’État évoque en premier lieu la question de la sécurité car vivre «tranquille est un droit», réaffirme sa volonté d’intensifier «la lutte contre les trafics de drogue»avant de noter que «la délinquance a baissé» ces dernières années tout en déplorant une criminalité «de plus en plus violente». Si des résultats sont là, et il ne manque pas de rendre hommage à la Police et à la Justice pour cela, il considère: «Cela ne suffit plus. Il faut une politique de harcèlement des trafics du terrain jusqu’aux têtes de réseaux à l’étranger».
Il annonce alors l’arrivée de 200 policiers supplémentaires, le maintien sur Marseille de deux compagnies de CRS récemment installées dans la cité phocéenne, le financement de 500 caméras de vidéosurveillance pour les quartiers Nord, huit millions d’euros pour l’équipement des policiers, la création d’un nouvel hôtel de police, dans les quartiers Nord. Annonce des mesures européennes pour favoriser le démantèlement des réseaux.
Le Président en vient ensuite à l’urgence sociale à Marseille considérant: «la sécurité est toujours le symptôme de difficultés sociales». Il rappelle la pauvreté, l’éloignement, le manque de transports en commun, l’absence de services publics: «Nous devons mener une approche globale», insistant à ce propos sur l’importance du sport, de la culture et du logement. Sur ce dernier point il juge: «La lutte contre l’habitat indigne doit s’intensifier. Nous avons été trop lent. Pour y remédier nous allons simplifier les procédures, comprimer les délais».
«L’État est au rendez-vous du soutien à l’AP-HM»
En matière de santé il déplore: «Un système défaillant avec des déserts médicaux en cœur de la deuxième ville de France.» Il plaide: «médecins et personnels soignants doivent investir les quartiers abandonnés». Emmanuel Macron assure : «L’État est au rendez-vous du soutien à l’AP-HM» en évoquant 233 millions d’allégement de dette et 169 millions d’euros de budget en parité avec les collectivités locales pour l’AP-HM, ajoutant 50 millions pour le pôle mère/enfant.
Il faut inventer, ici, l’école du futur
Le Président annonce ensuite que l’État participera au plan de rénovation, lancé par la municipalité, de plus de 200 des 472 écoles de la ville. Il annonce encore à ce propos la création d’une société ad hoc présidée par le maire de Marseille avant de déplorer «trop de grèves . Au-delà il considère: «Notre école est remarquable mais nous devons aller plus loin. On doit donner plus de moyens et plus de liberté aux directeurs, faire de l’école un laboratoire de liberté et de moyens adaptés aux élèves. Il faut inventer, ici, l’école du futur». Il veut ainsi lors de la rentrée 2022-2023, lancer dans 50 établissements des quartiers populaires une nouvelle méthode dans laquelle les directeurs d’écoles pourront notamment choisir les enseignants motivés par le projet pédagogique. Des expériences qui bénéficieront de moyens plus importants. Il souhaite également, au même moment, dans le secondaire, l’ouverture de 10 micro-collèges et de 10 micro-lycées, afin de lutter contre le décrochage scolaire.
Création d’un «capital jeune créateur»
La création d’un «capital jeune créateur» est également annoncé. «Les jeunes ne m’ont pas demandé des aides. Ils veulent du travail. Certains m’ont dit qu’il leur était plus facile de trouver des clients que des employeurs, nous allons les aider avec ce capital jeune créateur et, d’autre part, nous allons conjuguer les énergies et simplifier l’accès aux offres». Le chef de l’État signale aussi le recrutement de 100 jeunes marseillais, dès l’automne, dans le cadre du service militaire volontaire.
Développer l’industrie cinématographique et télévisuelle à Marseille
Emmanuel Macron mettra également en exergue l’importance de créer, en s’appuyant sur l’existant, de développer l’industrie cinématographique et télévisuelle à Marseille affichant l’ambition de faire de Marseille une capitale méditerranéenne dans ces domaines. Il évoque pour cela la création de grandes écoles, de grands studios, voyant là la possibilité de créer des «dizaines de milliers d’emplois», mais aussi un moyen de défendre le modèle culturel français. De plus, il indique que Marseille va accueillir une antenne de la Cinémathèque française.
Transports: désenclaver les quartiers Nord
En matière de transports le Président annonce des aides… si la métropole s’organise différemment «ce qui doit se régler dans la concertation». Si tel est le cas, il annonce un milliard d’euros d’investissements pour l’automatisation du métro, la création de quatre lignes de tramway et de cinq lignes de bus Haut niveau de service. Il est même d’accord pour aller plus loin «pour désenclaver les quartiers Nord». Le président s’est également engagé sur 115 millions d’euros de l’État en vue de la création d’un RER et le versement de 1,4 milliard d’euros pour le réaménagement de la gare Saint-Charles et une ligne nouvelle Marseille-Nice. Il confirme des financements pour l’extension de l’aéroport et des investissements «massifs» pour le port de Marseille, en vue de sa modernisation et du développement de son hinterland grâce à un développement de ses capacités en matière de fret ferroviaire et de transport fluvial.
Odysseo
Emmanuel Macron a enfin annoncé le lancement d’Odysseo, réseau international dédié à la transition écologique, favorisant le dialogue entre science et grand public, un lieu majeur d’éducation et de sensibilisation dédié à la protection de l’environnement méditerranéen qui verra, d’ici 2026, un premier lieu s’ouvrir à Marseille.
Michel CAIRE
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