Sylvie Casalta, docteur en physique nucléaire, est membre du bureau exécutif de « Nos territoires d’abord », mouvement politique initié par Renaud Muselier. Elle est, en outre, au sein même de cette formation, référente de l’assemblée «Les amoureux du sud ». Entretien.
Destimed : Quel regard portez-vous sur l’évolution politique de Marseille ?
Sylvie Casalta : L’histoire politique de Marseille est jalonnée par des figures marquantes qui ont chacune laissé une empreinte indélébile sur la ville. Gaston Defferre a posé les bases d’une discipline urbaine nécessaire. Robert Vigouroux, quant à lui, a été un visionnaire dont l’une des plus grandes contributions a été le développement de la culture à Marseille. Sous sa mandature, plusieurs musées et théâtres ont vu le jour, et il a lancé l’initiative de la Friche Belle de Mai, aujourd’hui un véritable centre culturel et créatif. Jean-Claude Gaudin, pour sa part, a inauguré de grands projets, comme Euroméditerranée, inscrits dans le programme de Robert Vigouroux, avec le soutien indéfectible de Renaud Muselier.
Aujourd’hui, sous la direction de Benoît Payan, les Marseillais attendent des actions concrètes répondant à leurs préoccupations. Cependant, l’élection précédente a laissé une certaine amertume, notamment avec l’épisode Michèle Rubirola, qui a révélé la nécessité d’une plus grande transparence et honnêteté dans le processus électoral. Pour l’avenir, il est crucial que les prochaines élections respectent pleinement la volonté des Marseillais, afin de restaurer la confiance dans nos institutions.
Vous êtes la référente « Les amoureux du Sud », êtes-vous aussi amoureuse de Marseille ?
Marseille est une ville que j’aime profondément, et cet amour remonte à mon enfance. Quand j’étais enfant, alors que mes amis allaient sur les manèges, je demandais à ma mère de m’emmener à la mairie. C’est dire combien cette ville me passionne depuis toujours. Même après avoir vécu en Allemagne, aux Pays-Bas, et en Belgique, mon amour pour Marseille et les Marseillais est resté intact. Marseille se distingue par son histoire millénaire et l’énergie de ses habitants. Cette ville a donné naissance à des personnalités internationales qui ont marqué le monde économique, comme Paul Ricard, un défenseur de la nature qui a su anticiper les enjeux environnementaux. On peut aussi citer la famille Reinier, qui dirige l’entreprise Onet, jouant un rôle clé dans l’économie locale. C’est aussi une terre d’accueil, je pense à ce propos à Jacques Saadé, fondateur de CMA CGM, qui a transformé Marseille en un hub mondial de la mer. Marseille est un carrefour de cultures, et un lieu où l’innovation est florissante, comme le montrent les nombreuses start-up qui y voient le jour. C’est cette richesse que j’aime, que je veux préserver et développer.
Pour en revenir à la politique locale, une question fait débat, le découpage par secteur. Pensez-vous qu’il doit être conservé ou abandonné ?
Le découpage par secteur est une particularité marseillaise qui a un impact significatif sur les élections municipales. Introduit sous l’égide de Gaston Defferre avec la Loi PLM en 1983, il a divisé Marseille en huit secteurs, chacun regroupant deux arrondissements. Si l’objectif initial était d’assurer une meilleure représentation des quartiers, il a également eu des conséquences notables sur la gouvernance de la Ville, multipliant les jeux d’alliances et complexifiant le processus électoral. Les dernières élections municipales ont montré l’impact de ce découpage sur le choix du maire de Marseille. Les Marseillais, pensant voter pour Michèle Rubirola, ont découvert qu’il s’agissait en réalité d’une stratégie politique visant à installer Benoît Payan à la mairie. Cette manœuvre a laissé un goût amer chez de nombreux électeurs, soulignant la nécessité d’une réforme pour garantir que les choix des Marseillais soient pleinement respectés.
Au-delà de cette question sur le découpage quels sont les dossiers qui vous paraissent fondamentaux dans un programme pour Marseille ?
Marseille est une ville au potentiel extraordinaire, un véritable joyau qu’il faut savoir gouverner avec vision et détermination. Avec son patrimoine humain exceptionnel, son port tourné vers la Méditerranée, et son rôle stratégique en tant que carrefour culturel et économique, Marseille possède tous les atouts pour être une métropole florissante. Il est encore trop tôt pour entrer dans les détails d’un programme spécifique. Ce que je peux dire, c’est que la priorité sera de renforcer l’économie locale tout en répondant aux besoins des Marseillais et en préservant l’écologie. Il est crucial de concilier développement économique et respect de notre environnement unique. Mais avant tout, il est indispensable d’écouter les Marseillais. Nous devons comprendre les préoccupations et les aspirations de tous, des jeunes aux retraités, des chômeurs aux chefs d’entreprises, en passant par les acteurs associatifs et les Comités d’Intérêt de Quartier (CIQ). Tous les moyens de communication disponibles doivent être exploités pour établir un dialogue direct et constant. Bien que je sois très investie dans les innovations technologiques, je préfère rencontrer les Marseillais en personne, car rien ne remplace le contact direct.
Nous avons déjà commencé à rencontrer des associations, des commerçants, et des artistes, pour recueillir leurs idées et suggestions. D’ailleurs, le 30 août, se tiendront les universités d’été de Cap sur l’Avenir, sous la présidence de Renaud Muselier, où ces échanges se poursuivront pour bâtir ensemble l’avenir de Marseille.
Quel serait, selon vous, les caractéristiques d’un maire idéal pour Marseille ?
Marseille a besoin d’un maire qui comprend profondément la ville et ses habitants, quelqu’un qui a une proximité réelle avec les Marseillais. Marseille a besoin d’un maire qui combine une vision claire pour l’avenir, un profond respect pour son patrimoine, et une capacité à mener à bien des projets ambitieux pour la ville tant sur le plan socio-économique que culturel, tout en respectant l’environnement.
Pensez-vous à une personne en particulier ?
Oui, je pense à quelqu’un qui a l’expérience, la vision, et l’amour de Marseille nécessaires pour la conduire vers un avenir radieux entouré d’une jeune et nouvelle génération.
Propos recueillis par Michel CAIRE