Publié le 19 janvier 2021 à 9h24 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h34
Le programme Digit’ESS est un appel à projets unique né de l’association entre AG2R La Mondiale et Simplon.co pour accompagner les structures de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) dans leur développement digital. Entretien avec Frédérique Quemener, chargée de missions à la direction des activités sociales au sein du Groupe AG2R La Mondiale, responsable du projet Digit’ESS
Le numérique comme levier d’inclusion
Destimed : Quelles sont les grandes lignes du programme Digit’ESS?
Frédérique Quemener: Il s’inscrit dans le cadre d’un partenariat initié avec Simplon.co, réseau de fabrique numérique et inclusive, dont le cœur des activités est de proposer des formations gratuites sur le numérique. Entreprise Sociale et Solidaire, Simplon utilise le numérique comme levier d’inclusion afin de révéler les talents, et accueille en priorité des jeunes issus des quartiers prioritaires, en situation de décrochage scolaire, en situation de chômage, de précarité. Simplon accompagne ainsi la transformation numérique des organisations et développe ses propres projets, avec ses apprenants. Dans le cadre de ce partenariat, nous avons créé ensemble un site internet entièrement dédié : digitess.simplon.co
Sur quel grand principe repose le dispositif et votre association avec Simplon ?
Un appel à projets dans lequel on peut candidater au fil de l’eau, en continu, avec l’objectif d’accompagner les structures de l’ESS qui sont confrontées aux enjeux du numérique. Le but est de les aider dans les difficultés rencontrées. Il faut savoir que beaucoup d’associations de l’ESS ne sont pas équipées dans le domaine et se retrouvent le plus souvent désemparées face à la situation. Nous les accompagnons aussi dans la structuration de leur projet, du diagnostic de maturité numérique au site internet en passant par tous les autres besoins dans le domaine toujours du numérique.
Les structures candidates doivent obligatoirement relever de l’ESS
Quelles sont les conditions pour pouvoir candidater à votre dispositif d’accompagnement ?
Les structures candidates doivent obligatoirement relever de l’ESS. Elles doivent également avoir des actions en lien avec les grands axes prioritaires de notre Groupe: l’habitat, le retour à l’emploi des personnes les plus fragiles, la prévention de santé et tout ce qui touche aux aidants. Autre obligation à satisfaire pour pouvoir candidater: avoir au moins 3 ans d’existence. Une fois qu’elles ont candidaté, des comités de criblage composés de personnes de notre Groupe et de Simplon se réunissent tous les mois pour discuter des candidatures et faire les choix.
Existent-ils plusieurs niveaux d’accompagnements dans le cadre du programme ?
Nous en avons plusieurs, d’abord un diagnostic numérique pour ceux qui n’ont pas de projet en tête, à un autre plus complet qui est pris en charge à 100 % par AG2R La Mondiale. Suivant les idées et le cahier des charges de la structure, un cadrage peut être proposé et être pris en charge à hauteur de 55 à 75 %. Nous pouvons également accompagner les structures dans le cadre du développement de leur projet à travers tout ce qui touche la production, et notre prise en charge peut alors aller de 25 % à 50 % du montant total du développement. Les structures peuvent candidater pour un seul échelon de l’accompagnement, et peuvent le faire sur toutes les différentes étapes mises en œuvre, l’un n’exclut pas l’autre.
Quels sont les territoires couverts par le dispositif ?
Nous avons donc un site internet où les structures peuvent candidater. Digit’ESS peut aussi toucher le plus large territoire possible, jusqu’aux DOM. Nous avons accompagné deux à trois projets sur La Réunion, un à Mayotte. De son côté, Simplon a des équipes en France et sur les DOM, avec différentes antennes régionales, comme à Marseille, qui peuvent chacune accompagner au plus près la structure locale. Comme c’est le cas pour nous, au sein de notre Groupe, l’organisation nationale s’appuie ainsi sur les antennes présentes sur les différents territoires.
« Plus les structures de l’ESS sont équipées numériquement, mieux elles peuvent s’organiser et passer du temps auprès des bénéficiaires »
Depuis combien d’années avez-vous initié ce programme, et pouvez-vous faire le point sur le nombre de structures accompagnées ?
C’est un programme qui est validé sur 3 ans, et nous arrivons précisément à la fin de ces 3 ans. Nous avions pour objectif d’accompagner 100 associations. Aujourd’hui, il est atteint, nous en avons un peu plus d’une centaine, sur un total de 240 candidatures. Ce sont donc concrètement 100 projets qui ont été aidés et soutenus, avec un bilan positif. Les structures sont invitées à nous donner à chaque fois leur avis sur l’accompagnement de Simplon. Nous travaillons en ce moment sur une proposition de poursuite de ce partenariat. C’est vraiment un beau projet, qui fonctionne bien, avec un impact positif sur les structures de l’ESS et sur les bénéficiaires. Car plus les structures sont équipées numériquement, mieux elles peuvent s’organiser et passer du temps auprès des bénéficiaires. Nous sommes fortement convaincus par ce programme !
Quel regard portez-vous sur le développement de l’ESS dans le pays ?
L’ESS ne cesse de prendre de l’ampleur. Nous avons maintenant en France un ministère qui y est dédié. L’ESS s’intéresse et touche aujourd’hui tous les domaines, avec des petites comme de plus grosses associations. Les difficultés du secteur, avec l’actualité, seront le manque des financements, les prochaines années, surtout du côté des collectivités. Il y aura un gros travail de business-modèle à trouver dans l’ESS, ce sera tout l’enjeu. Pour cela, je pense que le secteur devra arriver à être plus indépendant sur le plan financier. Les métiers liés à l’aide à domicile ont montré toute leur importance pendant la crise sanitaire. L’ESS compte des personnes essentielles pour d’autres, qui ont permis de sauver des vies pendant le confinement. La crise actuelle n’a fait qu’amplifier l’importance du rôle des associations et du secteur de l’ESS dans notre écosystème. On s’aperçoit mieux aujourd’hui de tout ce qu’il représente. Et si tout devait s’arrêter de son côté, beaucoup de choses s’écrouleraient…
Propos recueillis par Bruno ANGELICA
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