Publié le 29 décembre 2020 à 12h54 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h21
Avant que ne tombe la décision de fermer les théâtres et autres établissements culturels, nous avions rencontré le maestro italien Paolo Arrivabeni. Il nous avait fait part de sa joie de retrouver la scène à l’occasion de cette direction musicale de «La Bohème» de Puccini. Son interview reste d’actualité puisque cette production a fait l’objet d’une captation qui sera visible ces prochains jours.
Destimed : Comment avez-vous vécu ces derniers mois entre confinement et représentations annulées ?
Paolo Arrivabeni : Ce fut assez compliqué. J’ai passé huit mois sans diriger, hormis deux petits concerts. Mais je n’ai travaillé sur aucun opéra et l’opéra c’est ma vie… Rendez-vous compte que ma dernière direction lyrique remonte au 14 février dernier. Ensuite j’ai eu six contrats annulés. Il m’a fallu attendre décembre et cette «Bohème» à Marseille pour retrouver la vraie vie. Alors, pendant huit mois, je suis resté à la maison. J’ai pris du temps pour moi, j’ai beaucoup lu et j’ai découvert de nouvelles œuvres lyriques.
« La musique de Puccini est toujours là ! »
Parlons un peu de cette production de «La Bohème»… Elle est assez spéciale, non?
D’abord je dois dire que c’est un cadeau de pouvoir retravailler à l’opéra en cette fin d’année si particulière. Et même si les conditions sont particulières, c’est un grand plaisir de retrouver la scène tous les jours, de voir des machinistes et des électriciens au travail. C’est une grande joie. Concernant la production, il a fallu l’adapter aux circonstances. Du côté de l’orchestre, nous sommes passés d’une cinquantaine à une vingtaine de musiciens. Mais cela n’a pas posé de difficultés particulières car il existait, à l’époque de Puccini, des orchestrations réduites afin de pouvoir donner les œuvres dans les petits théâtres. La musique de Puccini est toujours là ! Bien entendu les couleurs de l’orchestre ne sont pas mêmes mais c’est presque une version de chambre, intimiste, qui colle parfaitement avec le livret.
Et au niveau de la mise en scène ?
Il y a une vraie mise en scène avec accessoires et mouvements techniques. Si les choristes sont en fond de plateau et chantent masqués, les solistes, eux, n’ont pas de masque et sont superbement dirigés par Louis Désiré en tenant compte des contraintes de la Covid. Louis est un ami et c’est un grand plaisir de le retrouver ici.
« J’aime travailler avec les artistes qui prennent les rôles »
Du côté des solistes, Angélique Boudeville et Enea Scala incarnent Mimi et Rodolphe pour la première fois de leur carrière. Votre travail en est-il modifié ?
Pas vraiment modifié ; mais j’ai une attention toute particulière pour ces soliste et je les encourage souvent. De plus je cherche à leur insuffler l’esprit de la musique de Puccini en leur expliquant le pourquoi de toutes les indications portées sur la partition par le compositeur. Mais c’est un vrai bonheur et c’est souvent plus facile de travailler avec quelqu’un qui n’a jamais chanté le rôle plutôt qu’avec quelqu’un qui l’a chanté des centaines de fois et qui a pris de mauvaises habitudes…
Après cette Bohème, de quoi sera fait votre début d’année 2021 ?
Pour l’heure, si tout se déroule normalement, mon agenda est plein et je dois revenir à Marseille notamment pour diriger Luisa Miller au printemps. Après, nous ne sommes pas maîtres de ce qui peut arriver. Mais je tiens ici à souligner que l’Opéra de Marseille et son directeur Maurice Xiberras ont tout fait pour soutenir les artistes dont les contrats ont été annulés au dernier moment par la faute de la Covid. C’est l’une des rares maisons, dans le monde, à avoir eu cette attitude exemplaire…
Propos recueillis par Michel EGEA
La vidéo sera mise en ligne le jeudi 31 décembre 2020 à 17 heures sur marseille.fr et opera.marseille.fr et sera disponible jusqu’au samedi 30 janvier 2021.