Environnement maritime. La Méridionale se met au vert

Publié le 8 septembre 2022 à  10h00 - Dernière mise à  jour le 19 décembre 2022 à  9h33

Le Piana va «sano» ce pourrait être le slogan du navire amiral de la «Méridionale». Ce navire rejette zéro particule dans l’air, à quai comme en mer. La Méridionale est le 1er armateur au monde à équiper l’un de ses navires d’un filtre à particules, dispositif de dépollution «à sec» dont le coût n’est pas négligeable. L’investissement est de 16 millions d’euros. Cela méritait bien la présence massive des mondes économique, politique ainsi que de l’État.

Une première mondiale à bord

Le Piana navire amiral de
Le Piana navire amiral de
Présence massive des mondes économique, politique ainsi que de l’État (Photo Joël Barcy)
Présence massive des mondes économique, politique ainsi que de l’État (Photo Joël Barcy)
La technologie n’est pas nouvelle, elle est éprouvée à terre sur des incinérateurs depuis une vingtaine d’années, mais la «marinisation» du procédé est plus complexe qu’il n’y paraît. «Les marins ne sont habitués qu’à manier du liquide, là il faut injecter de la poudre de bicarbonate de sodium dans les gaz d’échappement à la sortie des moteurs», indique Christophe Séguinot, le directeur technique de la Méridionale. «En outre on ne savait pas comment réagirait cette technique sur un navire en mouvement. Aujourd’hui on est surpris par la qualité des résultats. On supprime 99% des oxydes de soufre et 99,9% des particules fines et ultrafines. L’organisme de contrôle a même dû vérifier ses appareils tant l’élimination des particules était spectaculaire», ajoute en souriant Christophe Séguinot. La deuxième phase de dépollution porte «sur la réduction significative des oxydes de soufre d’environ 70%». Voici comment ça marche. [(

Christophe Séguinot

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Investir malgré une situation difficile

La Méridionale a poursuivi son investissement en matière environnementale malgré une situation économique difficile depuis la perte de marchés en 2009. Électrification des navires à quai en 2017 puis investissement dans ces filtres à particules sur le Piana à partir de 2019. «C’est une volonté de l’actionnaire (le groupe STEF) d’être des pionniers en matière d’industrie écologique. Une volonté d’agir pour protéger notre futur», estime le président de la Méridionale, Marc Reverchon. [(

Marc Reverchon

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Une incitation pour les croisiéristes ?

Le maire de Marseille boit du petit lait en voyant ce navire zéro particule. Lui qui a lancé une pétition en ligne pour dénoncer la pollution des bateaux de croisière à Marseille. «C’est une petite compagnie qui fait le job, qui investit pour réduire la pollution à quai depuis plusieurs années et en mer aujourd’hui. Donc ce que je demande depuis des années est possible. Les grosses compagnies de croisière peuvent largement réaliser ce qu’une petite société a fait. C’est une histoire de volonté. Je me battrai pour qu’elles le fassent». [(

Benoît Payan

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Un cercle vertueux

«En mettant des moyens publics au départ on peut inciter les divers opérateurs à évoluer», estime Renaud Muselier qui a lancé une « COP d’avance » en 2017 lors de l’Acte I de « Méditerranée du futur ». Il faut, poursuit-il: «Une prise de conscience collective. C’est un cercle vertueux mais il n’y a pas d’autre issue. On investit dans l’électrification des quais et pour ce filtre c’est 4 millions d’euros. Ces efforts permettent le développement économique de la cité et offrent une qualité de l’air pour les Marseillais». [(

Renaud Muselier

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Fierté à bord

Le commandant du navire affiche une certaine fierté en montant à bord. Piloter un navire propre c’est bon pour l’environnement et pour moral. « Les passagers posent des questions, se demandent pourquoi il n’y a pas de fumée. Certains m’interrogent pour savoir s’il est électrique», ajoute Vincent Lamouroux avec un sourire. [(

Vincent Lamouroux

)] Reste à savoir si les 3 autres bateaux pourront être équipés du même dispositif car la flotte n’est pas toute jeune et l’investissement lourd. Reportage Joël BARCY [(

Renaud Muselier et Benoît Payan

Renaud Muselier et Benoît Payan (Photo Joël Barcy)
Renaud Muselier et Benoît Payan (Photo Joël Barcy)

Je t’aime, moi aussi

Ces deux-là sont devenus inséparables. Ils pourraient presque passer des vacances ensemble. Renaud Muselier et Benoît Payan ne manquent pas une occasion de faire assaut d’amabilités. Chacun convient bien sûr qu’il a une couleur politique différente mais en même temps… Et sur un bateau quoi de plus naturel qu’être solidaires. «Entre vous et moi il y a une relation de confiance, une mobilisation collective pour l’environnement. Vous nous avez aidés pour que Marseille fasse partie des 100 villes d’Europe décarbonées», rappelle Benoît Payan. «Je continuerai de t’aider pour le port, pour les JO, pour l’adaptation au climat. Merci de nous avoir rejoints pour agir sur le port de Marseille», enchaîne Renaud Muselier.

Croix de bois, croix de fer

Croix de bois, croix de fer, la seule ambition des deux protagonistes c’est Marseille. Ils ont les yeux de Chimène pour la Ville. Protis et Gyptis, 2600 ans d’histoire… Le tandem déclare sa flamme sur tous les tons. L’un est maire de la cité phocéenne, l’autre a rêvé de l’être et en rêve peut-être encore. Si certains atours de la belle sont à revoir, les prétendants veulent en tout cas la séduire. Renaud Muselier est même prêt à prendre «la présidence du port de Marseille si l’État ne consent à nommer rapidement quelqu’un à sa tête». C’est dire si la passion ne s’embarrasse pas des contingences. Combien de temps durera cette lune de miel entre les deux acteurs politiques ? Nul ne sait. Mais tant que Marseille en profite personne n’ira critiquer cette idylle sauf peut-être Martine Vassal, la présidente de la Métropole Aix Marseille Provence, qui n’est pas aussi courtisée. J.B.)]

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