Publié le 21 mars 2019 à 7h44 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h47
Elle sème des flaques sur nos chemins, elle nous assombrit le moral, elle va parfois même jusqu’à inonder nos routes ou nos maisons… Elle peut nous faire languir au printemps, ne laissant pas l’été montrer le bout de son nez… Et pourtant, elle arrose alors chaque jour nos jardins, nourrissant le sol en profondeur, afin qu’il puisse à son tour nous nourrir à l’arrivée des chaleurs estivales.
Elle nous fait râler quand elle s’attarde, nous rappelle comme on est si peu de chose quand elle s’énerve. Et pourtant, sans elle, aucun champ ne saurait produire les denrées qui nous nourrissent. Elle engendre des torrents de boue, parfois des éboulements de terrain, des inondations. Et pourtant, elle ne fait que passer.
Elle ne demande qu’à passer, couler, s’infiltrer. Et pourtant, on tente naïvement de la canaliser, de l’endiguer… C’est là la cause de tous ces dégâts : on artificialise des surfaces sur lesquelles elle ne peut plus s’infiltrer, on construit des digues pour protéger des constructions établies en zones inondables… mais qui peut prétendre contrôler des flux d’eau?
Elle vient aussi nous indiquer l’absurdité de nos raisonnements : pas de coulée de boues en forêt, ou rarement… et pourquoi ? Parce qu’un sol bien structuré peut accueillir une grande quantité d’eau. On estime qu’un volume d’humus peut absorber jusqu’à 10 fois son volume d’eau, grâce à sa structure aérée et donc poreuse, il fonctionne comme une éponge.
Alors, cause ou effet ? C’est sans aucun doute le manque de texture et de tenue de nos sols qui engendre de tels dégâts lors de gros épisodes pluvieux. A nous de tirer les leçons de ces terribles constats.
Madeline Carlin, ingénieur agronome est membre du réseau des animateurs en agroécologie (AAE) -formés par Terre & Humanisme afin de transmettre l’agroécologie, ses pratiques et son éthique en suivant la voie que Pierre Rabhi a initié pour la souveraineté alimentaire, le respect de tous et du vivant…