Publié le 5 février 2020 à 23h09 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h46
Inauguré par le Secrétaire Général de la mer, Denis Robin et placé sous la présidence de Christine Cabau-Woehrel, le rendez-vous international de la croissance bleue Euromaritime s’est installé au Parc Chanot à Marseille. Plateforme d’échanges, ce salon est également une véritable boussole des orientations de tous les secteurs de la filière.
Une manifestation qui a notamment donné lieu à une table-ronde sur les défis de la transition écologique et de l’acceptabilité pour le transport de passagers. Elle réunissait Erminio Eschena, président de Clia (Cruise Lines International Association) France, Jacques Hardelay, président des Chantiers navals de Marseille, Jean-Emmanuel Sauvée, président de Ponant, Jean-François Suhas, président du Club de la Croisière Marseille Provence et président du Conseil de Développement du GPMM et Stéphane Reiche, délégué général du Grand port maritime de Marseille.
«Euromaritime est le salon où les acteurs des quatre grands secteurs de l’économie maritime -la construction, le portuaire, le transport maritime et les technologies d’avenir- se retrouvent avec l’ensemble des intervenants européens et méditerranéens», souligne Hugues d’Argentré, son commissaire général avant de poursuivre: «C’est également, pour la première fois depuis sa création en 2013, un lieu de découverte et d’incitation à la connaissance des nouvelles technologies des métiers de la mer, source de formations et d’emplois». Les enjeux de l’économie maritime sont multiples et les défis à relever nombreux, comme l’a souligné le Secrétaire Général de la Mer, appelant de ses souhaits la prise en compte de quatre enjeux primordiaux pour assurer son développement : le « verdissement », l’innovation, la numérisation et le développement harmonieux dans le cadre européen. De son côté, Christine Cabau-Woehrel souhaite «un salon surprenant, passionnant sous le signe de l’innovation et d’une forte ambition partagée pour composer aujourd’hui la vision maritime de demain». La journée de conférences a été l’occasion de souligner combien la filière française recèle de potentiels dans les technologies de pointe de la transition écologique, qu’il s’agisse de la propulsion au GNL, au biogaz, ou encore de la propulsion vélique qui compte de nombreux acteurs français d’avant-garde. En ce sens la table sur les défis de la transition écologique était concernée par le sujet. Tous les intervenants en ont fait un enjeu de société, en mettant l’accent sur l’importance environnementale des nécessaires mutations tout autant qu’économiques. Une action dans laquelle la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a engagé des fonds pour les premières connexions électriques du port de Marseille des ferries à destination de la Corse puis, a participé à l’équipement de 3 navires de l’armateur Corsica Linéa avant d’engager un demi-million d’euros pour un filtre à particules innovant pour La Méridionale. Et, lors de la dernière Assemblée plénière de décembre 2019, la Région a mobilisé ses financements et levé des fonds européens pour accompagner les ports et les armateurs. Cela représente une enveloppe globale de 30M€ pour l’électrification des quais et l’accompagnement pour l’équipement des paquebots de croisière pour les ports de Marseille, Toulon et Nice.
«Nous avons zéro fumée et zéro escale»
C’est avec un humour grinçant que Jean-François Suhas prend la parole: «Personne ne peut faire mieux que le port de Marseille actuellement, nous avons zéro fumée et zéro escale», lance-t-il en évoquant les grèves. Il déplore: «Marseille et le Havre sont les deux places portuaires à ne pas s’être développées ces 30 dernières années». Il en vient à la thématique de la table-ronde: «Lorsque nous venons en centre-ville avec nos bateaux de croisière il est sûr que notre responsabilité est particulièrement importante. Le monde de la croisière et les ports l’ont bien compris. C’est pour cela qu’une mutation est engagée et c’est bien la moindre des choses que nous devons à la population, aux touristes et au personnel. L’industrie des croisières a d’ailleurs bien compris que l’enjeu était aussi commercial car la clientèle-notamment jeune- est de plus en plus sensible aux questions environnementales». Erminio Eschena intervient dans le même sens tout en précisant que les technologies ne répondent pas encore à tous les enjeux identifiés et, qu’aujourd’hui, le gaz naturel liquéfié semble être l’une des pistes les plus matures. Mais, pour lui, la solution viendra d’un ensemble de réponses: «Sachant que cela fait une vingtaine d’années que nous sommes engagés dans cette mutation». Jean-Emmanuel Sauvée va encore plus loin: «Notre société a inscrit le développement durable dans ses statuts. Ce n’est donc pas pour nous une option mais une obligation aussi bien pour la construction de nos bateaux que dans nos pratiques. Ainsi, nous nous posons la question des déchets. Nous allons même jusqu’à, lors de certaines escales, en ramasser, équipage et clients réunis. Et nous traçons maintenant les déchets pour être sûrs que nos efforts sont suivis d’effets dans les ports.»
Un programme d’investissement de 30M€
Stéphane Reiche met en exergue un programme d’investissement de 30M€ «qui nous permet d’équiper, d’ici 2024, pour la connexion électrique des ferries en direction de la Corse et du Maghreb, des bateaux de croisière et de la réparation navale. Les marchés de maîtrise d’ouvrage ont été lancés afin de passer de 10 à 50 mégawatts et nous réfléchissons à l’hydrogène comme énergie d’appoint». Jacques Hardelay indique pour sa part: «Nous avons mis en place une installation pour le rejet des eaux usées du chantier, elle fonctionne mais nous allons encore l’améliorer pour ne rejeter que des eaux retraitées. Et, à l’horizon 2023, nous aurons une connexion électrique sur nos chantier. Nous travaillons aussi avec l’administration française pour l’accueil de navires à propulsion au gaz ».
Michel CAIRE