Renan Mégy, candidat aux élections européennes sur la liste «Besoin d’Europe» (Renaissance, Modem, Horizons et Parti radical), conduite par Valérie Hayer, met en exergue, dans l’entretien qu’il nous a accordé, l’enjeu méditerranéen de cette élection.
Destimed : Jamais les élections européennes n’ont été aussi importantes, pourquoi selon vous ?
Renan Mégy : C’est vrai que l’Europe nous a apporté la paix, la prospérité et la croissance et qu’elle est aujourd’hui fragilisée par la guerre à ses portes avec des conséquences sur le pouvoir d’achat, notamment sur le prix de l’énergie. Dans de nombreux domaines, dont la défense et l’énergie, comme pour notre sécurité́, nous ne pouvons plus nous permettre de dépendre des autres. Nous devons prendre pleinement le contrôle de notre destin. L’enjeu est là, or, au moment où nous n’avons jamais autant eu besoin d’Europe des bataillons d’extrême droite risquent d’entrer au Parlement européen, d’avoir une minorité de blocage, eux avec qui nous ne partageons pas les mêmes valeurs, eux qui ne croient pas à l’Europe, eux qui ont des liens avec la Russie de Poutine.
Alors, il reste quelques jours pour permettre à nos concitoyens de mesurer que l’Europe c’est notre quotidien. Grâce à elle on rénove des logements, des hôpitaux, on crée des parkings relais, des pistes cyclables… Et c’est particulièrement vrai dans cette région Provence-Alpes-Côte d’Azur où la mobilisation est très forte et très efficace pour aller chercher des fonds européens. Je fais également partie de ceux qui pensent que nous avons besoin d’une France forte et pour cela il faut une Europe puissante car c’est l’Europe qui est à la table des puissants, la France seule ne sera pas autour de la table mais sur la table, au menu.
Dans cette campagne la dimension méditerranéenne, africaine, est quasiment absente. Est-elle secondaire ?
Certainement pas. Mais force est de constater que nombre de partis veulent réduire ces élections à une dimension nationale, électoraliste. Alors que la dimension méditerranéenne, africaine, est essentielle. Notamment sur les enjeux géo-stratégique, économique… En fait il faut bien mesurer que l’Europe du Sud est intrinsèquement lié à la rive Sud. C’est aussi un enjeu de régulation des flux migratoires légaux ou illégaux car la réussite du pacte asile et migration nécessite d’avoir une coopération avec tous les pays de la Méditerranée.
Mais, au-delà, n’y a-t-il pas un enjeu environnemental ?
Mais tout est lié. Oui, la Méditerranée est un espace essentiel pour répondre aux enjeux environnementaux. D’ailleurs, je rappelle qu’en 2025 Nice accueillera la troisième conférence des Nations Unies sur l’Océan conjointement organisée par les gouvernements de la France et du Costa Rica. Je rappelle à ce propos que l’Europe s’engage à restaurer 20% des espaces marins d’ici 2030 et 100% d’ici 2050. J’ajoute que la volonté d’en finir avec le plastique n’a aucun sens si elle ne concerne que l’Europe, c’est au niveau méditerranéen qu’une réponse pertinente se construira. Il en va de même pour la décarbonation des navires. Et là encore comment ne pas noter l’impact positif de la région Sud avec son escale zéro fumée. C’est clair que les climato-sceptiques d’extrême-droite ne poursuivront pas le travail entrepris en matière de protection des espaces marins, de recyclage du plastique, de décarbonation des transports. La Méditerranée est un territoire nécessaire pour répondre aux enjeux de transition. Et, évidemment, les crises dans la région méditerranéenne ont un impact sur l’Europe. Je pense notamment au conflit entre Israël et le Hamas occasion pour moi de condamner l’agression de l’organisation terroriste du Hamas et d’appeler de mes vœux un cessez-le-feu. Mais on le voit, le nombre d’enjeux qui concerne la Méditerranée forte de 250 millions d’habitants dont la moitié se trouve dans l’Union européenne, justifie la politique européenne de voisinage qui renforce la cohésion des régions.
N’est-il pas nécessaire d’aller plus loin encore avec la création d’une macro-région ?
Une macro-région permet de faciliter la coopération interrégionale entre régions de pays européens et régions voisines en permettant de disposer d’un cadre opérationnel pour faire face aux défis communs, notamment ceux liés à l’eau. Il y a d’ailleurs déjà des projets de dessalement de l’eau en Jordanie, d’amélioration de la production d’eau en Tunisie avec le soutien de la Banque Européenne d’Investissement. Un lien entre les deux rives qui s’est vu avec le soutien apporté au Maroc lors du séisme qu’il a eu à subir. Cette macro-région si nécessaire est notamment portée, côté France par Renaud Muselier, la région Sud, Carole Delga, la région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée ou encore la Région Corse. Ce serait un vrai plus pour cette Méditerranée, carrefour de civilisations et d’échanges.
Vous parlez de carrefour de civilisation, d’échanges… Que pensez-vous des propos tenus sur l’Algérie par LR sur leur compte X ?
Ce tweet qui a été condamné par une partie de LR fait des amalgames insupportables. Il ne m’appartient pas de commenter ce texte mais juste de dire que ce n’est pas avec la provocation que l’on construira l’avenir de l’espace méditerranéen et une diplomatie efficace. Alors que le gouvernement apaise les relations ce tweet relance les tensions là où nous avons besoin de travailler ensemble car on ne peut pas avoir une France forte, dans une Europe puissante si cela ne se conjugue pas dans des relations constructives avec ses voisins, avec l’espace méditerranéen.
Propos recueillis par Michel CAIRE