Publié le 5 octobre 2016 à 20h09 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h37
Toujours au cœur de l’actualité, le Club Ethic Eco vient de proposer un débat sur éthique et sécurité, avec le Commandant de la Gendarmerie pour la Zone Grand Sud et Caroline Pozmentier-Sportich, adjointe au maire de Marseille, vice-présidente de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur en charge de la Sécurité et de la prévention. En l’absence de Mohamed Laqhila, président du Conseil régional de l’Ordre des Experts-Comptables Marseille-Paca, c’est le commissaire aux comptes Farouk Boulbahri qui a présenté les enjeux du débat. Si, d’une part, il juge que, entre sécurité et éthique ainsi que liberté, des éléments s’opposent, il rappelle d’autre part que, pour l’intellectuel Ghaleb Bencheikh, la sécurité «est bonne pour soi et utile à tous». Avant de souligner que les commissaires aux comptes luttent, de par leur fonction «contre le blanchiment d’argent et contre l’intégrisme puisque nous sommes au cœur de l’information financière». Manuel Ibanez précise à son tour: «Nous, les commissaires aux comptes, adorons les normes. Et l’éthique est un rapport à la norme sociale. La question est de savoir quelle norme nous voulons et comment la sécuriser». Le général Galtier rappelle que la gendarmerie a 9 siècles d’existence: «Une institution qui déroule une aussi longue histoire doit bien apporter quelque chose». Et d’évoquer la prévention, la sécurité, des biens et des personnes ainsi que des entreprises. Il en vient au débat qui vise à opposer sécurité et liberté. Il fait alors sien les propos de Benjamin Franklin selon lequel: «Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux». Il ne cache pas que «certains, parfois, n’ont servi ni l’intérêt de l’État, ni celui de certains de nos concitoyens mais, notre institution a su passer le cap des siècles, notamment grâce au soutien de nos concitoyens». «L’éthique, ajoute-t-il, c’est aussi ce que l’on ne doit pas faire, éviter l’exercice d’un ordre manifestement illégal. Question complexe pour une institution qui place en premier l’obéissance. Que faire? C’est le premier qui reçoit l’ordre qui doit l’analyser, le transmettre ou non». Il avoue qu’en 37 ans de carrière il n’a jamais été confronté à un tel choix. C’est au tour de Caroline Pozmentier-Sportich d’intervenir, pour elle, la réalité d’une politique de sécurité se traduit dans le quotidien, sur le terrain. Elle explique: «Au cœur de mes compétences, il y a l’enjeu de sécurité et de prévention de la délinquance». Elle met l’accent sur le Centre de Supervision Urbain exploité 24h sur 24, en liaison avec la Police National, la gendarmerie et le Procureur. Elle insiste à ce propos sur la notion de coproduction. «Concernant la Région, précise-t-elle, le président Estrosi a mis en place une politique volontariste». Met en exergue: «Quand nous travaillons avec l’État nous pouvons faire des pas de géant». Elle raconte à ce propos l’action conduite avec le Comité de prévention de la délinquance. «Lorsque nous sommes ensemble avec le Préfet, le Rectorat, les polices nationales et locales pour rappeler à des jeunes, leurs parents, la norme, l’intérêt général, le lien social, les résultats sont là». Et de lancer: «L’éthique sans sécurité c’est chercher l’ordre social en vain. La sécurité sans éthique c’est ce contre quoi nous nous battons nous, qui partageons les valeurs de la République». Le Général Galtier reprend sur ce thème de la coproduction: «La sécurité est un monde global avec une pluralité d’acteurs. Nous nous retrouvons avec les collectivités pour avoir moins à réprimer. Nous nous retrouvons pour porter des valeurs communes, chacun étant dans ses attributions respectives». Farouk Boulbahri insiste sur un autre pilier du vivre ensemble, l’Éducation : «L’ignorance est trop présente auprès de la jeunesse en difficulté. C’est le terreau de la haine». Caroline Pozmentier-Sportich acquiesce: «Mais, il faut bien prendre conscience que l’éducation ne se réduit pas à l’école, il importe aussi d’agir sur la responsabilité sociale, notamment en aidant les plus démunis». Elle conclut en évoquant les nouvelles technologies : «Nous y faisons appel à Marseille, dans le respect du Droit. Nous travaillons ainsi à un big data de la sécurité publique permettant de croiser des données anonymes».
Michel CAIRE