Publié le 23 octobre 2016 à 23h20 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h45
Mohamed Laqhila, le président du Conseil Régional de l’Ordre des Experts Comptables Marseille Paca invite, ce lundi 24 octobre, à des regards croisés sur «Éthique & Finances » lors d’un déjeuner qui réunira Alain Lacroix, président du Directoire de la Caisse d’Épargne Provence-Alpes-Corse (Cepac), Patrick Le Camus, fondateur des Rencontres du Crowdfunding en Méditerranée et Mustapha Daidj, spécialiste de la Médiation des Cultures et des Civilisations. «C’est là un thème, indique Mohamed Laqhila, qui est au cœur de notre réflexion et que nous souhaitions aborder depuis la création de notre club tant, pour nos professions d’expert-comptable et de commissaire aux comptes, il ne peut y avoir d’affaire sans éthique; Et dire cela n’est pas que des mots, lorsque l’on ne respecte rien, s’assoit sur les réglementations, cela donne le crash des subprimes dont on a vu l’impact planétaire».
«Nous n’oublions, poursuit-il, que nous sommes dans un pays où un candidat à la présidentielle, élu depuis, avait déclaré que son adversaire c’était le monde de la finance. Mais c’est quoi la finance? Ce mot vient de l’ancien français finer qui signifie (mener à bien). La finance, dans son sens le plus réducteur, c’est le commerce de l’argent». Revient sur la rencontre : «Nous allons nous demander ce qu’il en est du lien entre éthique et finance; nous interroger sur ce qu’il en est de la finance éthique, la finance solidaire, le micro-crédit, tous ces concepts qui ont le vent en poupe». rappelant: «Dans les années 80 des étudiants américains ont fait pression pour que les sociétés américaines retirent leurs investissements de l’Afrique du Sud pour mettre fin à l’apartheid. Une action qui montre que nous sommes responsables de l’endroit où nous déposons notre argent. Si ma banque finance des sociétés d’armements ce qui est contraire à ma propre éthique, il est de mon devoir de retirer mon argent de cet établissement». Mais, précise-t-il, immédiatement: La question de la rentabilité de la finance éthique se pose. Des études, menées de 1990 à 2008 sur 14 sociétés remplissant tous les critères sociaux et les 500 plus grandes entreprises américaines montrent que le taux de croissance annuel des premières est de 8,4% alors que celui des secondes n’est que de 7,8%. Les études montrent également l’efficacité du micro-crédit, tant en Asie, qu’en Afrique ou en Amérique Latine». Il en vient à la finance islamique: «elle interdit l’usure, une thématique qui est présente dans les trois religions du Livre. La finance islamique se rémunère sur une participation aux bénéfices comme aux pertes. Attention tout n’est pas pour le mieux dans ce système: on ne peut que l’applaudir lorsqu’il aide des gens à sortir de la misère. En revanche, comment ne pas être critique lorsqu’il contribue à contraindre des femmes à rester travailler chez elle». Mohamed Laqhila note, enfin, que si la finance éthique n’occupe qu’une faible part du marché, sa croissance est certaine: «En 2007 un actif sur 8 géré aux États-Unis était considéré comme éthique. Et, s’il ne représente que 2 à 5% de la finance conventionnelle, elle vient de connaître une croissance de 13% aux États-Unis. Il y a une tendance au développement durable, à la responsabilité sociale, qui se retrouve dans la finance. Des avancées existent, il reste du chemin à faire lorsque l’on sait qu’en France la fraude représente la moitié du déficit annuel».
Michel CAIRE