Tout le monde ne connaît pas René Perrot, pourtant ses œuvres, notamment ses vastes tapisseries, ornent souvent les monuments nationaux ou nourrissent des collections privées. René Perrot a fait partie de ces jeunes artistes qui ont travaillé pour le Musée national des arts et traditions populaires, l’ancêtre du Mucem, ce dernier possède donc plusieurs centaines de ses œuvres.
Une trouvaille
Le Mucem n’a que 10 ans mais il est l’héritier du Musée national des arts et traditions populaires dont les collections, inscrites à l’inventaire, remontent à 1878. En travaillant sur le fonds arts graphiques, 400 œuvres de René Perrot ont été répertoriées. Pour une raison simple, l’artiste a fait partie de ces chantiers intellectuels où de jeunes architectes ou artistes étaient envoyés 4 ou 5 ans en mission pour dresser une photographie du monde rural sur le plan artisanal et architectural. « René Perrot appartenait au groupe d’artistes, il a croqué un monde en pleine mutation pendant la seconde guerre mondiale. A Cuze dans sa commune d’origine, puis dans les Pyrénées orientales », relève l’une des commissaires de l’exposition, Marie-Charlotte Calafat.
Artiste et ethnologue
René Perrot a été imprégné de cette vie paysanne avec ses traditions. Elle va influencer son travail artistique. « Il dessine ou peint un paysage culturel en train de se perdre avec la guerre et la révolution industrielle. Ses tableaux sont l’œuvre d’un artiste mais aussi d’un ethnographe qui traduit au plus près la vie telle qu’elle est », observe Marie-Charlotte Calafat. «Un monde appelé à disparaître».
Multiples techniques
Crayons, pastels, gouache, peinture, tapisserie, René Perrot a goûté à toutes les techniques comme pour mieux traduire la vie rurale qu’il voulait décrire. La vie et l’œuvre de René Perrot ont été profondément marquées par les deux guerres mondiales. Il est profondément pacifiste et l’après-guerre ne lui laisse espérer rien de bon. Il va progressivement se laisser guider par la nature.
Disparition de la figure humaine
Profondément marqué par les horreurs de la guerre et parfois la noirceur de l’âme humaine, René Perrot gomme toute trace de figure humaine dans les années 50. Il se nourrit, du minéral, du végétal. L’animal aura aussi une grande place dans ces tapisseries avec notamment le hibou en hommage à la petite chouette qu’il avait recueillie.
« C’est une reconnaissance »
Fille et petit-fils étaient présents pour l’inauguration de l’exposition. Pour Sylvie Poujade-Perrot, « c’est une reconnaissance pour les jeunes générations, une relecture de l’œuvre de mon père. Quand je vois un tableau ici, je le revois en train de le dessiner ». Blaise, son petit-fils, estime que son grand-père a eu « un vrai succès de son vivant. Les modes changent, les modes tournent aujourd’hui on revient à plus de poésie, de choses chatoyantes, on porte un regard peut-être moins conservateur sur ce qu’on va appeler la tradition ».
Reportage Joël BARCY
L’exposition « Mon pauvre cœur est un hibou » se tient jusqu’au 30 mars 2024 au Mucem.