Publié le 5 juillet 2017 à 1h02 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 16h56
Après 2010 et 2013 où il incarnait Leporello et 2012 où il était le Figaro des «Noces», Kyle Ketelsen retrouve le Festival d’Aix-en-Provence pour être Nick Shadow dans la production de «The Rake’s progress», dernier chapitre du cycle Stravinski débuté ici en 2014. Détendu, souriant, le baryton basse américain se prête volontiers au jeu des questions-réponses, persévérant et mettant un point d’honneur à répondre en français. Lorsqu’on lui demande, au regard de la fréquence de ses engagements au Festival, s’il ne veut pas acheter une maison à Aix-en-Provence, il éclate de rire : « C’est trop cher…», dit-il, avant de rajouter : «Mais c’est un plaisir de venir ici car ça permet à ma famille de me rejoindre pour passer des vacances. Ma fille de quatorze ans peut alors éprouver son français sur les petits marchés ainsi qu’au restaurant et mon épouse déguster le vin rosé qu’elle adore… Avec modération ! Moi je préfère le rouge.» Pour la deuxième fois de sa carrière, Kyle Ketelsen embrasse le rôle du serviteur démoniaque, Nick Shadow, dans «The Rake’s progress ». La première fois c’était en 2010 au Covent Garden. «J’ai attendu de totaliser treize ans de carrière pour prendre ce rôle, confie-t-il. Ce n’est pas un personnage pour débutant. En fait, il est semblable à Méphistophélès; et si celui de Boito est plus dramatique, ici il y a des choses comiques. Mais finalement c’est très sérieux, c’est l’âme d’un humain qui est en jeu…» Cette production du «Rake’s progress » est aussi marquée par le fait qu’elle est le troisième opéra mis en scène par Simon McBurney. «Je le connais par son travail au cinéma, nous dit Kyle Ketelsen, et c’est intéressant de le retrouver ici comme metteur en scène. Il est très particulier dans cette fonction et la façon dont il construit les relations entre les personnages est très forte. Pendant les deux premières semaines de travail, là où d’autres auraient alterné lectures du texte et scénographie, lui a mis en place une langue commune pour expliquer les mouvements et les attitudes entre nous. Nous avons joué le théâtre sans musique, beaucoup travaillé les mouvements et les déplacements et à chaque séance les choses étaient modifiées, non pas pour le plaisir de modifier, mais pour faire progresser l’ensemble, pour avancer. Lorsque la répétition avec piano a eu lieu, c’était un vrai cadeau, une récompense pour tout le travail effectué.» Les festivaliers se souviennent de la prestation de Kyle Ketelsen dans le Don Giovanni de Dmitri Tcherniakov en 2010 et 2013. Lui aussi s’en souvient… «Je suis très heureux lorsque je travaille avec Dmitri ; et même si parfois il me rend fou, il me fait évoluer dans mon jeu d’acteur. C’est un maniaque du détail, un peu comme Simon McBurney.» Le baryton américain aurait aussi pu intégrer la production de «Carmen» au Grand Théâtre de Provence… «Mais devenir Escamillo pour la 151e fois m’intéressait moins que de participer au Rake’s.» Le bon choix ? Réponse dans quelques heures après la première de l’opéra de Stravinski au théâtre de l’Archevêché.
Michel EGEA
«The Rake’s Progress» d’Igor Stravinski. Directeur musical : Eivind Gullberg Jensen ; metteur en scène : Simon McBurney ; avec Julia Bullock, Paul Appleby, Kyle Ketelsen, David Pittsinger, Hilary Summers, Andrew Watts, Alan Oke, Evan Hughes, English Voices et l’Orchestre de Paris. Au Théâtre de l’Archevêché les 5, 7, 11, 14 et 18 juillet à 22 heures. Réservations à La Boutique du Festival, Palais de l’Ancien Archevêché, Tél. 08 20 922 923 (12 cts/mn) festival-aix.com