Publié le 12 juillet 2016 à 19h58 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h29
Disposant d’une nouvelle carte blanche cette saison au festival d’Aix-en-Provence, le violoncelliste français Jean-Guihen Queyras a débuté, lundi 11 juillet, ces mélodieux travaux d’Hercule liés à cette invitation exceptionnelle. C’était au cœur de l’auditorium du Conservatoire Darius Milhaud où, en compagnie d’Alexander Melnikov, étaient données les sonates pour violoncelle et piano n° 3, 4 et 5 de Beethoven. Des œuvres que les deux musiciens connaissent bien puisqu’ils en ont enregistré l’intégrale, il y a quelques mois déjà, un double CD étant paru chez Harmonia Mundi à l’automne 2014. Et s’ils connaissent bien ces œuvres, les deux hommes se connaissent bien aussi et travaillent régulièrement ensemble. Dès lors, en osmose parfaite, ils vont livrer les trois sonates choisies avec passion et talent. Une leçon d’interprétation, en fait, avec une extrême attention de l’un pour l’autre, et réciproquement, une précision d’horloge helvétique, un son hypnotique et des couleurs bien présentes, même si pour les n° 4 et 5 c’est le gris qui domine. Car les deux sonates sont composées en 1815 par un Beethoven malade, en proie à des problèmes financiers et proche du suicide. Et c’est un sombre et complexe dialogue qui s’installe entre le violoncelle et le piano, les mouvements lents, presque apaisés, succédant aux puissants excès fiévreux. Plus enjouée, la sonate n° 3, composée en 1808, est un lumineux sommet de musique de chambre dont les couleurs et les nuances furent magnifiées par Jean-Guihen Queyras et Alexander Melnikov. Et après cette partie très «germanique» et rigoureuse, c’est avec Debussy et le prologue de sa sonate pour violoncelle et piano, l’une des dernières œuvres composées par le musicien, donné en bis, que s’achevait ce concert. Un autre registre, d’autres couleurs, un grand moment pour le violoncelle… Debussy allait être rattrapé par la maladie et s’éteindre moins de trois ans plus tard n’écrivant que peu de pièces après cette sonate.
Michel EGEA
La carte blanche à Jean-Guihen Queyras se poursuit par deux concerts du quatuor Arcanto (Weithaas, Sepec, Zimmerman, Queyras) les 14 et 15 juillet à 20 heures au Conservatoire Darius Milhaud et par un concert avec une création mondiale de Gilbert Amy, « Le poète inachevé », cycle pour voix et violoncelle, donné par Marc Mauillon et Jean Guihen Queyras le 19 juillet, toujours à 20 heures et toujours au conservatoire Darius Milhaud. Renseignements et réservations à la boutique du Festival, Palais de l’Ancien Archevêché, Place des martyrs de la résistance 13100 Aix-en-Provence. Tél. : 0 820 922 923 (12 cts/min.) et sur la billetterie en ligne festival-aix.com.