Publié le 21 juillet 2016 à 18h51 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h30
L’édition 2016 du Festival d’Aix-en-Provence s’est refermée mercredi soir au Grand Théâtre de Provence avec les dernières notes de «Till l’Espiègle» de Richard Strauss jouées par l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée. 89 instrumentistes issus d’une trentaine de pays du bassin qui, en quelques jours de travail intense sous la direction des musiciens formateurs du London Symphony Orchestra et de Quentin Hindley, chef assistant, ont trouvé cohésion et son pour offrir un programme abouti sous la baguette de Marko Letonja, le chef slovène qui les dirigeait pour la première fois cette année. Une première collaboration qui, à en croire les bruits de coulisses, fut des plus heureuses et des plus fructueuses, les jeunes musiciens plébiscitant, semble-t-il, leur maestro. Ce concert de fin de résidence, le premier d’une tournée de quatre, débutait par une pièce contemporaine de Vito Zuraj, véritable exploration virtuose de tous les pupitres donnée avec précision et concentration ; mention aux percussions omniprésentes et rigoureuses.
Suivaient les «Chants et danses de la mort» de Moussorgski, orchestrés en 1962 par Chostakovitch. C’est la mezzo Aude Extrémo qui avait en charge la partie vocale qu’elle a parfaitement maîtrisée avec sa voix ample, directe et puissante. Après la pause, c’est la symphonie n°9 de Chostakovitch qui était au programme, une œuvre qui célèbre avec légèreté la fin de la deuxième guerre mondiale. L’interprétation de l’OJM fut des plus agréables, très colorée et mettant en valeur la richesse des cordes. Quant à la richesse des vents, c’est avec «Till l’espiègle» de Richard Strauss qu’elle allait être mise en valeur. Ici aussi, le travail de Marko Letonja qui a parfaitement tenu l’ensemble, est à souligner. Le Festival d’Aix s’est donc achevé sous les applaudissements nourris d’un public conquis. De quoi satisfaire Bernard Foccroulle, le directeur qui, il y a maintenant quelques années, a accepté de prendre cet orchestre dans le giron du Festival et d’Émilie Delorme, directrice de l’Académie du Festival d’Aix au sein de laquelle est «hébergé» l’OJM, dont on lira ci-dessous l’interview.
Michel EGEA
Émilie Delorme : «accompagner les jeunes vers leur avenir professionnel »
En 2014, le Festival d’Aix-en-Provence accepte d’accueillir l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée au sein de son Académie. C’est une nouvelle vie qui débute alors pour cette structure créée en 1984 sous l’égide du Conseil régional et du ministère de la culture. Rapidement, Bernard Foccroulle, veut intégrer l’OJM comme l’un des éléments clefs de l’ouverture du Festival sur la Méditerranée. Et c’est Émilie Delorme, la directrice de l’Académie, qui a être la cheville ouvrière de cette intégration. «Cette année, nous confie-t-elle, «nous avons pu développer trois programme pour les jeunes musiciens. Le premier c’est la session symphonique qui débouche sur quatre concerts, ici au Grand Théâtre de Provence, le lendemain à Marseille, au théâtre de La Criée puis en tournée aux festivals de Zadar et Ljubljana, notre volonté étant de faire jouer l’orchestre, ambassadeur du Festival d’Aix, dans les pays du bassin méditerranéen. Mais au-delà de la pratique musicale, cette année, nous avons développé de nombreux ateliers depuis la posture du musicien pour éviter les problèmes physiques jusqu’à l’improvisation et la technique créative».
«Le deuxième programme, poursuit-elle, c’est la session de création interculturelle placée sous la responsabilité de Raphaël Imbert. 12 jeunes musiciens improvisateurs ont la charge de réaliser une création collective et, depuis 2010, cette session est ouverte sur la médiation. Nous avons développé un partenariat avec La Savine à Marseille où nous invitons le public a participer soit par la pratique musicale, soit par l’écoute. Cette session débouche sur trois concerts, un à Aix, un à Marseille et un à Milan. Enfin il y a la session de formation Médinea pour accompagner les porteurs de projets et qui débouche sur des créations interculturelles. Cette année c’était « Cairo jazz station » et « Ziryâb et nous ». Il y a la création artistique, bien entendu, mais aussi tout ce qui tourne autour de entrepreneuriat culturel, la promotion et la vente des projets, notamment. Par ces actions, nous voulons accompagner les jeunes artistes vers leur avenir professionnel.»
Propos recueillis par M.E.