En 1984, l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée (OJM) était créé sous l’égide de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et du ministère de la culture et de la communication. Pour Michel Pezet, alors Président du Conseil Régional, et Michel Tabachnik, chef d’orchestre, c’était l’aboutissement d’un long travail visant, notamment, à l’épanouissement et à l’union de la jeunesse par le biais de la culture.
40 ans plus tard, et après avoir intégré en 2014 le Festival d’Aix-en-Provence, l’OJM poursuit sa route avec des valeurs préservées que sont la formation professionnelle des jeunes musiciens ainsi que le partage, les échanges et l’ouverture sur les cultures des pays du bassin méditerranéen. « Il y a 40 ans de nombreux orchestres de jeunes ont vu le jour un peu partout et principalement en Europe, confie Pauline Chaigne, directrice adjointe, depuis 2020, de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée et de la programmation Méditerranée du Festival d’Aix-en-Provence. Il y avait à ce moment là une volonté de valoriser le métier de musicien d’orchestre et de donner aux jeunes instrumentistes la possibilité d’acquérir des réflexes professionnels tout en les conseillant et en les guidant sur les chemins qui mènent au marché du travail. Par ailleurs, concernant l’OJM il est évident qu’il existait une volonté politique de renforcer les liens et développer la coopération de la région provençale avec ses voisins. Il y avait aussi, et surtout, l’ambition d’imaginer le bassin méditerranéen comme un tout relié par les cultures qui s’y épanouissent. Ces piliers fondateurs sont toujours valides et il est plus que jamais nécessaire de les préserver. »
Relever les défis et surpasser la géopolitique
En 40 ans, l’OJM n’a eu de cesse de relever des défis ; il a fallu adapter les formations aux demandes professionnelles qui ont évolué, notamment le développement de la médiation, la diversification des métiers ; il a été nécessaire, souvent, de surmonter les contraintes administratives afin de pouvoir accueillir des participants issus d’une vingtaine de pays bordant le bassin. Enfin, et ce n’était pas le moindre des défis à relever, Il a fallu gérer les difficultés financières… L’intégration au sein de l’Académie du Festival d’Aix-en-Provence a été l’un des moments clés de la vie de l’orchestre qui rejoignait ainsi en 2014 une structure professionnelle solide et pérenne.
Lorsqu’on évoque avec Pauline Chaigne la cohabitation d’instrumentistes de nationalités diverses et, parfois, antagonistes ainsi que d’éventuelles tensions elle répond tout de go : « Le temps d’une session, ces tensions sont peu exprimées par les artistes mais le sont plus autour d’eux… En fait ils sont passionnés et animés par l’envie de jouer ensemble. Ils passent facilement outre les problématiques géopolitiques. Majoritairement, ils savent faire preuve d’une grande amitié les uns pour les autres. Mais le conflit actuel au Moyen-Orient fait que la priorité n’est pas nécessairement la musique pour des jeunes palestiniens et israéliens cette année par exemple.»
Symphonique et traditionnel
Des candidatures qui sont soumises chaque année par les conservatoires des nations désirant faire participer des élèves à la session symphonique et qui font l’objet d’auditions avant sélection. Ils seront 82 instrumentistes réunis dans quelques jours pour travailler sous la direction de Evan Rogister qui succède à Duncan Ward. «Comme les années précédentes, chaque pupitre de l’orchestre sera soutenu par des musiciens du London Symphony Orchestra. Mais il n’y a pas que la session symphonique, indique Pauline Chaigne. Nous avons développé depuis quelques années, sous la direction de Fabrizio Cassol, une session de composition collective, précédemment appelée Session Médinea, qui réunit des artistes pour un travail de création collective nourri par l’oralité et la mémorisation qui sont des modes de transmission historiques de la musique dans nombre de pays du bassin méditerranéen. Ils seront 15 cette année, tous anciens participants aux précédentes sessions, qui proposeront, entre autres animations, un concert de clôture où les cinq grandes influences culturelles et musicales méditerranéennes seront représentées. Par ailleurs la collaboration avec « Passerelles » se poursuit avec l’intervention de musiciens de l’OJM au sein d’atelier destinés à des publics de tous horizons pris en charge par les services éducatif et socio-artistique du Festival.»
A Londres après Marseille et Aix-en-Provence
Le 40e anniversaire sera marqué par une ouverture à l’international avec un concert de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée à Londres, le 27 juillet prochain dans le cadre du « Summer of Love ». « Ce concert arrivera après ceux donnés à Marseille, le 19 juillet et à Aix-en-Provence le lendemain. C’est une première en Grande-Bretagne qui vient récompenser la progression du niveau d’ensemble de l’OJM ces cinq dernières années», se plait à souligner Pauline Chaigne. Un excellent niveau artistique doublé, et c’est essentiel, de la volonté des participants de constituer un orchestre qui va bien au-delà de la géopolitique. Quarante ans après, la musique demeure le ciment de l’union et de l’ouverture à l’autre : la réalité artistique rejoint encore le symbole. Une lueur d’espoir dans les ténèbres d’un monde vacillant ? C’est à souhaiter.
Michel EGEA
Le programme « méditerranéen » du Festival
Samedi 22 juin
En soirée concert final de la résidence créative OJM/Passerelles (Espaces publics) – Jawa Manla – Distant Roots, à 21 heures, Hôtel Maynier d’Oppède (dans le cadre d’Aix-en-Juin, concert gratuit, jazz et Méditerranée).
Mercredi 10 juillet
Hiromi – Sonicwonder, à 20 heures, Grand Théâtre de Provence (jazz-fusion).
Vendredi 12 juillet
Orchestre des Jeunes de la Méditerranée (15 musiciens Medinea) -Compositions collectives en célébration des 40 ans de l’OJM. Direction artistique : Fabrizio Cassol à 20 heures, Conservatoire Darius Milhaud.
Vendredi 19 juillet
Kinan Azmeh’s City Band, à 21 heures, Hôtel Maynier d’Oppède (Jazz et Méditerranée).
Samedi 20 juillet
Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, concert anniversaire des 40 ans de l’OJM, session symphonique; direction musicale : Evan Rogister. A 20 heures, Grand Théâtre de Provence.
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