Festival de Cannes. On a vu « The Apprentice », un biopic sur Donald Trump mais pas que…

« Attaquer, ne jamais reconnaître ses erreurs, toujours revendiquer la victoire ». C’est le triptyque sur lequel s’est construit le jeune Trump grâce au très cynique Roy Cohn, avocat véreux et mentor du futur président des États-Unis. Le candidat à la présidence a gardé ces règles en mémoire.

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Maria Bakalova (Ivana) Ali Abbasi (réalisateur) Sebastian Stan (Donald Trump) © Joël Barcy

 

 « Attaquer, attaquer, attaquer »

Voici les premiers conseils de Roy Cohn (Jeremy Strong), avocat et pilier du Maccarthisme. Il prend le jeune Trump sous son aile quand l’empire de papa commence à prendre l’eau. Le biopic raconte avec humour et sarcasme l’ascension du personnage Trump. Le jeune premier, un peu timide, va récupérer les loyers de son père dans les taudis du Trump village à Coney Island dans Brooklyn qu’il loue le triple du prix. Mais il rêve de faire mieux que papa et veut devenir un magnat de l’immobilier. Il se souviendra des mots de son mentor.

L’élève échappe à son créateur

 Rapidement, le jeune Donald Trump gagne en confiance, 42e rue à New York, Atlantic City, il investit malgré une somme d’avis défavorables. « Dans la vie, il y a deux types de personnes : les tueurs et les loosers », clame-t-il devant sa future épouse, Ivana Trump (Maria Bakalova). Surenchère, vantardise, arrogance, l’élève dépasse progressivement son créateur voire l’ignore.  La fameuse Trump Tower où des personnalités ont investi est l’emblème de cette puissance.

L’un grossit, l’autre périt

La puissance se traduit physiquement. Tandis que Trump se fait liposucer le ventre et poser des implants capillaires, son avocat, atteint du sida, maigrit à vue d’œil. Dernier affront, son ami Trump lui offre des boutons de manchettes entourés diamants avant de mourir. Du zirconium lui dira Ivana qui divorcera quelques années plus tard de Donald Trump. La mante religieuse a avalé son géniteur.

Beau duo d’acteurs

Sebastian Stan (Donald) incarne superbement Trump. « J’ai vécu avec lui 24h/24 et 7/7j avant le tournage », dévoile-t-il. Le réalisateur Ali Abbasi salue aussi sa prestation: « Il y avait mille façons de jouer Trump. Pour la plupart des gens c’est impossible d’incarner cela. Sebastian l’a fait». Jérémy Strong (Roy Cohn) a aussi absorbé cette omnipuissance de l’avocat véreux, capable des tous les coups tordus pour parvenir à ses fins. Puis la maladie arrive et il n’est plus que l’ombre de lui-même, mange dans la main de Donald.

Au-delà du biopic

« Ce n’est pas un film sur Donald Trump, indique le réalisateur en conférence de presse, mais sur un système et son fonctionnement. Les hommes puissants utilisent le système. On pense qu’il y a une division importante entre conservateurs et libéraux mais c’est une fantaisie car ils ont fréquenté les mêmes écoles. Il y a juste deux partis politiques, les gagnants et les perdants ». D’ailleurs dans le film Cohn use d’un langage fleuri pour décrire sa vision du monde, « tout le monde veut sucer un gagnant ».

Pessimisme

« Depuis 5 ou 6 ans, mon optimisme concernant le monde a été terni », confie Ali Abbasi . « Je suis frustré pour mes collègues et moi-même. On est trop introspectifs. On ne regarde plus le monde extérieur. Il faut savoir s’il nous concerne ou ne nous concerne pas ».

Plainte pour diffamation

Les proches du candidat Trump veulent porter plainte pour diffamation, bien que le film ne soit pas encore sorti aux États-Unis. « Cette merde est de la fiction, c’est une ingérence de la part des élites hollywoodiennes dans l’élection qui arrive, parce qu’ils savent que le président Trump reviendra ». La consigne de son mentor est toujours d’actualité « se défendre en attaquant, nier la vérité ».

Joël BARCY

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