Paolo Sorrentino n’était pas revenu à Cannes depuis 2015. Avec « Pathenope », l’ancien nom de Naples, Il signe une allégorie de sa ville fétiche. L’esthétique peut être jugée vaine ou éblouissante.
Un destin parallèle
Sous le soleil de la Méditerranée, « Parthenope » conte le destin, des années 1950 à nos jours, d’une femme dont la beauté l’apparente à une déesse ( Celeste Dalla Porta). Chaque minute du film fait des parallèles entre le personnage, Parthenope et la ville, Naples. Il embrasse ses charmes et ses drames : le soleil, la mer, le foot, la religion, la richesse, la séduction, la pauvreté, la mafia… Paolo Sorrentino évoque l’ambivalence des Napolitains vis-à-vis de leur ville, « ils ont souvent cette volonté constante de fuir Naples, surtout les jeunes. Elle ne représente que peu d’intérêt pour eux et puis, arrivés à l’âge adulte, ils lui confèrent une importance ». Ce conte utilise l’allégorie féminine pour raconter cette histoire.
« Une femme libre qui ne juge pas »
« Parthenope est l’incarnation de la liberté », commente Celeste Dalla Porta. « C’est un personnage qui a un grand sens de la liberté. Elle ne juge pas les autres, ni la situation. C’est une liberté unique. Je me suis laissée aller pour incarner cela ». « Elle est à l’image de Naples », complète le réalisateur, « libre et sans à priori ». Belle, mais aussi et mystérieuse. On traverse ainsi un demi-siècle où on suit l’évolution de cette femme désirée mais qui succombe que rarement aux charmes de ses prétendants multiples. Elle s’imagine actrice puis est attirée par la philosophie et l’anthropologie. Elle finit par choisir une carrière universitaire sans jouer sur sa sublime image. La jeunesse est rentrée dans le rang
Entre beauté et vacuité
La mer, le soleil on se laisse porter par l’esthétique des plans, la plastique de l’héroïne, ses mystères. L’allégorie de la femme pour personnifier Naples est intéressante mais elle se résume trop à un face à face de Parthenope avec la caméra. Au final cela laisse un sentiment de vacuité. Naples peut-elle se résumer à une jeune déesse éprise de liberté, confrontée à des événements mais qui finalement suit une route bien classique. Gary Oldman qui incarne un écrivain alcoolique dans le film décrivait le malaise de la jeunesse, « On a un pied dans le passé et un pied dans le futur mais pardonnez-moi l’expression, on urine sur le présent». Parthenope, elle, ne laisse pas nous interroger.
Joël BARCY