Festival de La Roque d’Anthéron : Beethoven, Chopin, Mozart célébrés lors de trois nuits du piano

Publié le 12 août 2016 à  23h11 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h33

Abdel Raman El Bacha (Photo Samuel Cortès)
Abdel Raman El Bacha (Photo Samuel Cortès)
Benjamin Grosvenor (Photo Samuel Cortès)
Benjamin Grosvenor (Photo Samuel Cortès)

Il est de tradition à la Roque d’Anthéron de proposer des grandes soirées pianistiques où sont honorés des génies de la musique. Ainsi Beethoven le 6 août, Chopin, le 9 août, et Mozart, le 11 août furent mis à l’honneur. De façon enthousiaste, reconnaissons-le, des fortunes diverses bien entendu et, des concerts contrastés évidemment. Le tout sous la férule d’un seul orchestre : le Sinfonia Varsovia, et deux chefs le très sobre Barry Douglas et le bondissant Aziz Shokhakimov.
Beethoven d’abord : Au programme une symphonie, la 2e dirigée par Barry Douglas de manière très intériorisée par un Barry Douglas impeccable et concerné. On le sait le Sinfonia Varsovia n’est pas le plus grand orchestre du monde, mais c’est tout de même une excellente formation, rigoureuse et qui s’investit beaucoup à La Roque, année après année. Deux concertos également donnés par deux pointures internationales du piano, deux artistes inouïs de profondeur qui ont ému le Parc Florans. Benjamin Grosvenor a ouvert avec le Concerto n° 1 auquel il a donné des couleurs mozartiennes, usant de poésie, et d’intelligence, inventant sans cesse, le chef Barry Douglas l’accompagnant de la manière la plus harmonieuse possible. Ce dernier s’installant au clavier pour jouer et diriger de façon moins éclatante mais très sérieuse le Concerto n° 3 avec un dernier mouvement donné avec ampleur. Puis, grand moment, l’exceptionnel Abdel Rahman el Bacha, beethovénien dans l’âme offrait un Concerto n° 4 d’une beauté solaire. La musique des étoiles en quelque sorte saluée avec émotion par tout le public.
Seong-Jin Cho (Photo Christophe Grémiot)
Seong-Jin Cho (Photo Christophe Grémiot)

Chopin ensuite : Et pour ouvrir cette soirée dirigée par Aziz Shokhakimov, la 4e symphonie de…. Mendelssohn. Surprenant mais pourquoi pas après tout ! Le problème a résidé dans la manière dont elle fut interprétée et, dans la volonté d’appuyer les effets et de ne pas réussir à lier tous les pupitres. Ajoutons deux morceaux de …Mozart, (deuxième surprise) puis Chopin quand même ! Le Concerto n° 2 de Chopin montrera la finesse de jeu du pianiste Charles Richard-Hamelin, dont hélas la performance sera quelque peu amputée de sa valeur par le manque de dialogue avec le chef, celui-ci étant responsable d’ailleurs du manque de liant. En dernière partie cela s’arrangera avec le Concerto n° 1 où au piano le prodige Seong-Jin Cho fera entendre toute l’allégresse du premier mouvement, l’ambiance romantique du deuxième et l’ampleur du Rondo concluant l’œuvre. Et qui achèvera une soirée contrastée mais d’excellente facture.
Anne Queffélec et Franck Braley (Photo Maud Delaflotte)
Anne Queffélec et Franck Braley (Photo Maud Delaflotte)

Mozart enfin : avec au programme uniquement du… Mozart. La Symphonie Haffner donnée avec élégance par le Sinfonia Varsovia et son chef Aziz Shokhakimov, plus sobre, plus retenu, plus évident. Frank Braley, souvent complice de Renaud Capuçon dans Beethoven donnera un Concerto n° 9 dit «Jeunehomme » de façon assez virtuose, mais sans toujours beaucoup de respiration entre les morceaux. Après la première partie Anne Queffélec, excellente mozartienne, interprètera le Concerto n° 27 avec le souci constant de montrer l’aspect bigarré de l’œuvre où se mêlent allégresse et gravité. Puis, Frank Braley la rejoindra pour donner ensemble le Concerto pour deux pianos n° 10 qui s’impose comme un moment de poésie où les instruments se répondent un peu à la manière de héros d’opéra, les instruments de l’orchestre colorant la conversation des claviers. Un beau moment a conclu la soirée, -et le lieu magique qu’est le Parc Florans s’y prêtait- par «Le jardin féérique» de Ravel extrait de « Ma mère l’Oye », que joueront les deux pianistes avec une grande élégance. Une belle soirée de fait ! Une nuit très mozartienne en fait !
Jean-Rémi BARLAND

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