Festival de La Roque-d’Anthéron: L’Orchestre de Marseille dans une divine nuit de piano aux couleurs américaines. Et, Kantorow au sommet

Publié le 30 juillet 2019 à  9h03 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  12h06

Nuit Américaine à La Roque-d’Anthéron  © Christophe GREMIOT
Nuit Américaine à La Roque-d’Anthéron © Christophe GREMIOT

Nuit de piano à la Roque. Et pas Nuit de Chine comme le signalait la chanson, mais Nuit américaine proposée par l’Orchestre philharmonique de Marseille et David Kadouch, puis Plamena Mangova, les deux pianistes invités. Pour deux chefs aussi, remplaçant Lawrence Foster, contraint d’annuler sa présence au Parc Florans, pour des raisons de santé. Pour commencer Néstor Bayona qui n’est autre que l’assistant de Foster s’attaquait avec panache à la Symphonie n°1 de Bernstein. Intitulée «Jeremiah» offrant dans le mouvement «Lamentation» une partie chantée par la mezzo-soprano Marie-Ange Todorovitch cette œuvre se signale elle aussi, comme toutes celles proposées durant la soirée par ses changements de rythmes et de couleurs. De la belle ouvrage pas spécialement éclatante mais solide, appliquée. Les choses se sont gâtées avec l’arrivée au piano de David Kadouch s’installant ensuite au piano pour interpréter le «Concerto pour piano et orchestre en fa majeur» de Gershwin. Mal accordé avec le soliste, l’orchestre en raison des manques des décisions de son chef isolait Kadouch, très en difficulté alors. Les choses s’arrangeaient quelque peu enfin avec le rappel durant lequel la chanteuse lyrique le rejoignait dans une version subtile du «Summertime» de Gershwin. Bonheur à tous les étages, au contraire, standing-ovation pour Mihhail Gerts, le chef letton qui terminait le programme de cette nuit de piano consacrée à la musique américaine. Intense la «Rhapsody in blue» de Gershwin interprétée avec l’Orchestre de Marseille par le chef Mihhail Gerts, et la pianiste Plamena Mangova, qui est souvent l’invitée de La Roque, faisait passer le frisson. Après un départ un peu difficile, les instruments couvrant le piano, la virtuose bulgare multipliait les développés de formes. C’était beau, précis et le rappel consacré à deux danses argentines de Ginastera confirmait la puissance et l’élégance de la pianiste. Puis la suite symphonique «On the Waterfront» et les danses symphoniques de «West Side Story» toutes signées Bernstein mêlaient scherzo, mambo, rumble, adagio, andante dans l’esprit festif voulu par la partition. Le chef faisait là encore le show et on s’est dit alors le dernier morceau joué que décidément que cette Nuit de piano consacrée à la musique américaine brillait de mille étoiles. La veille Mihhail Gerts, le Philharmonique de Marseille et le pianiste Adam Laloum s’étaient surpassé dans du Mozart, Schumann et Strauss. Superbe

Un génie nommé Kantorow

Il n’a que 21 ans, il a la même professeur que Lucas Debargue et comme lui, c’est un génie du piano. Alexandre Kantorow aura vraiment marqué les esprits en donnant une Sonate n° 1 de Rachmaninov qui loin du clinquant habituel enrobant l’œuvre se faisait œuvre romantique avec ces accents proches de Chopin. Sonate n° 2 de Beethoven, nocturne de Fauré, Oiseau de feu de Stravisnky, le pianiste multipliait alors les moments magiques. Une étoile du piano en fait qui en comptait déjà beaucoup avec cette nuit américaine.
Jean-Rémi BARLAND

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