Publié le 20 avril 2014 à 14h23 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h48
C’est un programme surprenant qui a été concocté pour le festival par Ludovic Morlot, le directeur musical de l’Orchestre symphonique de La Monnaie, l’opéra de Bruxelles. A une première partie de haute spiritualité à succédé un joyeux moment au cours duquel les temps de la valse sont venus égayer un théâtre où, depuis le début de la semaine, la
Passion de Bach et les symphonie nous rappelaient notre condition de mortels.
Ça faisait quelques années que les musiciens du théâtre de la Monnaie n’avaient pas mis le nez hors des frontières de leur Belgique. Six ans, peut-être, le temps de redonner du brillant à cette phalange. Principal artisan du renouveau, le jeune directeur musical français Ludovic Morlot, qui se partage entre Seattle, où il vit et dirige, et Bruxelles, depuis 2012. Un renouveau illustré par le recrutement il y a quelques mois de la marseillaise Saténik Khourdoian comme premier violon solo.
Alors, cette première escapade loin de la grand-place, fut très suivie, samedi soir, au Grand Théâtre de Provence. Au programme, « Trois petites liturgies de la présence divine » de Messiaen puis le « Burlesque pour piano et orchestre » et la « Grande suite du Chevalier à la rose » de Richard Strauss. Un grand écart entre une composition de haute teneur spirituelle et deux autres plus légères sur le fond. Car sur la forme, Ludovic Morlot n’a pas fait dans la facilité. Mais il connaît tous les chemins où il peut emmener ses musiciens.
Messiaen, donc, en première partie. Entre le charme désuet des ondes Martenot jouées par Cynthia Millar (nul doute que de nombreux jeunes ont découvert cet instrument aux sonorités si particulières) le piano omniprésent de Bertrand Chamayou, les grand tutti de cordes, denses et précis, Dieu est donc partout. Et nous donne l’occasion, une fois de plus, d’apprécier une composition savante, certes, mais aussi accessible, née dans l’esprit de Messiaen. Ludovic Morlot dirige avec passion et a la grande chance de bénéficier d’un superbe chœur d’adolescentes, le jeune chœur de la Monnaie baptisé «La Choraline». Un ensemble idéalement préparé par Benoît Giaux, aux voix précises, complémentaires et très présentes. Des interprètes qui nous ont permis d’apprécier cette œuvre aujourd’hui peu donnée.
Après l’entracte, place à Richard Strauss. Et ce Burlesque, pour débuter, avec un Bertrand Chamayou en pleine forme. Et il faut l’être pour donner cette œuvre qui, pour être de jeunesse, présente des difficultés tout au long de l’interprétation, exigeant concentration et virtuosité.
Chamayou s’en est parfaitement tiré, avec à son côté un orchestre brillant et une direction attentionnée de Ludovic Morlot.
De brillant, l’orchestre allait devenir lumineux pour la grande suite du Chevalier à la Rose, qui donnait l’occasion à tous les pupitres de mettre en avant leurs qualités. Quant aux cordes, sollicitées par les temps de la valse, colorées et chaleureuses, elles ont longtemps résonné dans les têtes. Et là aussi, le directeur musical a usé d’une large palette de sonorités avec bonheur. Deux bis plus tard, les auditeurs, heureux, quittaient la salle la tête emplie d’images de salons viennois; une grande bouffée d’air frais venait de passer par là…
Michel EGEA
Au programme de ce lundi 21 avril
Yo-Yo Ma et Kathryn Stott
Encore des stars au Festival de Pâques. Yo-Yo Ma au violoncelle et Kathryn Stott au piano remplissent le GTP. A leur programme une pléiade de compositeurs : Stravinsky, Villa-Lobos, Piazzolla, Guarnieri, de Falla, Messiaen et Brahms. Excusez du peu. Et pour ce concert encore, tentez votre chance en téléphonant au 08 2013 2013 pour savoir s’il reste des places à la vente. Mais rien n’est moins sûr…