Publié le 21 avril 2014 à 13h28 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h48
Il existe des rendez-vous manqués pour avoir été trop attendus. Celui de ce dimanche soir avec Gustavo Dudamel au Grand Théâtre de Provence à Aix-en-Provence n’augmentera pas les statistiques à la rubrique déception. Sa lecture de la symphonie n°2 de Sibelius à la tête de l’orchestre symphonique de Göteborg n’a laissé personne insensible.
Il est arrivé discrètement au GTP où il a retrouvé les musiciens de l’orchestre de Göteborg dont il est le directeur musical honoraire.
Sourires, accolades : Gustavo Dudamel dont on sait combien le travail « social » lui tient à cœur est lui-même très sociable, ouvert aux autres.
Il ne repousse jamais un aficionado venu demander une signature sur un bout de papier; il n’oublie pas d’où il vient, son enfance modeste à Barquisimeto, sa promotion sociale grâce à la musique. Bref, pour être une star tout juste trentenaire, il n’en demeure pas moins humain. Et rien que pour ça, sa popularité n’est pas usurpée. Il a donc retrouvé « ses » musiciens suédois au GTP. Belle répétition l’après-midi et apothéose en soirée : il ne pouvait en être autrement.
Ouverture avec le poème symphonique de Richard Strauss «Till l’Espiègle», une vingtaine de minutes d’une musique narrative enlevée, en forme de rondo. Peut-être une composition comme une respiration pour Strauss qui vient d’achever «Mort et transfiguration » et qui va entamer «Ainsi parlait Zarathoustra». Chaque péripétie de l’espiègle est commentée par l’orchestre qui n’hésite pas à mettre en avant sa belle cohésion. Et déjà sous la direction dynamique de Gustavo Dudamel, les cordes nous font frémir de plaisir. C’est net, précis et coloré et chaque pupitre répond sans temps mort aux sollicitations du directeur musical. Un savoureux et joyeux moment musical.
Suivra la symphonie n°38 de Mozart. En fait on a du mal à comprendre ce que cette pièce est venue faire là, entre Strauss et Sibelius. Nous aurions préféré une œuvre plus contemporaine, pourquoi pas d’un compositeur nordique… Bref, autant le dire, cette interprétation de Mozart nous a laissés insensibles non qu’elle fût mal donnée, mais n’apportant rien à la soirée et à ce qu’on connaissait de la direction de Gustavo Dudamel.
Heureusement le meilleur était à venir avec la symphonie n°2 de Jean Sibelius.
Gustavo Dudamel maîtrise parfaitement cette partition. Et même s’il est peu probable qu’à 33 ans il l’ai déjà dirigée 200 fois, comme le dit la rumeur, c’est sans partition et très assuré, qu’il en a donné une lecture maîtrisée. Avec la complicité des musiciens, il donne à son interprétation un volume idéal, beaucoup de rondeur et des couleurs superbes. Les cordes sont impressionnantes de beauté avec des tutti lumineux et sensibles. Les cuivres sont d’une précision diabolique et les vents de toute beauté. Gustavo Dudamel est très juste dans sa direction; il ne pratique pas l’emphase, sa gestuelle restant sobre mais très efficace. Et il fait passer beaucoup d’émotion à travers cette musique. Bien évidemment le public ne s’y est pas trompé et lui a réservé un triomphe. C’est au milieu de ses musiciens que le Vénézuélien l’a reçu, presque caché… Talentueux et modeste : décidément l’artiste ne manque pas de qualités.
Michel EGEA
Au programme du 22 avril
Schubertiade I et Bernard Foccroulle
Il y aura trois Schubertiades cette semaine au festival de Pâques.
Premier rendez-vous ce mardi à 18 heures au théâtre du Jeu de Paume avec un trio composé de Michael Barenboim, violon, Alisa Weilerstein, violoncelle et Elena Bashkirova, piano qui donneront sonate, fantaisie et trio de… Schubert. A 20 h 30, à l’église Saint-Jean de Malte, Bernard Foccroulle, le directeur du Festival international d’Aix, mettra son costume d’organiste pour donner Darkness and light, un récital accompagné des créations vidéo de Lynette Wallworth.
Pour réserver vos places, un seul numéro de téléphone : 08 2013 2013.