Publié le 4 avril 2023 à 16h14 - Dernière mise à jour le 31 mai 2023 à 17h32
Après une ouverture cinématographique enjouée, le Festival de Pâques d’Aix-en-Provence est entré dans sa phase spirituelle avec deux messes au rendez-vous. Samedi soir la Grande messe en ut de Mozart et dimanche matin la Petite messe solennelle de Rossini. Grande ou petite, les deux partitions liturgiques ont été servies avec un égal bonheur et un léger accent helvétique…
L’union fait la force. Depuis Guillaume Tell et sa pomme, les Suisses l’ont bien compris. Pour preuve, samedi soir au Grand Théâtre de Provence au service de Mozart, l’association des cantons de Genève et de Vaud par l’intermédiaire de l’Orchestre de Chambre du premier et de l’ensemble vocal de Lausanne, la capitale vaudoise.
C’est une «Messe en ut mineur» de haute volée qui était proposée par les deux formations sous la direction du Néerlandais Daniel Reuss, qui, s’il n’est pas Suisse lui-même, a fait preuve de grande précision et de sensibilité romantique à la tête de ces ensembles. Un travail raffiné servi par un solide quatuor de solistes au sein duquel la soprano Berit Norbakken a fait merveille, voix chaude, colorée, ligne de chant idéale et projection parfaite. De la belle ouvrage pour le plaisir des auditeurs. Couleurs et nuances étaient aussi au rendez-vous de la Symphonie n°40 du divin Wolfgang donnée en première partie de la soirée avec, notamment, des cordes soyeuses à souhait parfaitement mises en œuvre par le maestro Reuss.
Un directeur musical, un chœur et un quatuor de solistes que nous retrouvions le lendemain matin à 11 heures, horaire en forme de première au Festival de Pâques, toujours au Grand Théâtre de Provence pour l’audition de la «Petite messe solennelle» de Rossini. Pas d’orchestre en la circonstance, pour accompagner les voix mais un duo piano/harmonium dont les claviers étaient joués pour le premier par Simon Savoy et pour le deuxième par Vincent Thevenoz. Composée pour un chœur de huit unités, quatre solistes, deux pianos et un harmonium, la messe, « petite » par l’effectif sollicité, a tout d’une grande vocalement. Et si l’Ensemble Vocal de Lausanne était plus étoffé que ce que voulait Rossini, il a fait preuve d’une extrême précision et d’une limpidité qui permettait de détailler sans problème les pupitres pendant les tutti. Une interprétation remarquable, aérienne et profonde, toujours sous la direction inspirée de Daniel Reuss.
Aux côtés de Berrit Norbakken, la soprano qui n’avait rien perdu de son talent dans la nuit de samedi à dimanche, la mezzo Barbara Kozelj, le ténor Thomas Walker et le baryton Tobias Berndt ont chacun apporté leur pierre à un édifice apaisant et plaisant parfaitement soutenu aussi par Vincent Thévenaz, mais surtout par Simon Savoy en charge de la redoutable partition affectée à un piano sollicité tout au long de l’œuvre ; partition qu’il a su magnifier avec une extrême attention et beaucoup de virtuosité apportant une belle dimension à la ligne instrumentale de l’œuvre pour le plus grand bonheur d’une salle conquise.
Michel EGEA
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