Publié le 11 avril 2023 à 21h46 - Dernière mise à jour le 6 juin 2023 à 19h38
Il s’installe au piano et d’emblée on est saisis. Par la puissance, la virtuosité, l’allégresse dans le jeu, la précision, le génie en somme. Comptant parmi les grands pianistes du moment le Français Alexandre Kantorow secoue les lignes, renverse les tables, stupéfie et enchante.
Déjà les auditeurs de La Roque d’Anthéron où il se produira par deux fois cet été, avaient salué son audace et sa liberté de ton. Sa rigueur également, et son appétit de notes. Véritable tornade vivante Alexandre Kantorow semble tout pouvoir jouer. La preuve en fut donnée au Grand Théâtre de Provence, salle comble, où dans le cadre du Festival de Pâques, il a enchaîné Brahms, Schubert pour finir par Liszt. Public debout, applaudissements en cascades, avec pour commencer la redoutable Sonate pour piano n° 1 en do majeur, op. 1 de Johannes Brahms (1833-1897) qu’il convient de jouer dans un mélange d’exaltation et d’intériorité. Pari tenu tout comme lors des transcriptions de lieder de Schubert (1797-1886), avec au centre du motif le Der Wanderer en version éclatante. Et que dire de la Fantaisie en ut majeur, op. 15, D. 760 Wanderer Fantasie avec un adagio et un presto à tomber par terre.
Alexandre Kantorow virtuose mais jamais phénomène de foire va creuser au cœur du piano les sons les plus disparates. Toutes les palettes du clavier se trouvent présentées avec un égal bonheur. Pas de gras de boursouflures, mais de la netteté n’excluant pas des enchaînements intenses et poétiques. Et comme si cela ne suffisait pas cinq rappels dont un morceau de Mompu et la marche turque de Mozart où Alexandre Kantorow s’est offert le luxe de quelques variations improvisées mais maîtrisées. Du grand art. Du piano éclatant… et sensible. Un concert inoubliable. Vivement La Roque cet été.
Jean-Rémi BARLAND