L’édition 2025 du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence a débuté vendredi soir au Grand Théâtre de Provence. Une premier concert puis un deuxième, samedi soir, au cours desquels les symphonies de Dvořák n° 8 et n° 9 ont été données par deux orchestres différents avec deux directeurs musicaux aux personnalités différentes.

La soirée inaugurale du Festival de Pâques avait belle allure avec l’Orchestre National du Capitole dans sa version XXL dirigé par Renaud Capuçon et Martha Argerich soliste hors catégorie pour le concerto pour piano n°1 de Beethoven. C’est avec le poème symphonique « Danse Mystique » de Charlotte Sohy que s’ouvrait le concert, Renaud Capuçon mettant du cœur à l’ouvrage pour donner des couleurs à une œuvre que beaucoup découvraient pour l’occasion ; une histoire de « femmes primitives » craignant de ne pas voir réapparaitre le soleil et de « danse sacrée ». Mais « le » moment de ce concert d’ouverture fut, sans aucun doute, le retour sur cette scène de Martha Argerich pour une nième interprétation du concerto de Beethoven passionnée et rigoureuse avec ce plus amené par un toucher unique, tout de légèreté et de sensibilité.
Des atouts illuminant ensuite un « bis » consacré à Bach avec un extrait des « suites anglaises ». Derrière la dame, l’orchestre toulousain a livré un accompagnement idéal, empli de subtilité et de génie dans le dialogue sous la direction de Renaud Capuçon. Des qualités usées ensuite pour l’interprétation de la symphonie n°8 de Dvořák, cette « pastorale » qui mêle mélodies folkloriques et chants de la nature. L’occasion idéale pour l’Orchestre du Capitole de faire valoir ses couleurs et son homogénéité au long d’une interprétation limpide aux nuances lyriques. Un ensemble aux qualités forgées et travaillées au long d’années partagées avec Tugan Sokhiev, aujourd’hui mises en lumière par les directeurs musicaux qui se succèdent à la tête de cette formation.
Nouveau monde et romantisme
Samedi soir, c’est l’Orchestre symphonique de Lucerne qui prenait place sur la scène du Grand Théâtre de Provence pour accompagner Rudolph Buchbinder dans son interprétation du concerto pour piano n°1 de Brahms puis pour donner la symphonie n°9 « Du Nouveau Monde » de Dvořák, le tout sous la direction de Michael Sanderling. Nous avons apprécié la grande musicalité, les couleurs et la charge expressive de l’orchestre helvétique qui a livré, sous la baguette de son directeur musical, une symphonie du nouveau monde sans emphase, sans fioritures mais avec une puissance maitrisée et une palette de nuances. Quant au concerto de Brahms, le pianiste autrichien l’a donné avec maitrise et rigueur, réservant toutefois son côté virtuose et facétieux pour une valse de Johan Strauss offerte en bus.
Cette édition 2025 du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence est bien née. Elle va se poursuivre jusqu’au 27 avril prochain et comme l’a proposé Dominique Bluzet, directeur du GTP et co-directeur, avec Renaud Capuçon, du Festival, dans sa très brève prise de parole en préambule, vendredi soir, « on annonce de la pluie la semaine prochaine, alors venez bronzer avec nous au Grand Théâtre de Provence… » Bronzer, peut-être pas, mais prendre du plaisir, assurément.
Michel EGEA
Festival de Pâques jusqu’au 27 avril – Plus d’informations et réservations: festivalpaques.com