Les enfants sont souvent à l’honneur au Festival de Pâques. Avec « Mozart et nous » par exemple joué au Jeu de Paume d’Aix puis aux Bernardines de Marseille qui racontait, morceaux de musique à l’appui, la vie du grand compositeur de manière autant ludique que pédagogique. En ce samedi c’était « Le chat du rabbin » de Joann Sfar qui faisait l’objet d’une adaptation scénique ayant enchanté petits et grands dans un conservatoire Darius Milhaud d’Aix qui affichait complet.
Au pupitre, le compositeur Marc-Olivier Dupin à la tête de sa formation. A ses côtés Benoît Marchand en récitant incarnant tous les personnages du livre. Voix claire, audible, en un mot parfaite, partition ingénieuse ne se contentant pas uniquement d’illustrer le texte, pour un bonheur d’écoute absolue. Déjà l’an dernier on avait entendu « Monsieur crocodile a beaucoup faim » de ce même Sfar une histoire s’adressant de fait aux plus petits.
Sur une projection des illustrations de la bande dessinée nous voilà projetés dans les aventures de ce chat très fidèle à son maître rabbin-contraint pour garder son poste de faire une dictée sous contrôle des autorités- et à sa fille Zlabya, dont il s’est épris. Une jeune fille «douce comme une pâtisserie au miel » et dont il est amoureux mais qui finira par se marier avec celui que l’on pressentit au moment pour remplacer son père. Ce chat n’est d’ailleurs pas un chat comme les autres. Puisqu’après avoir croqué le perroquet de la maison il se mettra à parler le langage des humains, et préparera sa Bar-mitsvah ce qui, reconnaissons-le, est un événement assez inattendu pour un animal. Ajoutez un membre de la famille possédant un lion, développez l’ensemble sur fond d’éloge de la tolérance, du respect des valeurs humanistes, et d’une réflexion en filigrane de la possibilité de voir toutes les religions cohabiter en harmonie, et vous aurez un petit chef-d’œuvre profond pétri d’humour. Traduite en douze langues la BD de Joann Sfar qui renferme plusieurs volumes propose différents niveaux de lecture et s’impose comme une œuvre parlant à tous. Entre la drôlerie des situations et les questions métaphysiques qui le traversent voilà un spectacle haut de gamme, enchanté et enchanteur dont on ressort ému et joyeux.
Jean-Rémi BARLAND