Renaud Capuçon et Alexandre Kantorow ont ouvert, vendredi au Grand Théâtre de Provence l’édition 2024 du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence. Onze ans après sa création, ce rendez-vous culturel s’est imposé comme l’un des plus plus importants en Europe sous la direction commune de Renaud Capuçon et Dominique Bluzet, le premier en tant que directeur artistique, le second en tant que directeur exécutif.
Il y a un an, ou peut-être plus, lorsque Renaud Capuçon prenait la décision d’ouvrir le festival 2024 avec un concert de musique de chambre consacré à des sonates pour violon et piano, il ne se doutait pas qu’en invitant à ses côtés Alexandre Kantorow il se retrouverait ce vendredi 22 mars en compagnie de celui qui, quelques jours auparavant, avait reçu la victoire de la musique du soliste classique pour la deuxième fois de sa carrière.
Au programme de ce rendez-vous musical donné devant une salle archicomble, les deux musiciens avaient accroché la sonate en mi bémol majeur n° 3 de Beethoven, la n° 3 de Brahms et la sonate en mi bémol majeur de Richard Strauss; un triptyque hyper romantique servi avec élégance par les deux musiciens. Alexandre Kantorow affectionne tout particulièrement la sonate de Beethoven; elle est devenue, pour lui, un grand classique qu’il interprète avec aisance et virtuosité ce qui fut encore le cas au Grand Théâtre de Provence. Comme une délicieuse mise en bouche avant deux plats de résistance signés Brahms et Strauss.
A l’instar de la sonate de Beethoven, celle de Brahms fait une belle place au piano; Alexandre Kantorow ne s’est pas privé d’en profiter, toucher délicat et aérien, couleurs tendres et jeu passionné; à ses côtés Renaud Capuçon n’a pas été en panne de romantisme, violon suave et attentionné pour livrer une interprétation plus que séduisante faisant parfois frissonner. L’idéale complicité entre les deux musiciens a ainsi permis de vivre un délicieux moment de musique.
Moins tendre et assurément plus lyrique que les précédentes, la composition de Strauss consacra, elle aussi, l’union violon-piano dans ce qu’elle a de meilleur. Prémices des poèmes symphoniques à venir, cette partition, techniquement exigeante, est dense et prenante. Très attentifs l’un à l’autre, le violoniste et le pianiste en ont proposé une lecture puissante et émouvante. Pour poser un point final à ce concert, Renaud Capuçon et Alexandre Kantorow ont enchainé trois « bis » délicats et légers avec, en final, le ravissant « salut d’amour » de Sir Elgar… Le festival de Pâques 2024 était bien né…
Michel EGEA