Publié le 27 juillet 2021 à 22h53 - Dernière mise à jour le 1 novembre 2022 à 14h52
Quel parcours que celui de l’Orchestre Philharmonique de Marseille qui sous la direction de Lawrence Foster est devenu une des phalanges les plus remarquables de notre pays. D’année en année sous la houlette de ce chef né à Los Angeles de parents roumains, qui s’est imposé comme un ardent défenseur de la musique de Georges Enescu, l’orchestre n’a cessé de progresser, d’afficher une autorité pleine et entière, pour se produire dans le monde entier en récoltant de nombreux lauriers. Émotion donc et enthousiasme aussi de retrouver à La Roque tous ces musiciens humbles et talentueux dans ce parc Florans bruissant de la joie du déconfinement recouvré. Autour d’un programme consacré à Mozart avec deux pianistes d’envergure
Plamena Mangova , médium mozartienne
Et pour commencer le concerto N°9 dit « Jeunehomme », célèbre et méconnu au demeurant son nom portant à confusion. Cette œuvre, Mozart l’aurait cru écrite pour une pianiste française de passage à Salzbourg portant ce nom de famille, dont l’identité resta longtemps un mystère pour les spécialistes de l’histoire de la musique. Mais en 2006, le musicologue Michael Lorenz a suggéré que cette pianiste était en fait Louise Victoire Jenamy (1749–1812), une fille de Jean-Georges Noverre, lui-même danseur connu et l’un des meilleurs amis de Mozart. Ce «Jeunehomme» étant une femme donc et le concerto une forme d’offrande. Fort de ses habituels trois mouvements il nous embarque dans un monde où le contraste est roi. Au clavier Plamena Mangova, artiste d’exception, qui en l’occurrence notamment dans le 2e mouvement s’est imposée comme une sorte de medium mozartien. «Le piano de l’âme» a noté une festivalière musicienne elle-même transportée et subjuguée par le jeu de l’interprète née en Bulgarie. Un miracle que son alliance avec l’orchestre de Marseille pour un moment comme suspendu hors du temps.
Abdel Rahman El Bacha, pianiste royal
Changement d’oeuvre mais pas d’état d’esprit avec le Concerto N° 26 dit du «Couronnement». Composé au début de 1778, il a été joué le 15 octobre 1790 à Francfort à l’occasion du couronnement de Léopold II. Devant sa popularité à l’écriture très inspirée du style galant, il demande finesse et mesure. Ce dont a fait montre le grand Abdel Rahman El Bacha qui a encore prouvé qu’il n’est pas seulement un pianiste spécialiste de Beethoven et Chopin. On notera que cet artiste qui fut un des professeurs de Plamena Mangova ajoute sa propre vision de l’œuvre à son jeu puissant et généreux. Avec en dernier rappel un moment très drôle avec la reprise sur une de ses propres cadences de la chanson «Parlez-moi d’amour». Cela tombait bien… car de l’amour tous les musiciens Lawrence Foster en tête excellent et en accord avec ses deux solistes en donnèrent au public tout au long de la soirée.
Jean-Rémi BARLAND
Signaler un contenu ou un message illicite sur le site