Festival Musiques Interdites – ‘Le Chant de la terre’ : comme un testament de Mahler

Publié le 3 décembre 2021 à  18h13 - DerniÚre mise à  jour le 3 novembre 2022 à  9h42

«Le Chant de la terre» est l’une des derniĂšres compositions de Gustav Mahler. L’Ɠuvre n’avait jamais Ă©tĂ© donnĂ©e Ă  Marseille. La lacune est aujourd’hui comblĂ©e puisque la symphonie avec voix Ă©tait au programme, ce mercredi 1er dĂ©cembre au soir Ă  l’OpĂ©ra, du 16e festival des Musiques Interdites.

De gauche Ă  droite devant l’orchestre de l’OpĂ©ra, Christophe Berry, Qiulin Zhang et Clelia Cafiero aux saluts (Photo Michel EgĂ©a)
De gauche Ă  droite devant l’orchestre de l’OpĂ©ra, Christophe Berry, Qiulin Zhang et Clelia Cafiero aux saluts (Photo Michel EgĂ©a)
Jean-Marc Coppola (à gauche) vient de remettre la médaille de la ville de Marseille à Marina Mahler (à droite) en présence, notamment, de Clélia Cafiero, au centre (Photo Michel Egéa)
Jean-Marc Coppola (à gauche) vient de remettre la médaille de la ville de Marseille à Marina Mahler (à droite) en présence, notamment, de Clélia Cafiero, au centre (Photo Michel Egéa)

DĂ©sespoir, Ă©motion, douceur, sĂ©rĂ©nitĂ© : la liste n’est pas exhaustive des sentiments ressentis Ă  l’audition du «Chant de la terre» considĂ©rĂ© comme le chef-d’Ɠuvre de Gustav Mahler. Sa fin est proche, puisqu’il lui reste un peu plus de deux annĂ©es de vie lorsqu’il compose cette symphonie avec voix sur des poĂšmes chinois de Li Bai, Qiang Qi et Wang Wei. L’existence de Mahler est alors semblable Ă  une dĂ©chirure et il se tourne vers la nature qui devient une thĂ©rapie d’apaisement. La musique qui accompagne les lieder est comme le rĂ©sumĂ© d’une vie de composition qui s’achĂšve dans la paix, un endormissement serein tournĂ© vers une Ă©ternitĂ© dĂ©sirĂ©e heureuse : «Partout, la terre bien-aimĂ©e s’épanouit en fleurs au printemps et reverdit ! Partout et pour toujours les lointains bleuissent ! Éternellement
 Éternellement » Mahler livre, peut-ĂȘtre, ici son testament
 A dĂ©faut on peut y trouver ce qu’il souhaite, et espĂšre, pour le monde qu’il ne verra pas.

Une lecture sensible de la partition

PlacĂ© sous la direction de ClĂ©lia Cafiero, qu’il retrouvait avec bonheur pour la circonstance, c’est l’Orchestre Philharmonique de l’OpĂ©ra de Marseille qui Ă©tait invitĂ© Ă  donner la vie aux sentiments contenus dans la symphonie. Ce qu’il fit sans aucun problĂšme, la cheffe livrant une lecture des plus sensibles de la partition, insufflant sans aucun problĂšme l’émotion, la mĂ©lancolie, la passion
 Du cĂŽtĂ© des instrumentistes, couleurs, prĂ©cision, puissance Ă©taient au rendez-vous.

Des qualitĂ©s retrouvĂ©es aussi chez les solistes, la contralto Qiulin Zhang et le tĂ©nor Christophe Berry. Registre large, ligne de chant assurĂ©e, voix chaude et chargĂ©e de sentiments, Qiulin Zhang a Ă©tĂ© fascinante pour l’Adieu final, mouvement le plus important de cette symphonie qui revĂȘt le caractĂšre testamentaire de l’Ɠuvre Ă©voquĂ© plus haut. SoliditĂ© et projection idĂ©ale pour le tĂ©nor qui avait notamment en charge les airs consacrĂ©s au vin et Ă  l’ivresse
 En fond de scĂšne, la projection des vidĂ©os-peintures de Naomie Kremer participait idĂ©alement Ă  renforcer l’atmosphĂšre trĂšs particulier de cette soirĂ©e. Une soirĂ©e qui avait dĂ©butĂ© par la remise de la mĂ©daille de la ville de Marseille par Jean-Marc Coppola, adjoint en charge de la Culture, Ă  Marina Mahler, la petite fille du compositeur.
Michel EGEA

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