Publié le 15 septembre 2021 à 20h33 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h28
Le président de la République a clos ce mardi 14 septembre -depuis l’école de police de Roubaix (Nord)- le Beauvau de la sécurité, lancé en février. L’occasion d’annoncer de grandes réformes pour les policiers et les gendarmes, de la simplification des procédures au déploiement de caméras piétons en passant par la transparence de l’IGPN et de l’IGGN.
« La sécurité est le devoir, la cause même de notre destin », pour Emmanuel Macron qui précise qu’ «un tel événement sur la sécurité réunisse policiers, gendarmes, magistrats, élus et citoyens n’est pas si habituel. Et, pourtant, ce devrait être une évidence. La sécurité, je veux ici le dire très clairement pour chacune et chacun à travers la nation, n’est pas simplement le sujet de nos forces de sécurité. La sécurité est le devoir, la cause même de notre destin, de notre nation, qui doit faire bloc. La sécurité est l’affaire de tous. La sécurité est la première de nos libertés, celle sans laquelle les autres sont mises à mal.» Et de lancer: «Tous ensemble, faisons des années qui viennent celles d’une police et d’une justice efficaces. D’un État qui protège et qui libère. De l’autorité républicaine».
«Tout remettre à plat»
Le chef de l’État explique avoir souhaité ce débat : «La confiance fragilisée entre une partie de nos concitoyens et ceux qui les protègent, les polémiques et attaques multiples, comme ces derniers jours, ont encore pu illustrer le sentiment aussi d’une perte de sens qui existe. Policiers et gendarmes, vous qui gardez la paix, nous avons voulu, avec ce travail en profondeur qui s’est déployé sur plusieurs mois et dans tout le pays, tout remettre à plat.»
Emmanuel Macron veut lutter « contre les piles de papiers »
«Que voit-on quand on va dans un commissariat ou une brigade de gendarmerie ? Des piles de papiers. À plusieurs reprises, je me suis rendu dans des tribunaux. Que voit-on ? Des piles de papiers. Le formalisme, la lourdeur des procédures est l’ennemi commun aux forces de sécurité de nos magistrats. Il prend du temps, du temps d’action, du temps de présence, tant d’intelligence à déployer. Derrière ces piles de papiers, il y a du temps excessif passé, des procès qui prennent trop de temps», détaille Le chef de l’État
Développer les amendes forfaitaires
«Ces amendes forfaitaires ont permis d’évoluer là aussi, de mettre fin à des procédures qui étaient trop longues et donc inefficaces. En matière de lutte contre les stups, l’amende forfaitaire a permis d’avancer. On va alléger la procédure en ayant la même approche par les amendes pénales forfaitaires pour l’occupation illicite de terrains par les gens du voyage. Et nous allons faire la même chose pour un autre sujet qui hante la vie de nos concitoyens, les occupations illicites des halls d’immeuble. Sur ces deux sujets, nous allons là aussi procéder à la mise en place de cette même amende»
Une instance de contrôle parlementaire des forces de l’ordre sera créée
«Quand il y a des fautes, elles doivent être sanctionnées», a affirmé Emmanuel Macron. La refonte des organismes de contrôle des forces de l’ordre figurait parmi les annonces très attendues. Le président de la République a expliqué que les rapports de l’IGPN, la police des polices, et de l’IGGN, son équivalent pour la gendarmerie, seront désormais rendus publics. En outre, «une instance de contrôle des forces de l’ordre sera créée pour évaluer les forces de l’ordre, sur le modèle de la délégation parlementaire aux renseignements», a annoncé le chef de l’État, «pour procéder à l’évaluation de leur action».
Il sera possible de déposer une plainte en ligne en 2023
Le chef de l’État entend également mieux prendre en charge les victimes. Et cela passe par une simplification des démarches, avec une petite révolution à la clé. «Je souhaite que la plainte en ligne soit mise en œuvre dès 2023», a annoncé Emmanuel Macron. Aujourd’hui, seule une pré-plainte peut être déposée sur internet.
Un suivi de ces plaintes doit aussi être mis en place, via la nomination de référents parmi les forces de l’ordre pour suivre leur évolution. «Des applications numériques devront être mises en place» pour que chaque citoyen puisse suivre la procédure.
Le budget du ministère de l’Intérieur va augmenter de 1,5 milliard en 2022
En 2022, le budget du ministère de l’Intérieur sera augmenté de 1,5 milliard d’euros. «C’est sans précédent», a affirmé Emmanuel Macron. Ainsi, 500M€ seront déployés pour les premières mesures du Beauvau de la sécurité, permettant de renforcer les moyens des forces de l’ordre. Une rallonge, en complément des 900 M€ annoncés par Jean Castex en juillet. «95% des mesures sont destinées à du matériel, de l’investissement», a précisé le président.
Une loi de programmation pour la sécurité intérieure est prévue début 2022
Emmanuel Macron veut inscrire les transformations de la police et de la gendarmerie dans le temps long. «J’ai décidé que nous porterons une loi de programmation pour la sécurité intérieure, a annoncé le chef de l’État. Le but est de penser la police et la gendarmerie de 2030.» Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, doit ainsi préparer l’élaboration de ce texte pour qu’il puisse être présenté en Conseil des ministres au début de l’année 2022.
La formation des forces de l’ordre sera allongée
«La formation n‘est pas assez longue et qualifiante», a estimé Emmanuel Macron. Dès 2022, la formation initiale des gardiens de la paix sera ainsi rallongée de quatre mois. La formation des officiers de police judiciaire y sera par ailleurs intégrée. La formation continue des policiers et des gendarmes sera quant à elle rehaussée de 50%. «Il s’agira d’un réel temps de travail qui sera sanctuarisé par vos supérieurs hiérarchiques», a promis Emmanuel Macron.
Création d’un « centre de formation » sur le maintien de l’ordre
Le Président annonce la création en région parisienne d’un centre de formation sur le maintien de l’ordre dédié aux policiers comme aux gendarmes. «Ce nouveau centre permettra de constituer un vivier pour créer de nouvelles compagnies de CRS et escadrons de gendarmerie mobile pour répondre aux besoins.»
Les caméras-piétons vont être déployées rapidement
Le chef de l’État a entendu les doléances des forces de l’ordre concernant les caméras-piétons «qui permettent d’éviter tout dérapage des interpellés». Quelque 15 000 caméras sont déjà déployées sur le terrain, 15 000 autres doivent être envoyées aux forces de l’ordre. Elles «sont bonnes pour prévenir des violences, mais aussi dans la suite judiciaire. (…) Je vous confirme le déploiement d’une caméra-piéton par patrouille, c’est une véritable révolution», s’est félicité Emmanuel Macron. Le président a fixé comme objectif d’avoir une caméra par fonctionnaire de police d’ici à 2023 et souhaite dans le même le déploiement des caméras embarquées dans les véhicules.
Une réserve opérationnelle pour la police va être créée
Cette réserve opérationnelle de la police sera dotée de 30 000 réservistes. Pour la gendarmerie nationale, où elle existe déjà, 20 000 personnes viendront en renforcer les rangs.
« Doubler en dix ans » la présence de policiers et gendarmes sur le terrain
«Plus de bleu sur le terrain.» Voici l’un des slogans lancé par Emmanuel Macron pour clore le Beauvau de la sécurité. Concrètement, le chef de l’État veut dégager les policiers et les gendarmes de certaines tâches de bureau pour qu’ils soient plus présents dans le quotidien des Français. «Je veux nous fixer un horizon : doubler sous dix ans la présence de policiers et gendarmes sur la voie publique. Il faudra peut-être créer des postes ici ou là, mais nous avons la possibilité de dégager des marges de manœuvres», a assuré Emmanuel Macron.
Les policiers porteront bientôt un nouvel uniforme
Les policiers auront un nouvel uniforme dès le premier trimestre 2022. Des écoles de mode et de design ont été invitées à proposer une modernisation de la tenue des policiers. La nouvelle version, déjà choisie, sera fabriquée en France et composée d’un polo et d’un calot, au lieu de la casquette dont les policiers disposent actuellement. Cela fait partie «de la considération que nous vous devons», a affirmé Emmanuel Macron.
Une nouvelle version du schéma du maintien de l’ordre présentée « avant novembre »
Emmanuel Macron annonce une « nouvelle version du schéma national du maintien de l’ordre (…) qui sera présentée avant novembre ». «Elle permettra de consacrer la place et le rôle des journalistes, mais d’imposer aussi à toutes les parties prenantes présentes dans une manifestation (…) des règles qui vont avec ces situations exceptionnelles comme il se doit.».
«Depuis 4 ans, beaucoup a été fait pour la sécurité des Français»
Le Président de la République, s’il entend faire plus en matière de sécurité, a tenu à rappeler qu’il ne partait pas de rien considérant: «Depuis 4 ans, beaucoup a été fait pour la sécurité des Français» . Et de mettre en exergue: un renforcement de l’arsenal de lutte contre le terrorisme; l’augmentation des moyens des services de renseignement avec 1 900 agents en plus et un budget doublé par rapport à 2015 ;
Création de la CNRLT – coordination nationale du renseignement et de la lutte contre le terrorisme ; la promulgation de la loi sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme.
Il évoque également: «Un effort sans précédent pour lutter contre le crime et garantir la sécurité au quotidien». Il cite à ce propos l’augmentation du budget de la mission sécurité de 1,7 milliard d’euros ; la création de 10 000 postes de policiers et gendarmes supplémentaires. Il n’oublie les investissements «historiques» dans l’équipement et l’immobilier. Rappelle qu’une réponse à la violence contre les forces de l’ordre a été donnée avec la fin des remises de peine pour les auteurs de tel actes… Et de noter: «Les résultats sont là»; 36 attentats ont été déjoués par les services de renseignement depuis 2017; baisse d’un quart des cambriolages depuis 2017; baisse de 20 % des vols de véhicules depuis 2017; hausse des saisies de drogue en 2021 par rapport à 2020.
Anna CHAIRMANN
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Qu’est-ce que le Beauvau de la sécurité ?
Au total, huit « chantiers » ont été ouverts depuis février pour ce Beauvau de la sécurité, de la réponse pénale à l’encadrement, en passant par la formation, le contrôle, le maintien de l’ordre, le lien entre la police et la population, la captation de vidéos et les moyens, dernier thème discuté lundi en présence du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin. Ces tables rondes se déroulaient en présence notamment des syndicats de policiers et de membres de la société civile.)]
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