Publié le 10 mars 2015 à 11h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h42
Florence Arthaud, née le 28 octobre 1957 à Boulogne-Billancourt, vient de disparaître dans un tragique accident d’hélicoptère en Argentine. Sans doute, l’un des meilleurs skippers femmes du monde, elle a participé à de nombreuses transats en solitaire (19 traversées de l’Atlantique en recours ou en courses dont 7 en solitaire). En 2011, Régine Zohar et Mireille Sanchez ont rencontré Florence Arthaud pour lui rendre hommage dans leur livre « Les Clubs nautiques, des histoires et des hommes ». extrait…
De la race des grands marins. Rencontrer Florence Arthaud revient à feuilleter le livre des grands champions de la voile qui naviguaient, à leurs débuts, au sextant et sans pilote automatique. Une autre « race » de marin qui ne laissait que très peu de place à la gent féminine. La célèbre « petite fiancée de l’atlantique » a prouvé, sans le revendiquer, qu’une femme savait aussi affronter les éléments, et les vaincre, comme les préjugés…
Une femme et une navigatrice de caractère. La vie de Florence Arthaud ressemble un peu à une fin de mois d’août marseillais, quelquefois calme et ensoleillée, le plus souvent venteux et imprévisible. En 2003, la navigatrice, en affalant ses voiles à Marseille, a voulu se rapprocher de ses origines méditerranéennes et savourer l’ambiance d’un petit quartier de pêcheurs. Son premier bateau, c’est le Vieux-Port qui l’a abrité. «J’avais à peine 20 ans, c’est incroyable ! J’avais réussi à entortiller un banquier pour m’acheter ce voilier. J’étais tellement sûre de moi, qu’il a accepté de me prêter de l’argent. Les gens me demandent souvent de leur raconter mon plus beau souvenir, mais je n’en ai tant ! Pourtant, si je devais en raconter un, je parlerais de ce jour où j’ai quitté le Vieux-Port, seule à la barre. J’avais convaincu l’organisateur de me laisser faire ma première qualification pour la Route du Rhum. Je sors du port et je me plante juste dans la passe. Un bateau me tracte et au large, plus de pilote automatique, des jours sans dormir, j’avais l’impression de devenir folle mais j’y suis arrivée». Depuis, elle a connu bien d’autres moments difficiles en mer, mais n’en garde que de beaux souvenirs.
«En mer, il n’y a que des marins». Elle doit son impressionnant palmarès à sa ténacité et son engagement mais aussi à son caractère bien trempé et passionné, qui a fait d’elle une femme avide de nouveaux horizons. Pour Florence Arthaud, vivre depuis huit ans à la Madrague de Montredon relève de l’exploit. «Je ne suis jamais restée aussi longtemps sédentaire. Mais j’avais envie de me poser un peu et voir ma fille grandir dans une ville cosmopolite. Il n’était pas question de vivre sur Paris, et la Bretagne ne me tentait pas. Ici aussi, il y a des marins, des pêcheurs et j’en profite tous les jours. L’ambiance est villageoise, avec ses fêtes, ces gens qui se connaissent tous. Lorsque j’ai envie de me changer les idées, je vais au bistrot et là, c’est pagnolesque. J’ai l’impression d’aller au théâtre, je me régale, tout le monde s’embrasse, parle fort, et puis j’en profite pour acheter mon poisson, c’est génial !». Le petit port a effectivement bien accueilli la navigatrice, ayant pris l’habitude de la voir se baigner en bas de chez elle ou d’aller au Club Nautique de la Madrague de Montredon salué les plaisanciers. Si ce « petit » club lui convient pour sa convivialité, elle veut saluer le Yachting Club de la Pointe Rouge pour la qualité de ses compétitions «Christian Tomasini fait vraiment beaucoup de choses pour les sportifs, c’est un club très actif, j’aime beaucoup y aller. Ce serait bien si tous les clubs pouvaient en faire autant…».
Des rêves au grand large, toujours…Frustrée de ne pas voir davantage de régates ou de cours de voile pour les enfant, Florence Arthaud considère que Marseille pourrait mieux faire en ce domaine et lance un message : «Il faudrait que la voile se démocratise encore plus pour que tous les enfants d’ici puissent en profiter. Je rêve de voire des centaines d’Optimist dans la rade, le mercredi ou pendant les vacances scolaires, comme en Bretagne. Les politiques ne font pas assez de choses, c’est honteux ! La ville a la chance d’avoir une des plus belles rades du monde et les gosses n’ont pas accès aux sports nautiques, c’est pas normal. Les grands évènements, c’est bien mais ça ne suffit pas. Il y a tellement de choses qui restent à faire…». Déjà active dans plusieurs associations, Florence Arthaud veut organiser une course, « Les Voiles de la Liberté » qui reprend le concept déjà existant en Tunisie à laquelle elle avait participé. «Nous partons avec des jeunes filles, des femmes pour naviguer dans toute la Méditerranée. Nous voulons leur transmettre la passion, la liberté et les faire rencontrer d’autres cultures. Je trouve logique de prendre ce genre d’engagement, je dois diffuser, partager tout ce que j’ai appris». Elle ne pourra jamais se passer de la mer, son grand amour et s’y voir même vivre une retraite spirituelle, de plus en plus persuadée que ce n’est pas de la mer que viennent les plus grandes souffrances, mais des hommes. Cette femme qui ne sera jamais une fonctionnaire de la vie, a besoin de projets pour avancer, pour naviguer et atteindre, un jour, la sérénité…
-2007 : 11e de la Transat Jacques Vabre sur Deep Blue (Class40) avec Luc Poupon
-2007 : 2e de la Route de l’équateur sur Deep Blue avec Luc Poupon et Alexia Barrier2006 : Odyssée Cannes/Istanbul sur monotupe Bénéteau Figaro II avec Luc Poupon
-2004 : 27e de la Transat AG2R sur L’esprit d’équipe avec Lionel Péan
-2000 : 12e de la Transat AG2R sur Fleury Michon avec Philippe Poupon
-1998 : 6e de la Transat AG2R sur Guy Cotten – Chattawak avec Jean Le Cam
-1996 : 2e de la Transat AG2R sur Guy Cotten – Chattawak avec Jean Le Cam
-1990 : 1re de la Route du Rhum sur Pierre 1er – 1ère FEMME VAINQUEUR DE LA ROUTE DU RHUM !
-1990 : 3e de la Twostar sur Pierre 1er avec Patrick Maurel
-1988 : 7e de la Transat anglaise sur Groupe Pierre 1er
-1986 : 11e de la Route du Rhum sur Energie et Communication
-1982 : 20e de la Route du Rhum sur Biotherm II
-1981 : 6e de la Twostar sur Monsieur Meuble avec François Boucher
-1978 : 11e de la Route du Rhum sur X.Périmental