Publié le 8 octobre 2013 à 12h55 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h24
Satisfaction et confiance en l’avenir étaient les deux mots d’ordre des organisateurs à l’heure de dresser ce lundi le bilan de la 89e édition de la Foire internationale de Marseille. Un cru qui a attiré 350 000 visiteurs, un chiffre en augmentation de 10% par rapport à 2012.
« La Foire a été créative, c’est la plus belle qu’on ait jamais faite et ce n’est pas que mon avis » : c’est un bilan extrêmement positif de la Foire internationale de Marseille qu’a dressé Michel Kester, PDG de la Safim, ce lundi 7 octobre en fin de matinée sur la terrasse du restaurant L’Ephem’air installé sur le toit du Palais des Congrès du Parc Chanot. Avec une fréquentation estimée à 350 000 visiteurs ce lundi à midi, la Safim enregistre sur 11 jours une hausse d’environ 30 000 présents par rapport à 2012. « C’est un bond de 10% au-dessus de l’année dernière. Dans la conjoncture actuelle, c’est un résultat encourageant. La Foire revient au niveau de fréquentation des bonnes années 2000 », se félicite Catherine Casadeï, directrice adjointe de la Foire de Marseille. Un résultat d’autant plus satisfaisant que Michel Kester avoue lui-même qu’« on ne pensait pas qu’on retrouverait ces chiffres ».
Pour les organisateurs, ces résultats couronnent les efforts entrepris pour bâtir une Foire « belle et innovante ». « On est à l’écoute de ce qui se fait et cela se traduit par des animations déclinées autour de la manifestation, qui sont des animations tendance, attendues du public », explique Catherine Casadeï. Et de souligner qu’« une manifestation comme la Foire, ce n’est pas que ce que vous voyez ». « Il y a aussi les coulisses, une veille marketing permanente afin d’examiner les tendances émergentes, l’offre de la concurrence, ce qu’attendent nos acheteurs et quelle est notre plus-value », décline-t-elle. Richard Latière, directeur général de la Foire de Marseille, insiste lui aussi sur ce « travail de préparation d’un an ». « Nous sommes toujours à la recherche de nouveautés, nous sommes convaincus qu’il en faut, que nos visiteurs en ont besoin », abonde-t-il en évoquant notamment ce village tibétain repéré à la Foire de Milan qui a constitué « un plus » cette année. « Le copié-collé n’est plus possible si tant est qu’il ait existé un jour. A l’heure de l’e-commerce, la Foire doit se réinventer chaque année », résume Catherine Casadeï.
C’est ce travail souterrain qui, aux yeux des organisateurs, a permis à la Foire internationale de Marseille, placée cette année sous le thème de « La créative », de gagner son pari. Dès l’avant-première, la créativité a été mise à l’honneur avec un événement « hors les murs » sur le Vieux-Port de Marseille. « Nous n’avons pas fait cette avant-première pour amener des visiteurs : c’était l’occasion de monter qu’on est une Foire différente. Paris est la première Foire de France, Marseille est la plus emblématique. Avec son côté identitaire, elle est originale, plus conviviale que les autres. C’était une opération pour créer un buzz positif une semaine avant le début de la manifestation, et ça a très bien fonctionné », souligne Michel Kester.
Le hall 1 plus que branché sur canal Mode
De nombreuses animations ont par la suite rythmé les 11 jours de l’événement. Dès le premier jour, la Foire de Marseille a innové en prolongeant les festivités avec une soirée d’ouverture composée d’une grande parade d’artistes, d’échassiers et fanfares. Une initiative très appréciée du public qui a répondu présent au rendez-vous. Les expositions Mode et Design ont également régalé le public par leur qualité et leur originalité. « (M) comme Marseille », l’exposition parrainée par Suzette Ricciotti et Paul Silvera, a ainsi rassemblé les travaux des plus talentueux designers sous la bannière made in Marseille. « Marseille M la Mode » a pour sa part révélé les univers créatifs de stylistes euro-méditerranéens. Les visiteurs ont également été séduits par le monde des Chindogus, art japonais d’inventer des gadgets « utiles mais inutilisables ». « Nous sommes très satisfaits du positionnement de la mode, beauté dans le hall 1 où nous n’avions jamais eu autant de monde. Nous avons réussi à relever le niveau de nos exposants », se félicite Richard Latière.
Les animations ont aussi mis à l’honneur la cuisine créative avec les épreuves des quarts de finale de cuisine amateur en direct de la Foire. Sans oublier le restaurant L’Ephem’air, avec les chefs de la Gourméditerranée, qui a offert une véritable pause gourmande. Grâce à son menu unique concocté chaque jour par 2 ou 3 chefs différents, le lieu a fait le plein. « Nous essayons d’améliorer la qualité de la restauration avec un consultant extérieur depuis 2-3 ans », précise Michel Kester.
La Foire s’est également animée grâce à l’émission quotidienne en direct de « Plus belle la vie », ce « premier rendez-vous » du feuilleton à succès « avec les Marseillais » ayant attiré « plusieurs milliers de téléspectateurs, un public jeune », dixit le PDG de la Safim. Sans oublier les rencontres économiques prospectives qui ont permis de se projeter sur ce que sera Marseille en 2030. « C’est le début d’une nouvelle ambition. Nous souhaitons aménager les contenus de la Foire », indique Michel Kester. Et Catherine Casadeï de préciser que la Foire se veut plus que jamais « un événement phare de la rentrée, convivial, festif, qui mette bien en lumière Marseille ». « Nous souhaitons en faire un lieu de rencontres où les mondes se côtoient, se rencontrent, qu’ils soient politique, commercial ou sportif, tout en optimisant un chiffre d’affaires via la fréquence de la fréquentation », développe la directrice adjointe de la Foire de Marseille.
Une montée en gamme de « l’offre Foire »
Elle insiste également sur « l’approche pédagogique des exposants ». « Nos questions sont de plus en plus précises. Est-ce que votre offre est au bon rapport qualité-prix ? Est-ce qu’elle s’est renouvelée ? Est-ce que vous la mettez bien en lumière, bien en scène », énumère-t-elle. L’objectif des organisateurs est ainsi que la participation des exposants soit « active et non passive ». « Dans le gros matériel par exemple, une grosse partie du chiffre d’affaires se fait après la Foire. Donc c’est la qualité du contact qui compte à condition que derrière l’exposant rappelle », souligne-t-elle.
Une démarche entreprise par la Safim qui conduit à une montée en gamme de « l’offre Foire ». « Notre volonté est de monter en gamme quel soit le type d’offre », indique en effet Catherine Casadeï. Et Richard Latière d’acquiescer en insistant sur la volonté de « condenser l’offre afin de la rendre plus qualitative que qualitative ». La Foire devient ainsi le terreau des nouveautés et des innovations. « La Foire est de plus en plus tendance avec les cuisines, la télévision du futur, la machine à repasser toute seule. Ce sont des choses qu’on ne voit pas dans les boutiques mais qui viennent de plus en plus en avant-première sur la Foire », relève Michel Kester.
La Safim ne laisse également rien au hasard au niveau de l’aménagement du Parc Chanot. « Quand on aménage, on cherche à rectifier les problèmes de l’année précédente. Or, depuis quelques années, ça fonctionne plutôt bien, et on voit les résultats de nos efforts pour parvenir à de meilleurs aménagements. Nous avons plus de réussites que d’échecs même s’il y a encore des efforts à faire », explique Richard Latière. Parmi les recettes qui ont bien fonctionné cette année, le directeur général de la Foire cite notamment le hall 2 consacré au Salon Meuble et Déco où « il y avait beaucoup de monde dimanche, un bon climat d’affaires », le hall 3 où a pris place l’Habitat qui a connu « des résultats comparables que ceux de l’an dernier, certains exposants ayant même mieux travaillé », le bilan très positif des exposants de piscines qui « ont rempli le carnet de commandes pour l’année », le hall international où « les exposants ont bien travaillé toute la semaine », le bilan « toujours positif » du pavillon italien, ou encore les petits artisans positionnés dans le Grand Palais qui ont « bien travaillé » grâce à « la quantité des exposants ».
Un seul bémol : les problèmes de stationnement
Michel Kester ne manque d’ailleurs de souligner le caractère crucial que revêt cet aménagement des 17 hectares du Parc Chanot. « Les exposants ont tendance à imputer à ces modifications le fait qu’ils aient moins bien travaillé quand c’est le cas », fait-il observer. Alors pour parvenir à s’améliorer encore d’une année sur l’autre, la Safim a « besoin d’éléments de mesure objectifs ». Une grande enquête, dont les résultats seront connus fin octobre, permettra ainsi d’obtenir un ressenti visiteurs et exposants via un panel large, et une étude des flux sur le site. « Nous verrons si certaines zones ont été mieux irriguées que d’autres. Cela débouchera sur un diagnostic précis via un débriefing complet. Cette enquête est importante car elle nous permettra de réorienter notre offre, de rectifier certains tirs, de redéfinir les objectifs pour la prochaine édition, avec la mise en œuvre d’un plan d’action commercial et d’un plan média », précise Catherine Casadeï.
Alors que même les conditions météo favorables ont été partie, Richard Latière ne manquant de relever les « oracles favorables » à la Foire, avec « lors de la nocturne, l’orage s’est déclaré à 22h30 alors que les visiteurs étaient déjà rentrés et le dernier dimanche, à deux heures près, l’orage aurait pu se déclarer en plein après-midi », Michel Kester tient cependant à apporter une ombre au tableau. « Nous avons connu des problèmes de parking. Beaucoup de visiteurs ont eu à pâtir des problèmes de stationnement », observe-t-il. Et de souligner que les parkings à distance avec la mise en place de navettes, ça « marche mal ». « Nous avons eu un tiers de ce que l’on attendait. Les gens ont envie de se garer tout près. Emprunter une navette, ça prend du temps et ça fait perdre du temps de visite. On n’empile pas impunément le temps de recherche d’une place et le temps de visite et je ne serai pas surpris que ce dernier ait diminué », relève le PDG de la Safim.
Même si les chiffres ne seront connus que dans quelques semaines, Michel Kester estime qu’« on a sûrement perdu des gens venus de loin » car « ce sont ceux qui ont le plus de mal à se garer ». « Il faut vite trouver des solutions. Nous avons dans les cartons un projet de parking silo. Je ne dis pas qu’il est financé mais on travaille à des solutions », indique-t-il. Et Richard Latière d’insister sur la volonté de trouver « une solution pérenne ».
L’effet MP 2013 dope le tourisme d’affaires
Malgré ce bémol, l’avenir s’annonce plus que jamais radieux tant pour la Foire de Marseille comme pour les événements et salons professionnels organisés tout au long de l’année par la Safim. Ainsi, à l’heure de « vite réattaquer 2014 » après s’être reposés « contents », les organisateurs affichent leur confiance à l’image de Catherine Casadeï. « On a une croissance des événements accueillis sur Marseille. Marseille-Provence 2013 est un événement sur lequel on va tous capitaliser. Avec l’augmentation de la capacité hôtelière, le tourisme et le tourisme d’affaires sont en train de décoller sur Marseille », explique la directrice adjointe de la Foire. Et de s’appuyer sur « la dynamique des acteurs de la destination » qui est « très importante et très intéressante ». « C’est une façon de faire la « Une » des médias avec autre chose que des faits divers sordides à laquelle on doit tous travailler », insiste-t-elle.
Michel Kester abonde dans le même sens. « En dépit du débat sur la sécurité, il y a aussi une Marseille très attractive. La Foire est l’événement qui bénéficie de Marseille-Provence 2013 car c’est déjà un rendez-vous populaire. Mais pour les salons professionnels et les événements, les personnes repartent ravies. Car c’est un nouveau Marseille, une ville nouvelle, avec le J4 ou la passerelle du Fort Saint-Jean. Et on le vit comme un élément déterminant de notre activité de tourisme d’affaires ; D’ailleurs depuis le début de l’année, les événements sont très réussis », analyse-t-il.
Quant à la 90e édition de la Foire de Marseille, elle s’annonce elle aussi sous les meilleures auspices. « Notre grand atout, ce sont les 17 hectares du Parc Chanot, poursuit le PDG de la Safim. Aucun site en France n’a autant d’atouts que Marseille avec un Palais des congrès et un parc des expositions, dont les attractivités se conjuguent pour en tirer les bénéfices. Le Forum mondial de l’Eau, aucun site n’aurait pu mieux l’accueillir avec 45 000 m² d’exposition et 45 salles de réunion. Les gradins mobiles sont l’avenir de notre profession et nous avons été les premiers à aller dans ce sens. » Une voie qu’emprunte aujourd’hui Paris qui vient de décider de construire un palais de congrès sur son parc des expositions de la Porte Maillot.
Le site du Parc Chanot se trouve en outre « au cœur de la ville » et le sera encore davantage dans quelques mois avec le prolongement du tunnel Prado-Carénage. « A partir de novembre, on va gagner 10 minutes pour accéder au Parc Chanot depuis l’aéroport de Marignane. Avec le développement de l’hôtellerie, on sera également de plus en plus au cœur de la ville. Et tout ce qui va donner de l’urbanité, on va en tirer les bénéfices », pronostique Michel Kester.
La Safim estime qu’elle va également continuer à tirer profit des investissements qu’elle a consentis. « La Foire est la prunelle de nos yeux. On a investi 50 M€ depuis 11 ans. Au détriment de la marge brute, on a accepté d’investir plus pour les Foires à venir. On le fait depuis 2-3 ans et on en est récompensés », observe le PDG de la Safim. Il table aussi sur « des marges de progression ». « Il n’y a pas que des éléments favorables. Le rond-point du Prado est en chantier depuis 3 ans. Si on aménage l’accessibilité et le stationnement, on a une marge de progrès », insiste Michel Kester.
Et d’en conclure ainsi d’ores et déjà que la 90e édition de la Foire de Marseille, une « foire anniversaire », sera « plus belle » encore que sa devancière..
Serge PAYRAU