L’opération «#MarseilleSolidaire» lancée au début du confinement, initiée par la toute nouvelle Fondation de Marseille, créée le 12 février dernier, a placé sur le devant de la scène des entrepreneurs et autres personnalités issus de la société civile locale. Des femmes et des hommes qui ont clairement prouvé à cette occasion leur capacité et leur efficacité à devenir toujours plus des acteurs incontournables de l’entraide sociale locale. Bilan de l’initiative citoyenne avec l’un des quatre fondateurs et présidents de cette Fondation de Marseille, Fabrice Necas, à la tête de la société «Only Pro Group», notamment.
Abritée par la Fondation de France, qui lui permet de bénéficier de son maillage local au sein des plus petites structures d’entraide de la ville et du territoire, la Fondation de Marseille a pu lancer son opération « #MarseilleSolidaire» pour récolter 250 000 euros et 230 donateurs. «C’est la première fois en 60 ans que la Fondation de France accepte de mener une telle démarche via un fonds local, qui avait pour thèmes d’actions solidaires : l’alimentation, le mal logement, l’éducation», explique Fabrice Necas qui avoue: «On ne s’attendait pas à connaître un tel engouement, une telle diversité de donateurs.» Il revient sur la genèse du projet: «Nous avions lancé 3 premiers projets au nom de notre nouvelle Fondation, en début d’année. Des projets qui nécessitaient la présence de public. Il y avait notamment : « La Dictée pour Tous », la « Compagnie les Toi Théâtres » qui permet aux plus défavorisés d’avoir accès à la culture, avec 200 personnes qui devaient se rendre au Théâtre du Gymnase pour assister à un spectacle dont ils avaient suivi la conception pendant un an. Puis la Covid est arrivé. Et on a décidé de créer un fonds de soutien à nous, unique à Marseille.»
«Trouver des solutions pour les toilettes des SDF et autres personnes en difficulté pendant la crise»
Quelques-uns des projets phares soutenus par la Fondation de Marseille ont été : «Bou’Sol» -Les Boulangeries Solidaires-, avec un don de 25 000 € pour livrer des milliers de paniers alimentaires à des familles en difficulté à la Belle-de-Mai (3e). «Le Carillon», dispositif lancé par l’association «La Cloche Sud» pour qu’un réseau de commerçants puisse venir en aide aux sans-abri et plus démunis. «Les Casseroles Solidaires» aux Jardins du Cloître de Marseille (13e arrondissement) qui a permis aux personnes dans le besoin de bénéficier de repas de qualité chaque semaine. Des dons ont encore été servis pour la Banque alimentaire, pour le projet soutenu par «Emmaüs Connect » avec des tablettes fournies aux enfants afin de pouvoir suivre les cours en ligne, ou encore en faveur d’associations pour fabriquer des masques. « Il fallait aller dans le concret, comme se pencher pour trouver des solutions pour les toilettes des SDF et autres personnes en difficulté pendant la crise», ajoute Fabrice Necas qui souligne: «Cette crise nous a fait vivre de manière amplifiée les urgences d’hébergement, alimentaire et d’éducation habituelles à Marseille. Une ville, faut-il le rappeler, et on ne l’entend plus aujourd’hui, qui a vécu une crise humanitaire pendant le confinement.»
«Je suis aussi écœuré en entendant dire que Marseille n’ira bien que si untel ou untel passe aux élections»
Il précise vite sa pensée : «Le monde d’après ? Je constate la pauvreté de certains discours politiques actuels. Des déclarations qui ne font que segmenter la Ville. Je leur rappelle donc qu’il y avait une crise humanitaire à Marseille. La réalité est que les gens travaillaient mais n’avaient pas à manger. Je suis aussi écœuré en entendant dire que Marseille n’ira bien que si untel ou untel passe aux élections. C’est pathétique. Je pense que cela vient d’une ancienne école qui est en bout de course. Marseille est très belle au centre-ville, mais il faudrait plus aller voir ce qui se passe dans ses quartiers les plus défavorisés, laissés à l’abandon depuis des années. Si on continue ainsi, à la fin, ça risque de péter.» C’est dit. Fabrice Necas pointe aussi du doigt des personnalités du monde artistique, notamment, qui n’auront pas joué le jeu pendant la crise, se servant de cagnottes à d’autres fins, personnels. «On ne peut pas dire que plusieurs aient agi dans le sens de la collectivité et de la solidarité. On a vu un peu partout des cagnottes Leetchi se développer. Et beaucoup de bonnes volontés ont été gâchées. Pas toujours, bien sûr, mais cela a souvent été de l’argent jeté par la fenêtre. Le confinement a confirmé que les attitudes étaient un peu plus amplifiées aussi dans le pire ou le meilleur avec ceux qui donnent. Pour notre Fondation, cela a confirmé une autre idée : le besoin de structurer davantage tout cela.»
«Il y a une vraie solidarité ici, et, pour l’organiser, la canaliser, on peut être capital»
Dans le but de fédérer le plus de monde autour de différents projets, les quatre entrepreneurs à l’origine de la Fondation de Marseille ont défini leur structure : «apolitique et agnostique», pour ne surtout pas être catalogués ou devenir «une petite association de passage.» Fabrice Necas poursuit : «Au moins, à l’avenir, on devrait nous écouter. Le côté citoyen est fondamental dans notre démarche. Parmi nous, autour de nous, certains manifestent parfois. Et nous ne somme pas que des débiles qui manifestons dans la rue… On entend pousser dans un seul sens et cette ville s’y prête. Car il y a une vraie solidarité ici, et, pour l’organiser, la canaliser, on peut être capital.» Pour le fameux monde d’après, toujours, il retient surtout le fait qu’une «vraie responsabilité des chefs d’entreprise, comme des salariés», devrait émerger face à de telles urgences soudaines pouvant susciter des dons, petites attentions, chaleur humaine, actions citoyennes et bénévoles. « Mais le naturel revient vite au galop, vous savez, constate-t-il, ce que l’on sait aujourd’hui est que la Fondation de Marseille est née, bien née dans le but de mener des actions locales basées sur la solidarité, et permettre à ceux qui nous aiment de nous suivre. Pour cela, la Fondation de France est notre caution morale et nous permet d’aller plus vite là où il faut aider, là où il y a urgence, grâce à son réseau d’associations sur le territoire. C’est un gros avantage.»
Bruno ANGELICA
Toutes les informations sur la campagne solidaire de dons sont sur le site : fondation-marseille.org
La Fondation de Marseille La Fondation de Marseille a vu le jour le 12 février 2020. Elle est abritée par la Fondation de France à Marseille. Elle se décrit « sans étiquette, non partisane, apolitique et agnostique». Elle a été lancée par 4 entrepreneurs locaux : Fabrice Alimi, dirigeant-fondateur du Groupe AA-Novelis, à l’origine de Tamdem – le hub mentorat de la CCI Aix Marseille Provence. Christophe Baralotto, co-fondateur de Provepharm et MailinBlack à l’origine de Dégun sans stage. Fabrice Necas, président d’Argeste, Cirocco, Voices’Prod, Mistral Events et Provence Mécénat, directeur général d’Only Pro Group, à l’origine encore de Provence Mécénat. Cyril Zimmerman, co-fondateur d’AdUX, de HiPay, de FelixCitybird, du cinéma bistrot La Baleine et de l’école La Plateforme. «Les défis sont nombreux, notamment à l’égard des plus vulnérables», expliquaient-ils dans un communiqué commun pour mieux faire comprendre la démarche. «Les situations critiques se multiplient, et dans une ville comme la nôtre, ce n’est pas une fatalité, chacun peut faire sa part… et la différence pour la fierté de Marseille et de ses habitants. La Fondation de Marseille est avant tout un outil pour les PME, celles qui se développent, recrutent et ont envie de faire évoluer le territoire. Les grands groupes aussi peuvent nous rejoindre, mais on sait qu’ils ont déjà souvent leurs propres outils. Les donateurs sont des entreprises ou des entrepreneurs.», déclaraient-ils. Au-delà du soutien financier, la Fondation mise aussi «sur l’importance du réseau de ses donateurs pour venir en aide aux porteurs de projets.» |