Publié le 24 mai 2015 à 15h20 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Chaque jour dit un peu plus la nécessité ainsi que la pertinence de la Fondation du Camp des Milles, de ce lieu qui donne les outils pour résister à l’engrenage des extrémismes, des racismes et de l’antisémitisme, du nom de l’ouvrage publié au Cherche Midi sous la direction d’Alain Chouraqui, le président de la Fondation. Grâce à Virginie et Xavier Daull, le travail scientifique du site entend partir à la rencontre du monde entier et créer une plate-forme sur laquelle les jeunes pourront débattre. Nul doute que les collégiens de Fernand Léger, à Berre l’Étang y prendront toute leur part tant, avec leurs professeurs, ils portent une attention digne du plus grand intérêt aux questions en jeu là.
«Nous voulons transmettre et partager des clés historiques»
Il n’est en rien évident de s’engager dans une telle aventure, mettre son activité entre parenthèse pour partir faire le tour du Monde. La vie de Virginie Daull et son mari Xavier a changé le jour où Virginie a rencontré Odile Boyer, la directrice adjointe du Camp des Milles. «J’ai été passionnée, un choix de vie s’est imposé, j’ai souhaité travailler à la Fondation, j’en ai parlé à mon mari qui a été d’accord. J’ai été recrutée, j’ai voulu intervenir auprès des collégiens, les accompagner dans leur visite car je voulais devenir une passeuse de mémoire, m’inscrire dans un projet citoyen. Puis s’est imposée l’idée de rencontrer des collèges, lycées, universités, lieux culturels à travers la France et le Monde. Nous voulons transmettre et partager des clés historiques, scientifiques et artistiques pour permettre au plus grand nombre de mieux comprendre le racisme, l’exclusion, les extrémismes et initier une dynamique forte afin de réfléchir et d’agir pour le vivre ensemble».
«Un voyage dans les mémoires, pour les faire converger»
Le départ devrait avoir lieu en octobre 2015. Mais ajoute-t-elle, «il pourrait être repoussé au début 2016 car nous ne voulons surtout pas partir précipitamment». L’objectif est de rencontré au moins 6 000 élèves dans un périple qui verra Virginie et Xavier Daull traverser la France, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, la Pologne, l’Arménie, le Rwanda, l’Afrique du Sud, l’Inde, le Cambodge, la Corée du Sud, la Chine, le Japon, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, le Panama, les États-Unis, le Canada et l’Algérie… (la liste des pays n’est pas close). Il s’agit d’«un voyage dans les mémoires, pour les faire converger. Nous parlerons de déshumanisation, de résistance, mais aussi de réconciliation».
Sur le fond, rien à dire, le dossier est fort, dense, riche. En revanche, ce sont des fonds qui manquent encore. «Nous avons des partenaires qui nous rejoignent, il nous en manque encore. A partir du 26 mai, nous allons lancer une opération de crowdfunding sur HelloAsso». Un soutien qui offrira une forte visibilité dans les médias; la possibilité d’associer son image à un projet de valeur; d’inscrire son entreprise dans une démarche citoyenne et pouvoir bénéficier d’un label Unesco, sans oublier la possibilité d’inscrire les collaborateurs à la Newsletter de vivonsensemble.org. Lors de la présentation du projet à de potentiels partenaires, des membres du collège Fernand Léger étaient présents. Ils peuvent, en effet, servir d’exemple à nombre d’établissements.
«J’ai été profondément marqué par le volet réflexif»
Cédric Bertone, professeur de mathématiques à Fernand Léger, raconte: «J’aime marcher. En 2013, j’avais fait le pari que je ferais Aix, le Camp des Milles aller-retour à pied. Je suis arrivé à 10 heures, je suis reparti …à 16 heures. J’ai été profondément marqué par le volet réflexif. Tout s’est éclairé pour moi. Après cela j’ai su comment intervenir auprès des jeunes. J’ai monté très rapidement un cahier des charges que j’ai proposé à Séverine Bouffard, la professeur d’histoire-géo. Elle est intéressée et contribue à ce projet qui vise à favoriser le développement du citoyen éclairé et responsable».
La première année est centrée autour de deux actions : «Une étude comparative entre le film « La vague » et le roman ainsi que la visite du camp des Milles. Cinq professeurs ont participé à cette première aventure, nous en sommes à la deuxième et 11 professeurs participent à la vingtaine d’actions qui rythme l’année. On travaille toujours sur « La vague » mais aussi « La liste de Schindler »… les élèves réalisent des œuvres et proposent deux représentations, sans oublier les visites aux Milles». Et Cédric Bertone ne cache pas son émotion lorsqu’il évoque que: «spontanément des élèves de 3e sont venus nous voir pour nous dire qu’ils souhaitaient monter une pièce de théâtre afin de transmettre aux 6e ce qu’ils ont appris. Ils deviennent ainsi des passeurs de mémoire».
Virginie Daull, habituée à accompagner les collégiens lors de visites qui durent en moyenne 2h30, indique : «Là, on sent qu’ils ont longuement réfléchi, travaillé sur la visite qui dure parfois plus de 4 heures et ils sont toujours passionnés et passionnants». Alors la crise économique, sociale, morale est là, les mécanismes qui peuvent conduire au pire sont à l’œuvre, mais ils sont résistibles. Le travail accompli à Fernand Léger prouve toute l’utilité des Milles, les potentialités qu’il offre. Virginie et Xavier Daull entendent bien apporter cette flamme à travers le monde. Il y a tant de ténèbres à éclairer.
Michel CAIRE
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