Publié le 3 mars 2013 à 4h00 - Dernière mise à jour le 6 juin 2023 à 19h19
Une station plus que jamais sanitaire
Un couple visite les locaux de la Fondation Regards de Provence, avec une attention toute particulière, il s’agit de Jean-Marc Tomasini et de son épouse. Ce moment est tellement important pour eux qu’il a posé un jour de congés pour être là. Il faut dire que tous deux ont habité en ces lieux entre 1977 et 1992, Jean-Marc travaillant au sein de la station sanitaire. « Nous nous occupions du Port autonome, la vedette était juste en bas, elle nous permettait d’aller effectuer les contrôles sanitaires sur les bateaux ». Ces propos donnent encore plus de chair a ce lieu que la Fondation Regards de Provence a voulu préserver, magnifier. Il est une mémoire vive de cette histoire et regrette qu’il n’y ait plus trace de « la superbe bibliothèque qui se trouvait dans le bureau du directeur, au 3e étage ». De même, il s’étonne « de ne pas voir exposé le petit musée comprenant toute une série d’instruments utilisés au fil du temps ». Adeline Granerau, responsable de la communication de la Fondation, rencontre le couple, leur demande des anecdotes, des photos, explique à quel point Regards de Provence est sensible à l’histoire de ce site, un ouvrage est d’ailleurs en préparation sur son évolution, tous les souvenirs sont les bienvenues. Tant ils ont été difficiles à recueillir. « La station a été à l’abandon pendant vingt ans. Pire, en 2009, l’État qui en était le propriétaire ne savait pas quoi en faire. Elle a même failli être rasée. Nous l’avons visitée en mai 2010 et décidé de la réhabiliter ».
Comment ne pas être séduit par ce bâtiment construit en 1948 par les architectes Champollion, Egger et Pouillon ? « Héritière des lazarets du XVIIIe et XIXe siècles, elle permettait la désinfection des passagers arrivant par les voies maritimes et aériennes, le dépistage des cas douteux et la prise en charge des malades ». La station sanitaire est donc un lieu chargé d’histoire « celle d’une ville au cœur de la lutte contre les épidémies ». C’est, de plus « une réalisation architecturale de grande qualité, pensée comme une réponse fonctionnelle à la question de la lutte sanitaire, à un moment où celle-ci connaît un nouveau tournant ».
Les architectes ont livré une architecture ultra-fonctionnelle, conçue comme une machine de contrôle sanitaire. « Les usagers devaient suivre un parcours déterminé, soigneusement organisé, de désinfection, désinsectisation et diagnostic, avant d’être autorisés à pénétrer le territoire. Pour autant, cette machinerie n’était pas inhumaine ; les promoteurs et les architectes ont veillé aussi à la qualité de l’accueil et de la lumière ».
Au centre du bâtiment, la salle des étuves conservée dans la réhabilitation, directement accessible depuis l’entrée du Musée, est un espace de dimension moyenne, en très bon état de conservation, qui présente une façade évocatrice et spectaculaire d’autoclaves et de machineries. L’exposition permanente « Mémoire de la station balnéaire », intégrant ce complexe des étuves, est mise en valeur à travers un projet scénographique fort. Les artistes scénographes Dominik Barbier et Anne van den Steen, ont conçu une scénographie d’images pour illustrer en trois dimensions l’histoire de la peste à Marseille, celle du contrôle sanitaire à Marseille et en Méditerranée ; celle, enfin, de la station sanitaire maritime et de son projet architectural par Fernand Pouillon. « L’intention de cette exposition et d’immerger le public dans l’émotion et l’histoire. Les scénographes ont été assistés du compositeur et sound designer, Simone Martini, de l’artiste en eau Pierre Luu, des créateurs-lumières Jean-François Raggaru et Vincent Delaroque ».
Luc CONDAMINE
Le Musée est ouvert tous les jours de 10 heures à 18 heures et le vendredi de 10 heures à 21 heures. Billet exposition-permanente : tarifs : 3,50 -3 euros.
Billet exposition temporaire : plein tarif : 6 euros. Tarifs réduits : 5-4,20-2 euros.
Billet couplé exposition temporaire et exposition permanente : plein tarif : 7,50 euros. Tarifs réduits : 6,50-5,50 euros.