Publié le 7 février 2022 à 15h36 - Dernière mise à jour le 19 décembre 2022 à 16h14
Christophe Madrolle, conseiller régional en Provence-Alpes-Côte d’Azur, président de la commission biodiversité mer, littoral, parcs régionaux, risques, insiste sur l’importance de répondre aux enjeux climatiques en Méditerranée, rappelle les actions de la Région en la matière et insiste sur l’importance de la coopération internationale. Entretien.
Destimed: Quel est pour vous l’enjeu essentiel de ce Forum des mondes méditerranéens?
Christophe Madrolle: La question de la protection de la mer Méditerranée, de sa biodiversité, de son littoral, est une obsession permanente pour moi et elle est nourrie par la publication de nombreux rapports. Comment songer à son futur si nous n’agissons pas dès maintenant pour la préserver? Comment ignorer que la pollution, le réchauffement climatique, ont des enjeux environnementaux, sociaux, économiques? Comment ignorer qu’il est tard, qu’il est plus que jamais urgent de réduire le réchauffement climatique mais qu’il est là et qu’il va empirer. La hausse moyenne du niveau de la mer en Méditerranée devrait s’accélérer d’ici 2100 principalement à cause de la dynamique du système océanique mondial et de la calotte glaciaire. Vers 2100, le niveau moyen de la mer dans le bassin sera vraisemblablement de 37 à 90 centimètres plus élevé qu’à la fin du XXe siècle. Dans les systèmes côtiers, la hausse du niveau de la mer impactera la plupart des infrastructures, les aquifères, les cultures côtières… Les villes côtières sont particulièrement touchées. Si nous ne faisons rien pour la Méditerranée c’est nous, nos territoires, notre art de vivre… que nous mettons en danger.
Vous êtes élu au conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, quelles sont les initiatives de la Région sur cette thématique?
La Région accompagne les initiatives visant à enrichir les connaissances sur les écosystèmes marins et littoraux, ainsi que les politiques de gestion du milieu marin dans un but de préservation, de réhabilitation et de valorisation de la biodiversité marine. Sans oublier la protection des zones humides (Camargue par exemple).
Nous avons plusieurs actions phares dont le projet «Posbemed2» qui vise à accompagner les collectivités dans la gestion des banquettes de posidonies sur les plages de Méditerranée. Il s’agit de développer une approche plus durable du tourisme balnéaire en minimisant l’impact des activités humaines sur les écosystèmes côtiers en général et la posidonie en particulier. Les écosystèmes littoraux et les sociétés méditerranéennes sont parmi les plus menacés de la planète.
Avec le vote du Plan Climat, le territoire régional est en marche pour préparer son adaptation. Cela passe par un approfondissement des connaissances et des retours d’expériences, par une amélioration de la capitalisation des données, de leur valorisation et de leur diffusion auprès des décideurs locaux et des citoyens. Je rappelle que la Région a fait de la thématique «adapter les littoraux au changement climatique», une des priorités de son Plan Climat 1 et 2. Sur la période 2021- 2026, 20 millions d’euros seront investis pour répondre à cet enjeu majeur avec comme objectif de réduire la vulnérabilité des territoires côtiers à la submersion et à l’érosion tout en maintenant la naturalité du trait de côte.
L’urgence et là, seul on ne pourra y faire face, comment fédérer?
Face à l’urgence de la situation climatique en Méditerranée, la Région a placé au cœur de sa politique de coopération internationale, les enjeux climatiques et environnementaux. Pour son opérationnalité, l’Institution a utilisé plusieurs leviers d’actions efficaces et concrets : lancement de Méditerranée du Futur dont le premier volet a concerné l’environnement ; introduction de la priorité « environnement » dans les accords de coopération ; lancement de deux appels à projets sur les thématiques environnementales dans le cadre de projets de coopération décentralisée (MED Climaaat et 3E); mobilisation de l’ensemble des gouvernements locaux de la Méditerranée aux côtés de la France et de l’Europe pour relever le défi du changement climatique.
Propos recueillis par Michel CAIRE
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