Renaud Muselier, président Provence-Alpes-Côte d’Azur et Salima Saa secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes ont ouvert le 3e Forum Respect pour les femmes. Salima Saa a annoncé à cette occasion que malgré les contraintes, son budget augmenterait de 10%.
«J’étais en fonction depuis 24 heures à peine que je recevais une invitation pour être la marraine de cet événement. J’ai apprécié qu’un homme organise une telle manifestation qui, en plus s’intitule respect pour les femmes », souligne Salima Saa, la nouvelle secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, qui annonce dans ce cadre que, bien que l’heure soit aux économies elle présente «un budget en hausse de 10 %».
Le programme égalité femmes-hommes dans le budget 2025 s’élèvera donc à 85,1M€, en hausse de 7,7M€ par rapport au budget de 2024. « Une hausse qui bénéficiera essentiellement à l’aide universelle d’urgence pour les victimes de violences conjugales. Un dispositif qui permet aux femmes victimes de violences de recevoir un don ou un prêt d’urgence dans les 3 à 5 jours, de la part de la CAF pour subvenir aux dépenses immédiates liées au départ du foyer conjugal», précise-t-elle avant d’ajouter que «ce dispositif, en moins d’un an, a montré son efficacité puisque plus de 26 000 femmes en ont bénéficié.»
La secrétaire d’État souhaite également voir se généraliser le « pack nouveau départ » -actuellement testé dans le Val d’Oise, les Bouches-du-Rhône, la Côte d’Or, le Lot et Garonne et la Réunion- dispositif qui permet aux femmes de se séparer d’un conjoint violent et de bénéficier d’une ouverture accélérée de leurs droits sociaux, à un logement, un soutien psychologique…
Salima Saa tient à évoquer le procès de Mazan : « Il est historique, il évoque l’horreur, interroge sur ce qui s’est passé pour que nous en arrivions là. Ce procès pose la question de la soumission chimique mais aussi celle du consentement. On va travailler avec le ministre de la Justice pour instaurer la notion de consentement dans le droit et nous savons que, pour parvenir à un texte équilibré nous devons faire un travail de dentelle.» Elle présentera son programme de lutte contre les violences faites aux femmes dans une dizaine de jours.
Au-delà de la question des violences la secrétaire d’État aborde celle de l’égalité et pour cela, elle invite les jeunes filles : « A croire en leur rêve. Vous ne devez pas vous autocensurer, osez ! Les femmes n’osent pas faire autant de réseau que les hommes, c’est une erreur et il faut foncer, si on vous dit non ce n’est pas grave, ce qui est grave c’est d’abandonner avant d’avoir essayé. »
Renaud Muselier revient sur ce qui a motivé cette action pour les femmes et contre le harcèlement : « Je suis un homme blanc de plus de soixante ans, un père de famille, j’ai compris, avec le mouvement Me too qu’un désastre se passait sous mes yeux sans que je mesure la gravité de la situation. C’est ainsi que la Région s’est engagée dès 2021, à lutter contre ce fléau à travers son plan de lutte contre les violences faites aux femmes avec un financement annuel de 2,7 millions d’euros pour protéger, sécuriser, et mettre en place des actions de prévention ».
971 femmes ont ainsi été protégées grâce aux « Téléphones Grave Danger» distribués pour alerter en cas de danger imminent et 162 bracelets anti-rapprochement, ont été distribués. 1 000 boutons d’alerte connectés « Monshérif» ont été déployés pour renforcer la sécurité au quotidien. Plus de 22 000 femmes sont soutenues chaque année par les Centres d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles et les Plannings Familiaux. 11 maisons régionales des femmes ont soutenu 3 000 femmes en offrant un accueil, un accompagnement et un soutien. Renaud Muselier précise : « Nous sommes la seule région à avoir un partenariat renforcé avec la justice pour protéger 38 000 victimes, dont 13 000 victimes de violences intrafamiliales et 3 000 victimes d’infractions sexuelles, avec l’accompagnement d’associations agréées par le ministère de la Justice. » Et de laisser entendre que, « si plus de moyens sont nécessaires ils devraient pouvoir être trouvés». Concernant les lycéens, il annonce : « 178 agents de la garde régionale des lycées ont été formés pour identifier les victimes de violences intrafamiliales. En 2023-2024, près de 13 300 lycéens ont participé à des ateliers de sensibilisation sur le harcèlement, notamment le cyberharcèlement ainsi qu’à la culture de l’égalité filles-garçons.» De plus, poursuit-il: « Nous avons mis en place, depuis 2022, un concours régional, Pour en finir avec le harcèlement récompensant les lycées pour leurs créations artistiques (vidéos, affiches et autres supports) de sensibilisation.» Renaud Muselier rappelle : « Nous avons 123 jeunes au conseil régional de la jeunesse on leur a demandé de nous aider, car nous n’avons pas la même réflexion qu’eux, à nous faire des propositions sur ces questions de l’égalité Homme/Femme et du harcèlement et nous les entérinerons à la Région. » Et, il tient à préciser : « Nous sommes là devant des questions qui ne relèvent pas de notre domaine de compétence mais sur lesquelles nous devons agir. Pour cela nous travaillons avec la justice et avec les associations. » Et d’évoquer à son tour l’importance du procès de Mazan et de rendre hommage à Gisèle Pélicot.
Michel CAIRE