Publié le 8 juillet 2016 à 19h54 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h45
Francis Kalifat, le nouveau président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) national, élu le 29 mai, succédant ainsi à Roger Cukierman était à Marseille pour le dîner du Crif Marseille-Provence dont l’invité d’honneur était Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur. A cette occasion le président du Crif a demandé la dissolution du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions). «Ce groupe est illégal, rappelle-t-il, il véhicule sous le couvert de l’extrême-gauche et de l’antisionisme, un antisémitisme virulent et violent. Il faut interdire le BDS de façon définitive car il contribue à un climat délétère et alimente un climat de haine contre les Juifs». Il souligne à ce propos : «Les juifs de France sont inquiets, le Crif aussi car les Français juifs représentent 1% de la population et ils sont la cible de 40% de tous les actes racistes en France». Il évoque les victimes des attentats, depuis Charlie Hebdo, ceux qui sont morts parce que journalistes, dessinateurs, ceux parce que militaires, policiers, représentants la défense, la sécurité, les victimes mortes parce que juives, les 130 morts du Bataclan et des restaurants, cafés, «coupables d’être la France». Il dénonce «un radicalisme qui veut imposer la charia sur notre territoire comme en Afrique, en Asie, dans d’autres pays européens, aux États-Unis ». Met en exergue : «Beaucoup de nos enfants ont quitté les écoles publiques, 8 000 Juifs sont partis, non parce que la France soit antisémite mais parce qu’il existe de l’antisémitisme en France». Des Juifs «qui sont en France depuis plus de 2000 ans qui, depuis 1791, disposent d’une pleine et entière citoyenneté et qui sont aussi la France. Alors la France ne serait plus la France sans les Juifs». Alors, pour, lui : «l’heure de la tolérance zéro est venue, vis à vis du BDS mais aussi d’internet, vecteur d’antisémitisme, de racisme, d’homophobie et de radicalisation». Francis Kalifat demande donc de la rigueur, des sanctions, mais son propos ne se réduit pas à cela :«L’éducation n’a pas remplie son rôle puisque elle n’a pas empêché que des gens, des jeunes notamment, tuent au nom d’une idéologie de haine. Il faut réinculquer les valeurs de base, le vivre ensemble, pour sortir du cancer du racisme et de l’antisémitisme». Il insiste à ce propos sur l’importance du travail accompli par la Fondation du Camp des Milles : « Il est exceptionnel. Il est important que la jeunesse puisse trouver de la mémoire, des clés de compréhension, pour que des engrenages ne se reproduisent plus». Souligne l’importance de la laïcité : «Nous sommes attachés aux valeurs républicaines et à la laïcité. Elle doit permettre à chacun la pratique de sa religion et garantir le vivre-ensemble. La laïcité n’est donc pas uniformité ou interdiction, c’est une valeur rare qui permet à chacun de pratiquer son culte en toute liberté dans un État qui n’a pas de religion».
Michel CAIRE