Publié le 27 mai 2021 à 20h36 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 18h00
Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, président de Régions de France, s’est rendu à Saint-Mandrier-Sur-Mer dans le Var, en compagnie de François de Canson, président du Comité Régional du Tourisme, Conseiller Régional, maire de La-Londe-les-Maures qui a insisté sur le poids du yachting dans l’économie régionale.
En France, la Grande Plaisance (Yachting) concerne l’écosystème économique et social qui intervient sur les navires de plus de 24 mètres (30 mètres à l’international). Provence Alpes-Côte d’Azur est la première région maritime de France avec plus de 120 000 emplois affectés aux différents secteurs de l’économie de la mer. En matière de nautisme, elle occupe le premier rang de l’ensemble des composantes de la filière et représente près du quart de la production industrielle et des effectifs salariés. Par ailleurs, Région Sud accueille, en moyenne, près de 40% de la flotte mondiale de yachts.
Pour François de Canson parler yachting, «c’est parler de la mer, de tourisme, de ce qui est constitutif de la région Sud depuis l’origine et de l’économie demain». D’ailleurs selon lui : « Le poids de la filière est difficile à appréhender, dans la mesure où il n’existe pas de classification permettant de répertorier les entreprises travaillant dans le secteur, représenté par un marché très atomisé. En France, il n’y pas de données économiques et sociales consolidées montrant l’importance de cette activité. On estime à environ 3 milliards d’euros les retombés directes et indirectes, générées annuellement, pour les territoires littoraux, liées à la présence des yachts, des équipages et de leurs propriétaires ».
La plaisance au cœur de la stratégie régionale
Concernant le secteur, la politique régionale se veut structurante, aussi bien sur le plan de l’aménagement du territoire, en agissant pour la qualité des infrastructures, que sur un plan fonctionnel, en constituant un réseau de partenaires. « La Région est à l’origine d’une stratégie novatrice en matière de gestion des ports de plaisance. Elle a créé la certification européenne « Ports propres » et la certification nationale « Ports propres actifs en biodiversité ». Elle est le territoire le plus avancé au monde, quant à la gestion environnementale avec 66 ports certifiés « Ports propres » et 22 certifiés « Ports propres en biodiversité » et plus de 6 millions en subventions ont été investis dans ces dispositifs. Aujourd’hui, la crise sanitaire déséquilibre l’économie, met sous pression certains espaces naturels protégés, modifie les comportements et, en contraignant à l’annulation des salons nautiques, incite les modes de commercialisation à s’adapter », explique le président du CRT.
Aussi, la Région a pris le parti d’affirmer son positionnement en faveur du secteur du nautisme, de la grande plaisance et de la croisière, autour de 4 enjeux :
• Faire de ces filières nautiques régionales les leaders mondiaux du secteur
• Préserver et améliorer la qualité environnementale de l’espace maritime et littoral
• Favoriser le développement durable de la politique des sports et de loisirs nautiques
• Promouvoir l’identité maritime régionale
Des enjeux clairement définis
Le président du CRT conclut : « Les acteurs du yachting vivent une crise de croissance amplifiée par le contexte sanitaire et économique. L’enjeu est la structuration de la filière, pour peser dans les débats et sortir de ce déficit d’image. La France et le secteur du tourisme, souffrent du manque de chiffres. Nous avons pris les devants pour devenir les leaders de l’observation, et réaliser une étude qui permettra de quantifier le poids économique de cette filière et son impact sur les territoires. Tourisme et yachting se doivent d’évoluer ensemble. L’étude que nous porterons constituera un socle solide et indispensable pour l’évolution stratégique de votre filière ».
Gilles CARVOYEUR
Verbatim
Renaud Muselier: Rencontre avec le Riviera Yachting Network à Saint-Mandrier-sur-Mer
Être devant vous aujourd’hui, au cœur de ces sites d’excellence, au mois de mai, n’est pas anodin. Tous les ans, le Festival de Cannes et le Grand Prix de Formule Un de Monaco marquent le coup d’envoi de la saison du yachting sur nos littoraux, saison qui se poursuit jusqu’en septembre.
Certes, les agendas sont chamboulés, certes comme l’an passé l’absence d’une partie de la clientèle du grand international impacte ce début de saison, mais il a lieu. Je ne reviendrai pas sur les chiffres donnés, simplement sur deux données :
Notre région accueille près de la moitié de la flotte mondiale de yachts, notamment en été, c’est assez pour nous positionner et donner une idée de l’importance stratégique de votre filière en région Sud.
La Grande Plaisance est très impactée par la crise sanitaire. La fermeture de l’espace Schengen, en dehors duquel réside la très grande majorité́ des clients du Yachting, a eu comme conséquence pour vous, professionnels de ce secteur, une baisse d’activité de l’ordre de 60 % à 80 % pour 2020. Nous devons vous donner les moyens à la hauteur de cette exigence et être aux côtés de la filière Yachting Europe et nationale.
L’Europe sert lorsque l’on sait s’en servir. Nous sommes allés ensemble au combat en déposant deux questions prioritaires à la Commission Européenne : L’une sur l’infraction de l’Italie aux règles fiscales de l’Union pour les bateaux de plaisance, l’autre sur l’harmonisation des réglementations en matière de fiscalité sur le gasoil des navires en location et sur le paiement des cotisations retraites des équipages permanents.
Et nous avons obtenus différentes victoires pour le secteur nautique au Parlement Européen : En premier lieu, sur la réforme portuaire avec la défense contre la concurrence déloyale des professions portuaires françaises, sur la sécurité des navires avec la mise en place de normes de production et de taille de navires, notamment la protection du secteur de l’aluminium et sur le statut des ports français avec la non application de l’impôt sur les sociétés pour nos ports.
Au national, il nous a aussi fallu œuvrer sur le régime d’assurance pour les marins étrangers résidents en France, rendu obligatoire à un moment à l’ENIM, et l’exode de yachts qui s’en était suivi.
Nous sommes aux côtés de la filière Yachting en région.
Quelques chiffres sur les 14 mois que nous venons de traverser. Sur l’ensemble de la région, 2,4 milliards d’euros ont été engagés dans la crise, 960 000 aides ont été versées aux entreprises et associations, 36 000 appels ont été reçus en un an sur le portail dédié. Nous avons contribué à hauteur de 36 millions d’€ au Fonds National de Solidarité, et 24 % du Fonds Covid-Résistance, c’est-à-dire, 37M€, monté avec vos Collectivités, ont été versés aux entreprises du tourisme. Enfin, nous avons abandonné notre part d’impôts de production négociée avec l’État, 50 % de vos cotisations.
Ce, en appui de ce que nous faisions déjà ensemble, car l’objectif était de maintenir les emplois, de sauver l’offre pour que vous puissiez être au rendez-vous de la reprise. Il fallait sécuriser l’ensemble des dispositifs qui vous sont dédiés et que nous avons fabriqués de concert.
Au sujet du Campus des Métiers et des Qualifications de la Mer, Provence-Alpes-Côte d’Azur est la première région maritime française, elle rassemble 120 000 emplois dans ce secteur. Grâce au Campus des Métiers et des Qualifications des Métiers de la Mer, nous soutenons la formation dans 17 métiers en tension, pour la création de 70 000 emplois supplémentaires. Cette dynamique régionale, portée par l’Université de Toulon, a fait l’objet d’un investissement régional de 2,5 millions d’€ ces cinq dernières années.
Aujourd’hui, grâce à cette reconnaissance et à ces financements, nous ouvrons la voie à 10 000 formations supplémentaires, mais également à une dynamique internationale pour le développement de l’économie bleue dans une région définitivement tournée vers la Méditerranée.
Des équipements inédits sur le territoire. Nous sommes au premier rang mondial pour les chantiers navals spécialisés dans la réparation et la maintenance. A travers l’Opération d’Intérêt Régional « Économie de la Mer », la Région amplifie son engagement et fait émerger des grands projets structurants, comme la construction d’un ascenseur à bateaux jusqu’à 6 000 tonnes, à Marseille, avec Monaco Marine, et un équipement allant jusqu’à 4 700 tonnes à La Ciotat, pour un investissement global de 70 millions d’€.
Une nécessité, aller plus loin. La saison 2020 que vous avez traversée a été éprouvante pour l’ensemble de la profession, cet été je l’espère sera différent, mais nous le savons, les challenges à relever sont nombreux.
Il y a deux urgences
Avec François de Canson, nous continuerons à nous battre afin que le yachting soit éligible à un Fonds de Soutien Spécifique. Si une première ligne de 300 millions d’€ a été inscrite il y a un an, BPI-CDC, pour la plaisance, la montagne et le thermalisme, le compte n’y est pas il faut aller plus loin. Il faut, sur le sujet du yachting, travailler comme nous l’avons fait pour la montagne. Réfléchir en termes de codes NAF n’a aucun sens, il faut un plan dédié avec un croisement implantation géographique et lien à l’activité yachting. Nous solliciterons à nouveau les équipes de Bruno Le Maire et de Jean Baptiste Lemoyne à ce sujet. Il faut en sortir.
Tout aussi urgent, dès cette semaine, je saisirai le Premier Ministre afin de demander un moratoire d’une saison sur l’arrêté mouillage 123/2019 et sur ses déclinaisons territoriales en Méditerranée, en le conditionnant bien entendu à la mise en œuvre de mesures fortes et innovantes pour la préservation de nos herbiers de Posidonies.
Comment imaginer perdre des centaines de mouillages dès cette année alors que vous vivez de plein fouet les conséquences d’un été 2020 compliqué et d’un été à venir encore incertain. C’est la double peine.
La volatilité de vos clientèles n’est pas à prendre à la légère, si elles persistent dans leur choix de partir cet été vers d’autres pays, en Croatie, au Monténégro, en Grèce, en Turquie ou plus directement en Italie ou en Espagne, c’est toute votre filière qui va souffrir jusqu’aux activités de refit. Sur cette question des mouillages écologiques, la Région a déjà l’expérience des Zones de Mouillages d’Equipements Légers de plaisance, les mouillages du Parc de Port-Cros en sont une parfaite illustration.
Nous serons à vos côtés pour, en un an, mettre en œuvre les meilleures solutions permettant la continuité de vos activités tout en préservant notre capital écologique et naturel. C’est toute la vocation de nos politiques « COP d’Avance ».
A plus longue échéance, si nous souhaitons tendre vers un yachting « zéro fumée et zéro déchet », nous avons ces gageures à relever : Notre expérience d’électrification des postes à quai pour les navires de croisières et de passagers sera mise à disposition pour la généralisation aux activités de yachting, comme à Nice, qui depuis 2020, l’a fait avec l’ensemble de la petite et de la moyenne plaisance.
Nous devons densifier notre soutien à la filière hydrogène au service de notre filière maritime, et remplacer le carburant pour électrifier les navires à quai, pour développer les bateaux à hydrogène de demain,
Nous devons viser le « zéro déchet » sur nos chantiers et vous accompagner dans l’accélération de vos mutations en la matière.
En effet, il me paraît indispensable de saisir l’opportunité de la future Présidence Française du Conseil de l’Union Européenne pour que la filière yachting existe enfin à sa juste place à Bruxelles.