Publié le 27 janvier 2016 à 12h23 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 21h37
Deborah Pardo est née en 1986 dans une famille de commerçants en prêt-à-porter dans le 15e à Marseille. Ses grands-parents paternels, réfugiés à Marseille après avoir été expulsés d’Égypte en 1956, sont arrivés ici sans rien, alors que du côté de sa mère ils vivaient à Constantine et sont rentrés aussi pendant la guerre. «Dans ma famille ce sont tous des battants, des travailleurs, des gens toujours positifs malgré toutes les difficultés de la vie», confie-t-elle. Elle habite dans le 12e arrondissement et, toute petite, comme beaucoup de fillettes, adore les animaux… Mais cette passion va encore grandir avec elle, ce qui est moins courant, et dès le lycée, bien qu’elle ait les capacités de faire de grandes études, elle décide qu’elle ne sera pas vétérinaire «parce que quand on est vétérinaire en ville on travaille beaucoup plus avec les êtres humains qu’avec les animaux», considère-t-elle. Et elle, ce qu’elle veut, c’est travailler vraiment avec les animaux ! Alors Déborah fait des études scientifiques à la Fac de Saint-Jérôme (un DEUG de Biologie des populations et des écosystèmes) et elle commence à travailler dans les parcs naturels de Port-Cros où elle va observer ses premiers oiseaux marins : les puffins. En 3e année, elle part en Suède avec Erasmus et là elle prend conscience qu’à l’international les laboratoires de recherche sont plus compétitifs et les possibilités plus nombreuses qu’en France et que, sans doute, il faudra partir travailler ailleurs… et elle sera prête car en Suède elle a appris à parler anglais couramment. Le coup de foudre elle va l’avoir lors d’un voyage à Kerguelen où vit une colonie de 3000 couples d’albatros à sourcils noirs. C’était en décembre 2009 «quand j’ai vu un albatros pour la première fois de ma vie, j’ai trouvé ça tellement beau que je n’arrivais plus à respirer», raconte-t-elle.
Aujourd’hui Deborah qui a trente ans et vient d’être maman est spécialisée dans les albatros : elle a été embauchée par le célèbre Institut Polaire de Cambridge où elle suit au quotidien les moindres mouvements d’albatros qui sont tracés avec des bagues de métal numérotées ou des puces. C’est comme cela qu’elle peut suivre leurs migrations et surveiller de près la démographie de l’espèce qui est menacée comme beaucoup d’autres animaux par la pêche industrielle et le réchauffement climatique. On apprend beaucoup sur ces animaux avec Deborah. Ils sont les plus grands oiseaux marins du monde et peuvent mesurer jusqu’à 3,50 m d’envergure… Ils vivent en principe jusqu’à 50 ou 60 ans au-dessus de l’océan Antarctique et volent parfois un an sans jamais se poser sur terre mais, chaque année, au moment des amours ils reviennent au même endroit et retrouvent exactement le ou la même partenaire. Incroyable.
Et Deborah ne se limite pas à travailler au quotidien avec les albatros… Elle vient d’être sélectionnée pour un projet exceptionnel : partir avec 77 autres femmes, toutes de formation scientifique ou presque, venues de 8 pays différents. Deborah est la seule Française. C’est une expédition de 3 semaines en Antarctique, triste symbole actuel du réchauffement climatique… Le but de cette expédition est d’élever l’image et la place des femmes scientifiques pour leur donner un rôle plus important dans tout le travail qui est fait aujourd’hui pour sauver la planète ! Le projet est organisé et déjà financé pour la moitié mais l’autre moitié doit être autofinancée par chacune des 78 participantes. Du coup Deborah a lancé une campagne de participation dans sa ville de cœur où elle revient tous les 3 mois minimum pour retrouver ses amis et sa famille. Un grand bravo à Déborah et ses albatros qui, on le comprend mieux maintenant, ont tellement inspiré les poètes…
Campagne de participation: provencebooster.fr/fr
Agnès Olive fondatrice de MarseilleVert