Publié le 18 janvier 2021 à 19h44 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h34
Le palmarès qui a été dévoilé hier par le Guide Michelin, l’a été de façon particulière puisque c’est au cours d’une cérémonie virtuelle, depuis la tour Eiffel, que les étoiles du guide 2021 ont été attribuées. Après Glenn Viel (Oustau de Baumanière aux Baux-de-Provence) l’année dernière, c’est Alexandre Mazzia (AM à Marseille) qui s’est vu attribuer une troisième étoile.
Alexandre Mazzia à Marseille : une expérience unique
Se restaurer chez Alexandre Mazzia c’est accepter d’embarquer pour un voyage à nul autre pareil. C’est accepter d’oublier toutes les références et tous les codes liés à la gastronomie pour vivre une expérience unique ; c’est aussi accepter de réveiller la totalité de ses sens pour vivre un moment magique. Est-ce l’acquis de son enfance passée en Afrique, toujours est-il qu’il y a un peu de douce sorcellerie dans le travail d’Alexandre Mazzia. Des saveurs liées à quelques épices dénichées çà et là, quelques fruits fermentés, des produits locaux irréprochables de fraîcheur et de saveurs et au génie d’un créateur à nul autre pareil qui unit la totalité de ces ingrédients pour le plaisir des dégustateurs. Chamane, Alexandre Mazzia ? Peut-être, mais chamane du goût avant tout. Puis au-delà que la création culinaire, il y a aussi, et peut-être surtout, la générosité, la gentillesse, l’ouverture d’esprit et la classe d’un homme qui a aussi appris la vie en pratiquant le sport à un haut-niveau. Histoire de bien poser la réalité sur les mots que sont la solidarité, l’esprit d’équipe, le respect de l’autre. Et c’est peut-être cela le plus important. Il est aujourd’hui triplement étoilé, c’est à notre sens amplement mérité, mais nul doute que son talent et son humanité méritent une voie lactée.
Mickaël Féval à Aix-en-Provence : justice est rendue
En janvier 2019, nous écrivions ici : « Une pensée amicale, pour terminer, à l’attention d’Olivia et Mickaël Féval qui se demandent, depuis vendredi soir, pourquoi ils font partie des 51 restaurants qui perdent leur étoile cette année. Et on se le demande bien aussi… Un peu comme une double peine pour le couple qui vient de passer une année dans une petite rue du centre d’Aix-en-Provence prise par le Maelstrom des travaux des trois places. Quelle injustice à deux pas du Palais de Justice. Féval a du talent, il rebondira.» Deux ans plus tard, c’est un vrai bonheur de retrouver le couple Féval sous une étoile. Amplement mérité pour un chef qui a su mettre son amertume au placard et sa rancœur dans sa poche pour continuer à créer dans un contexte pour le moins délicat. Aujourd’hui la Justice triomphe et nul doute que cette étoile est désormais bien accrochée. Un grand bonheur pour les Féval.
«La Mère Germaine» à Châteauneuf du Pape : la jeunesse triomphante
C’est la consécration de la renaissance d’une maison « historique » à Châteauneuf du Pape. Et si cette renaissance doit tout, dans son look, à la nouvelle propriétaire Isabelle Strasser, l’étoile qui vient de s’allumer au fronton de l’établissement doit presque tout au talent d’un jeune couple formé par les chefs Camille Lacôme et Agathe Richou. Du talent à l’état pur pour ces créateurs qui n’ont eu que quelques semaines pour séduire les inspecteurs du guide rouge. Personnellement, nous avons encore sur les papilles, l’excellence d’une échine de porc magnifiquement cuite et servie accompagnée d’un jus savoureux dégustée en juillet dernier, ainsi que d’un dessert à base d’abricots confits réalisé par Agathe Richou et qui, à lui seul, valait largement cette étoile.
La région Sud étoilée
Pour ce millésime 2021, le Guide Michelin a octroyé une première étoile à 54 établissements. Outre Mickaël Féval et «La Mère Germaine » dont nous parlons ci-dessus les autres établissements distingués sont au nombre de dix. A Manosque, c’est Le Bistronomique de Pierre Grein qui se voit attribuer une étoile. Dans le Vaucluse, Christophe Chiavola, transfuge du Hameau des Baux, a gagné son étoile à La Table du Château de Massillan, à Uchaux, confirmant ainsi le talent que nous lui connaissions. Autre étoile plaisante, celle attribuée à Mathieu Desmarest qui, après avoir fait briller pendant trois ans la table de La Vieille Fontaine, restaurant de l’Hôtel d’Europe en Avignon, a créé avec bonheur son établissement Pollen en 2018 toujours dans la cité papale. Autre étoilée de l’année, la Salle à Manger du Château de Mazan aux cuisines tenues par Christophe Schuffenecker. A Marseille Colline Faulquier, finaliste Top Chef en 2016 accroche une étoile ainsi que le prix spécial du jeune chef de l’année à sa «Signature» et à Salon de Provence ce sont Alexandre et Gleise Lechêne qui voient leur «Villa Salone» honorée. Dans les Alpes-Maritime «Les Agitateurs» (Samuel Victori) à Nice, « Louroc, hôtel du Cap Eden Roc » (Sébastien Broda) à Antibes et « L’or Bleu » (Alain Montigny) à Théoules-sur-Mer, décrochent la récompense ainsi que, dans le Var, « Colette », la table de l’Hôtel Sezz (Philippe Colinet) à Saint-Tropez.
Les prix spéciaux du Michelin
Outre le prix du jeune chef de l’année décerné à Coline Faulquier en même temps que son étoile, d’autres professionnels ont été récompensés en région Sud. Ainsi un prix « Passion Dessert » a été octroyé à Maëlle Brugua qui officie aux côtés de Matthieu Dupuis Baumal, lui même étoilé, au château de La Gaude à Aix-en-Provence, à Yannick Piotrowski qui travaille les douceurs aux côtés de l’étoilé Mathias Dandine à La Magdeleine à Gémenos ainsi qu’à Cédric Perret, pâtissier au Clair de la Plume à Grignan aux côtés du chef étoilé Julien Allano. Un prix « Welcome et service » est allé à Delphine Alemany de La Closerie à Ansouis et un prix sommellerie a été octroyé à Vanesse Massé, «Pure & V» à Nice.
Michel EGEA