Publié le 4 décembre 2018 à 21h51 - Dernière mise à jour le 1 décembre 2022 à 14h54
« L’innovation au service de la proximité » tel était le thème du premier colloque organisé par la région de gendarmerie Provence-Alpes-Côte d’Azur, une manifestation qui a réuni une centaine de personnes à l’Hôtel de Région. «Il existe des opérations d’ampleur nationales organisées par la gendarmerie et d’autres d’ampleur départementales, j’ai souhaité que nous lancions cette initiative au niveau régional. Car j’ai pu constater que de nombreuses institutions travaillent ici, en partenariat, dans des logiques d’innovation et de proximité», déclare le général Marc Lévêque, commandant la Région de gendarmerie Provence-Alpes-Côte d’Azur qui cite la Région les métropoles, des structures entrepreneuriales, la CCI … «Innover, ajoute-t-il, est une nécessité sur un plan technique mais aussi sur le plan organisationnel afin de servir au mieux les citoyens». Renaud Muselier, le président de région et Pierre Dartout, le préfet de région, n’ont pas manqué de dire toute l’importance qu’ils accordaient à cette manifestation et à l’action de la gendarmerie.
Trois table rondes ont rythmé cette journée. La première avait pour objet les enjeux de la recherche et de l’innovation au service de la proximité. La deuxième visait l’innovation et la coproduction de sécurité au sein des territoires. Le général Lévêque note à ce propos: «En matière de sécurité, la logique territoriale reste prédominante dans les faits et dans l’esprit de nos concitoyens: la sécurité ressentie est faite de proximité et de contact.. L’innovation doit notamment dégager du temps à consacrer à l’échange et au contact avec les citoyens». La troisième table ronde traitait de l’«anticipation des ruptures technologiques». «La délinquance, le terrorisme, revêtent une forme de plus en plus dématérialisée. Il est important, face à ces nouveaux risques, d’innover et cela sera d’autant plus productif que l’on s’inscrira dans une logique de partage et d’innovation», précise le général Lévêque pour qui, «l’enjeu est de rester bons dans les relations classiques avec les citoyens, de comprendre ses attentes et de lui donner les éléments lui permettant de s’adopter aux nouvelles données». Des table rondes ouvertes par des grands témoins: le général Marc Watin-Augouard, directeur du Centre de recherches de l’École des Officiers de la gendarmerie, Caroline Pozmentier-Sportich, vice-présidente de la région, adjointe au maire de Marseille, en charge à la sécurité publique et de la prévention de la délinquance et Nicolas Arpagian, directeur de la stratégie et des affaires publiques d’Orange Cyberdéfense. «Nous avions aussi des universitaires, des représentants du monde de l’économie, des élus, et c’est là un des objectifs de cette journée, créer des passerelles», précise le général. Des étudiants de Kedge Business School sont intervenus sur les enjeux et applications théoriques que la technologie Blockchain peut apporter aux secteurs Sécurité et Défense: «C’est important pour nous de découvrir leur vision, leur pensée». Il indique à ce propos qu’il entend développer les relations avec l’AMU: «Nous cherchons à recruter des étudiants de master II en informatique, chimie, physique, mathématiques. Ils ne travailleront pas forcément dans leur domaine scientifique mais permettront d’enrichir notre palette de cadres dans le futur qui, aujourd’hui, pour la plupart sortent de Droit ou de grandes écoles militaires». Il ne manque pas de préciser: «Nous balayons tous les types de scolarité en matière de recrutement».
«Il faut créer une sécurité, une cyber-sécurité nationales en poupées russes allant des territoires à l’Europe»
Renaud Muselier participe à la conclusion de la journée. Ses premiers mots sont pour Marseille: «Depuis le 5 novembre dernier notre ville est meurtrie par le drame de la rue d’Aubagne». Puis de rendre hommage à «cette magnifique famille de la Gendarmerie, toujours unie et solidaire à qui nous devons tant, qui est un modèle pour nos concitoyens». «Depuis plusieurs années, poursuit-il, maintenant, avec le retour du terrorisme en France, les gendarmes sont sollicités en permanence, sur le terrain, pour assurer la sécurité et la liberté de vivre librement de nos concitoyens. Dans un contexte de tensions sociales accrues, ils sont sollicités en permanence, sur le terrain, pour assurer la sécurité et la liberté de manifester des Français». Il évoque à ce propos la figure du Colonel Arnaud Beltrame, «mort pour sauver la vie d’un otage dans l’attentat de Trèbes en mars dernier». Au-delà des mots de soutien il tient à rappeler: «Depuis le début de notre mandat, nous avons investi 80M€ dans la sécurité des trains et des lycées. Nous avons généralisé la vidéo-protection, nous avons créé une garde régionale des transports composée de 200 hommes armés. Nous avons également fait le choix d’améliorer les conditions de travail de nos gendarmes. Avec les élus de ma majorité, nous consacrons 1M€ à la construction et à la rénovation de casernes de Gendarmerie. Je pense notamment à celles de Sisteron, de Sospel et de la Crau». Il en vient à la dimension innovation en mettant en exergue «la reconnaissance faciale. Nous serons la première Région de France à l’expérimenter dans les lycées dès le mois de janvier prochain». Puis de se tourner vers le général Lévêque: «vous avez eu cette phrase qui fait particulièrement sens pour le député européen que je suis… «Il faut créer une sécurité, une cyber-sécurité nationales en poupées russes allant des territoires à l’Europe». Avancer sur des sujets d’ampleur comme l’interopérabilité numérique, les « Smart & Safe Cities », la protection des systèmes de transport et d’énergie suppose de mobiliser une masse critique de financements que la France seule, l’Allemagne seule, ne peuvent assurer. Plus que jamais nous avons besoin d’Europe, de resserrer les liens avec nos partenaires, de porter des politiques communes de sécurité, de nous appuyer sur cet incroyable marché pour expérimenter et développer nos solutions». Le préfet de région, Pierre Dartout exprime à son tour «sa grande confiance en la gendarmerie. Je sais, en tant qu’ancien préfet de Guyane, ce que je dois à la gendarmerie». il en vient au thème du débat et notamment la proximité: «Elle n’est pas seulement physique, elle relève également de la bonne appréhension des problèmes de nos compatriotes, nos territoires. Puis, il y a l’innovation, elle est indispensable, il faut en permanence s’adapter aux nouvelles formes de délinquance ainsi qu’à l’évolution de nos territoires avec une population urbaine à 80%, le développement très fort de la population certaines régions, la baisse dans d’autres; innovation aussi car il faut vous donner les outils technologiques pour vous adapter, afin de contrôler les véhicules, les cartes d’identité plus rapidement». Le général Lévêque, fort du succès de cette première édition, annonce la tenue d’une deuxième autour de la prévention des risques ou de la gestion des flux et la mobilité.
Michel CAIRE