Geoffroy Roux de Bézieux et Alexandre Saubot face aux entrepreneurs de l’UPE13 à Marseille

Publié le 2 juillet 2018 à  15h50 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  18h52

Les deux candidats à la succession de Pierre Gattaz à la présidence du Medef national ont dévoilé tous deux leurs ambitions pour l’organe patronal le 28 juin dernier lors de l’Assemblée générale de l’UPE 13. Laquelle a fait en outre la part belle aux 10 demi-finalistes de l’opération The Choice.

Johan Bencivenga entouré d'Alexandre Saubot et Geoffroy Roux de Bézieux les candidats à la succession de Pierre Gattaz à la tête du Medef (Photo Carole Payrau)
Johan Bencivenga entouré d’Alexandre Saubot et Geoffroy Roux de Bézieux les candidats à la succession de Pierre Gattaz à la tête du Medef (Photo Carole Payrau)
Agenda chargé que celui de l’Assemblée générale de l’UPE 13, le 28 juin dernier. Elle a déjà été l’occasion de découvrir les demi-finalistes de The Choice, opération menée tambour battant par l’organe patronal depuis février dernier. Ils étaient cent sélectionnés au départ, ils ne sont aujourd’hui plus que dix demi-finalistes, et ils s’affronteront en septembre prochain lors du forum des entrepreneurs pour ne demeurer que cinq lauréats… Ils entendent s’illustrer dans la couture d’accessoires à visée écologique, les prestations vidéos et réalisation de clips pour les jeunes talents, le transport spécialisé dans les circuits courts, la création de lignes de couteaux pour les chefs étoilés ou les circuits touristiques théâtralisés… De jeunes aspirants à la création d’entreprise qui constituent «la richesse principale» du territoire, selon le président de l’UPE13, Johan Bencivenga. Vocation euroméditerranéenne oblige, le développement du département est clé pour l’Hexagone tout entier : «L’avenir de la France passe par celui de notre territoire», martèle-t-il encore.

Reprendre la main face à un gouvernement dans la défiance

Encore faut-il se trouver, pour performer, un bon capitaine à la barre entrepreneuriale au niveau national, et celui du vaisseau Medef doit être élu pas plus tard que ce 3 juillet. Il succèdera donc à Pierre Gattaz pour cinq ans… Dans cette optique, Johan Bencivenga avait donc invité les deux candidats au poste de président, Alexandre Saubot et Geoffroy Roux de Bézieux, à s’exprimer face à 1 500 chefs d’entreprise du cru. Histoire de mieux connaître le fond de leur programme et permettre à la maison UPE13 de se prononcer en connaissance de cause pour l’un de ces deux-là… Pour l’heure, Geoffroy Roux de Bézieux dispose depuis le vote indicatif du 11 juin, réalisé au sein du conseil exécutif du Medef national, d’une avance notable, avec 22 voix contre 16 pour Alexandre Saubot. Pour autant, ce sont deux visions pas si éloignées l’une de l’autre qui s’affrontent. Les deux hommes établissent déjà le même constat : face à un gouvernement pro-actif qui tient, déroule son agenda, enchaîne les réformes en court-circuitant souvent les partenaires sociaux, le Medef doit urgemment se réinventer. «J’assume totalement le positionnement de Pierre Gattaz, qui face à un François Hollande, a plutôt dirigé un Medef de combat. Il nous faut aujourd’hui un Medef de propositions. On doit donc se réformer, être anticipateur sur l’agenda économique et social… et ne pas subir », analyse Geoffroy Roux de Bézieux, préconisant un positionnement de l’organe patronal sur les questions de prospective. «La révolution que l’on vit aujourd’hui est beaucoup plus large que les précédentes, on parle de remplacer le cerveau humain. Nous devons mettre cette réflexion au cœur du Medef de demain».

Deux parcours différents

Encore faut-il aussi «s’engager pour offrir aux entreprises un cadre plus adapté aux révolutions en cours, en termes de politique, de numérique, d’énergie… Le Medef doit réconcilier la France et l’entreprise pour peser sur les choix futurs », ajoute de son côté Alexandre Saubot. Engagé depuis trois ans auprès de Pierre Gattaz sur les questions sociales, le dirigeant de l’entreprise familiale Haulotte, fabricante de nacelles élévatrices et de chariots télescopiques, a obtenu gain de cause sur plusieurs sujets, «une réforme profonde du dispositif pénibilité, la nouvelle convention d’assurance chômage qui a supprimé la surtaxation des contrats à durée déterminée de courte durée ou encore le projet sur la compétitivité»… Positionnement social indissociable du parcours de l’entrepreneur familial, qui a connu, «avec la crise de 2009, un chiffre d’affaires divisé par trois. J’ai appris beaucoup à ce moment-là, j’ai dû faire des choix ». Haulotte a tiré en effet son épingle du jeu par le biais du chômage partiel et en préservant les savoir-faire. Aujourd’hui, il s’agit d’un groupe comptant quelque 1 700 salariés et réalisant 510 millions de chiffre d’affaires par an dont 85 % à l’international… Telle est peut-être la différence profonde entre les deux aspirants à la tête du Medef : face à un Alexandre Saubot, patron depuis 17 ans d’une affaire familiale aujourd’hui sortie de l’ornière, se poste un Geoffroy Roux de Bézieux, serial entrepreneur, créateur de ses propres structures qu’il a su porter vers la croissance, Virgin Mobile, The Phone House ou encore Notus Technologies, cette dernière positionnée sur l’agroalimentaire haut de gamme. Deux parcours professionnels divergents, et de fait deux sensibilités différentes… laquelle a eu la faveur de l’UPE 13, qui compte parmi les plus importants Medef territoriaux ? Le résultat de cette «confrontation» -mais les deux candidats se disent «concurrents et non pas adversaires » – , Johan Bencivenga est allé le transmettre pas plus tard que le lendemain, 29 juin, «en porte parole du territoire». A noter qu’à l’échelle du Medef Paca, c’est Geoffroy Roux de Bézieux qui a obtenu le plus de suffrages, à 57 voix contre 10 pour Alexandre Saubot (et quatre abstentions), parmi le Conseil d’administration qui avait auditionné les deux hommes.
Carole PAYRAU

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