Publié le 7 décembre 2018 à 23h30 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 19h24
«Nous sommes la République. Et nous avons bien l’intention de la défendre à tout prix», lance Renaud Muselier, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, dans la «Déclaration de Marseille» qui vient d’être publiée et qui a donné lieu à un rassemblement, ce vendredi 7 décembre, devant l’Arc de Triomphe de la Porte d’Aix, à Marseille où le texte a été lu par deux lycéennes avant que ne résonne La Marseillaise. Parmi les présents, des élus LR mais aussi LREM, des représentants du monde patronal mais aussi syndical, tel Franck Bergamini, le secrétaire de l’UD FO 13. Un appel qui se veut porteur d’espoir: «Nous pouvons encore reconstruire le contrat social et retisser un ouvrage commun qui concilie impératif écologique et justice sociale de tous les instants. Faisons le ensemble».
«Nous ne pouvons plus accepter de voir la République bafouée et foulée au pied»
Le rassemblement s’est décidé rapidement, le président de Région explique: «Hier soir, je me suis dit qu’il était impossible de rester assis à écouter la radio, regarder la télé, de voir la violence, la mauvaise gestion de la crise à un moment où la République doit être forte. Et les corps intermédiaires ont immédiatement réagi positivement. Cette initiative c’est à la fois un moyen d’appeler les uns à la négociation, de dire qu’il faut en finir avec les passages en force qui font danser la France sous un volcan et de dire aux autres « ne touchez pas à la République » ». Ainsi, le texte met en exergue: «Nous ne pouvons plus accepter de voir la République bafouée et foulée au pied dans ce qu’elle a de plus sacré. Celui qui repose sous la flamme de l’étoile à Paris est un trésor. On ne touche pas à ce qui fait notre bien public le plus précieux. Nous ne pouvons plus accepter de voir ses symboles foulés au pied, ses défenseurs attaqués dans leur chair. Nous ne pouvons plus accepter de voir le dialogue céder sa place à la violence, dans l’indifférence générale. Nous ne pouvons plus accepter que la négociation soit réduite à une option alors qu’elle aurait du être l’évidence même».
«Nous avons besoin de gestes politiques forts, d’un véritable Grenelle»
Pour Renaud Muselier: «L’heure est grave. Les moments que nous vivons nous dépassent complètement et le sursaut républicain n’a jamais été une espérance aussi indispensable. La République n’est pas un problème mais une solution». Le texte avance: «Il est encore temps d’écouter réellement le peuple français, il est le socle de la République et sa souffrance doit être entendue. Nous avons besoin de gestes politiques forts, d’un véritable Grenelle, au sens des discussions qui avaient suivi le chaos de Mai 68. Afin d’éviter l’escalade, le Président de la République doit immédiatement ouvrir ces discussions attendues». Alors, poursuit-il, de toutes origines sociales, de toutes les croyances, «appelons à un retour puissant et bienveillant de la République française (…). Construisons pour apaiser les violences et entendons le mal qui ronge notre pays. Le temps du mépris a engendré le temps de la violence. Il faut le faire avec toutes nos forces, nos gilets jaunes, nos corps intermédiaires, nos collectivités, nos parlementaires, notre société civile, autrement dit toutes celles et ceux qui affirment sans jamais s’en départir leur amour de la République et de la France».
«Une perte de 40% du chiffre d’affaires depuis le début du mouvement»
Parmi les présents, Alain Gargani, président de la CPME13 qui souligne: «Nous souffrons tous. Mais l’heure doit être à l’apaisement. Les gilets jaunes ont réussi à faire reculer le Gouvernement il est temps maintenant de s’asseoir autour d’une table et de discuter». Monique Cassar, présidente de la Chambre des Métiers 13, alerte: «Nous venons d’envoyer un questionnaire à nos artisans. Nous avons reçu très rapidement 800 réponses qui montrent une perte de 40% du chiffre d’affaires depuis le début du mouvement et des difficultés d’approvisionnement qui ne cesse de s’accroître». Audrey Lucchinacci, Commerçants 13, ne cache pas son inquiétude, raison qui l’a conduite à répondre à l’invitation de Renaud Muselier, avant d’indiquer: «Notre association regroupe aussi bien des petits commerces que des centres commerciaux et nous avons des propositions concrètes pour lutter contre la paupérisation». Johan Bencivenga, le président de l’UPE 13 avance pour sa part: «Nous entendons la colère, des réponses doivent être portées mais il faut en finir avec la violence, elle n’est jamais la solution. Et il faut bien mesurer que bloquer l’économie ne pourra avoir que des conséquences néfastes sur l’emploi». Sa présence, pour Franck Bergamini, «est une façon de condamner les violences, quelles que soient les revendications, le fait qu’on les approuve ou pas. Après, il importe de savoir qui est responsable de cette violence, à mes yeux il s’agit en premier lieu du gouvernement. Il a piétiné, avec une arrogance inégalée, les corps intermédiaires et on voit le résultat aujourd’hui. Il doit maintenant entendre les revendications des gilets jaunes, revendications dont FO partage une bonne partie».
«Pour une justice vive»
Geneviève Maillet, bâtonnier de l’Ordre des Avocats indique: «Nous sommes là pour une justice vive, pour qu’il y ait plus de Magistrats. Car c’est lorsque apparaît le sentiment qu’il n’y a plus de justice que les digues lâchent, que la violence s’installe». Elle annonce qu’une manifestation aura d’ailleurs lieu le 12 décembre, à 11h, devant la Préfecture à Marseille. Bruno Benjamin, le président du Crif Marseille-Provence a répondu à l’invitation du président de Région, pour lui: «Nous sommes les gilets jaunes et la République. Il faut que des négociations s’ouvrent, que le calme revienne, sinon nous craignons le pire et lorsque je parle du pire je pense à des morts. Ce n’est pas admissible, il faut qu’un échange constructif s’instaure sur le devenir de ce pays et sur la possibilité, offerte à tous, de vivre décemment.» Le député des Bouches-du-Rhône, Mohamed Laqhila, LREM, est présent car il entend alerter le Gouvernement et les gilets jaunes. «Je comprends les manifestants mais ils ne doivent pas casser, bloquer l’économie. Les gilets jaunes ont bloqué Plan de Campagne, ils doivent savoir que cela a représenté une perte de 40% du chiffre d’affaires pour la zone. Et que cela a un impact sur les personnes qui travaillent dans les 600 enseignes de ce site car elles ont une prime indexée au chiffre d’affaires. Il faut aussi mesurer à quoi sert l’impôt. Sur 1 000 euros, 250 vont à l’enseignement et à la recherche et 200 à la sécurité des français». Pour Caroline Pozmentier-Sportich, vice-présidente de la région, adjointe à la sécurité de la ville de Marseille: «ma présence, en tant qu’élue mais aussi que citoyenne est tout à fait naturelle. Il faut entendre la colère, l’heure est venu de négocier, d’élaborer des réponses aux grands enjeux qui se posent. Il importe de sortir par le haut et non de sombrer dans une spirale infernale de violence dans laquelle certains veulent entraîner le pays».
Michel CAIRE