Une salle de concerts d’Aix-en-Provence pleine comme un œuf. Beaucoup d’enfants et d’adultes mélangés. Une classe entière venue de Marseille. Le GTP a mis ses habits de fête pour accueillir la comédie musicale « Le tour du monde en 80 jours » produite par Double D Productions.
Depuis sa création en 2004 Double D Productions s’est rapidement dirigé vers le spectacle familial. Hansel et Gretel en 2014, La petite fille aux allumettes en 2015, Les aventures de Tom Sawyer en 2017, faisant suite à l’épopée de Big Manoir en 2005 devenue en 2008 Kid Manoir la potion interdite et en 2012 Kid Manoir la malédiction du pharaon attirèrent plus de 800 000 spectateurs. Aussi « Le tour du monde en 80 jours » tiré du roman de Jules Verne s’inscrivait sous les meilleurs auspices et disons-le la réussite est totale. Autant théâtral que musicale que chorégraphique d’ailleurs, David Rozen offrant une mise en scène bondissante qui ne perdant jamais en intensité ne laisse jamais le spectateur respirer. Sur un livret et des paroles signés Ludovic-Alexandre Vidal, une musique de Julien Salvia, des orchestrations que l’on doit à Larry Blank, et Antoine Lefort, des chorégraphies de Johan Nus, l’ensemble serti dans des lumières chaudes d’Alex Decain, tout fonctionne, tout s’enchaîne, tout fait sens.
La trame du roman de Jules Verne respectée
Mais rappelons les rouages de l’intrigue pour ceux qui l’auraient oubliée.
Londres, 1889. Phileas Fogg est un gentleman secret et flegmatique qui vit avec une précision quasi mathématique. Il passe une grande partie de son temps au Reform Club à jouer aux cartes et débattre de divers sujets avec les autres gentlemen du club. Un jour, lors d’une discussion, Fogg annonce qu’il est possible de faire le tour du monde en 80 jours. Flanagan, son rival depuis toujours, le met alors au défi d’accomplir cette prouesse. Il espère secrètement humilier et discréditer Fogg auprès de ses collègues et ainsi accéder à la tête du Reform Club. Fogg semble pourtant sûr de lui et relève le défi, mettant en jeu presque toute sa fortune dans ce pari fou. De Paris à New York en passant par Bombay et Hong Kong, en bateau, en train ou à dos d’éléphant, le gentleman et son nouveau domestique français Passepartout, partent dans une aventure qui sera semée d’embûches. Il sera ralenti notamment par l’inspecteur Fix, un agent peu futé mais très zélé. Il fera aussi la rencontre de la Princesse Aouda, une jeune femme au fort tempérament que Passepartout et lui-même sauveront d’un sacrifice qui la destinait à la mort. Malgré les contretemps et les déconvenues, Phileas Fogg, Passepartout et Miss Aouda parviendront-ils à conclure ce voyage dans le temps imparti ? Et au-delà de la réussite ou non de ce pari, cette incroyable aventure ne va-t-elle pas changer leur vie à tout jamais ? Oui, et ils s’envoleront sur des cieux emplis de bonheur, fidèles en cela à l’idée de Beaumarchais reprise par jean Renoir dans « La règle du jeu» selon laquelle « si l’amour porte des ailes, n’est-ce pas pour voltiger ? »
Comédiennes et comédiens virtuoses
Au centre de la scène un grand rond orange et jaune fixant une large boussole accueille le spectateur. Celui-ci s’immerge alors dans ce périple où des comédiens et des comédiennes virtuoses s’en donnent à cœur joie. Citons-les tous tant leur interprétation choral est d’un grand niveau. Yannick Schlesser (Philas Fogg), Hugo Brad (Passepartout) Thibaut Marion (Inspecteur Fix), Alexis Mahi (Thomas Flannagan), Thomas Mathieu ((le maire de San Francisco) Ivar Malaval (Andrew Speedy) Yannick Prevot (le guide Parsi), Aouda (Ilona Dilange), Véronique Hatat (Miss Morris), Pénépole Beaulieu (la Reine Victoria), et Ludivine Bigeni (l’employée de bureau) jouent avec un esprit de troupe exemplaire, aucun ne cherchant à tirer la couverture à soi. Et on en redemande !
Jean-Rémi BARLAND