Avant le repas, il y a une mise en bouche… Et avant un concert il peut y avoir une mise en oreilles. Pour tenir ce rôle, au Grand Théâtre de Provence où elle dirigeait l’Orchestre National Avignon-Provence dont elle est la directrice musicale, Debora Waldman avait choisi une toute petite pièce délicate de la compositrice lettone Lucija Garuta (1902-1977). Une « méditation » somme toute très classique pour ouvrir une soirée qui allait trouver une autre dimension par la suite avec Mozart et Tchaïkovski.
Mais comment Mozart a-t-il pu composer une musique aussi géniale, intense, miraculeuse, que l’adagio du Concerto pour piano n°23 ? Un moment musical qui plonge l’auditeur dans un état second à mi-chemin entre le bonheur et la mélancolie. Et si Messiaen disait que ce concerto était le plus beau, personne ne le contredira. C’est à Shani Diluka que le clavier était confié ce soir-là pour servir Mozart. Toucher sensible, mariage d’amour avec l’orchestre idéalement dirigé par Debora Waldman, tempi sensuels et virtuosité : la pianiste s’est emparée de la partition avec attention et passion pour en livrer une interprétation séduisante.
Après la pause, l’orchestre, renforcé par les élèves de l’Institut Supérieur d’Enseignement de la Musique d’Aix-en-Provence, avait accroché le symphonie n°5 de Tchaïkovski à son programme. Une interprétation dense et sombre de l’œuvre avec l’excellence de la petite harmonie et la suavité des cordes. Beaucoup de profondeur dans la direction totalement engagée de Debora Waldman qui, avec ou sans baguette, maîtrise son sujet à la perfection, obtenant le meilleur de chacun des pupitres de l’orchestre. Good job !
Michel EGEA