La liste dévoilée, ce samedi, des ministres et secrétaires d’Etat qui vont composer le gouvernement Barnier, a fait réagir l’ONG Greenpeace qui considère que l’annonce du nouveau gouvernement confirme « le déni de démocratie auquel assiste la France depuis le 7 juillet. Alors que Les Républicains ont encaissé un nouveau revers historique aux législatives et que Ensemble pour la République a subi une défaite cinglante, ce gouvernement est quasi exclusivement composé de membres rejetés par les électeurs et les électrices. »
«Nous avons besoin d’actions radicales et ambitieuses pour faire face aux crises climatiques et sociales, mais ce gouvernement semble déjà enfermé dans les logiques dépassées de l’ancien monde, estime Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. Ce n’est pas avec des demi-mesures qu’on fera baisser les émissions de gaz à effet de serre ni qu’on protégera les plus vulnérables.»
Pour l’ONG : «Le choix d’Annie Genevard au ministère de l’Agriculture laisse présager le pire au regard de sa faible expérience sur ces thématiques, et de ses quelques prises de position sur le sujet en tant que députée Les Républicains. Rappelons que les causes profondes de la crise agricole qui a ébranlé le pays en début d’année 2024 n’ont pas été adressées par le gouvernement. Pire, elles ont été aggravées par des mesures dites de “simplification” qui viennent en réalité renforcer les lobbys agroindustriels défendus par la FNSEA.»
Considère qu’«Avec Agnès Pannier-Runacher comme ministre de la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des risques, c’est l’obsession nucléaire en guise de boussole écologique qui nous est promise. Lors de son passage à l’énergie, l’ancienne ministre s’est en effet illustrée par son acharnement à mettre en place une coalition pro-nucléaire au sein des Etats membres de l’Union Européenne, au prix de compromis scandaleux sur la sortie du charbon et du renoncement à sanctionner la Russie et son complexe militaro-nucléaire. Agnès Pannier-Runacher est également entachée par de nombreux scandales, notamment de potentiels conflits d’intérêts avec le secteur des énergies fossiles, pour lesquels Greenpeace avait à l’époque appelé à sa démission. Comment pouvons-nous imaginer la nomination d’une ministre de la Transition écologique avec un bilan si désastreux avant même sa prise de fonction ?»
Le projet de loi de finances 2025 sera, selon Greenpeace, « le premier test pour ce gouvernement et sera crucial pour juger de son ambition réelle en matière de climat et de justice sociale».
«Sans briser, dès le PLF 2025, le tabou de la taxation des plus riches et des multinationales pour financer les urgences écologiques et sociales, ce gouvernement n’aura aucune crédibilité ni aucune marge de manœuvre et risque fort de nous enferrer dans un modèle qui nous maintiendra dans l’impasse, continue Jean-François Julliard. « Taxer les catégories les plus riches et les multinationales, qui se sont considérablement enrichies aux dépens des classes moyennes et des plus précaires, pour financer la transition écologique doit être une solution clairement adressée dans le PLF. Cette option est soutenue par le Président de la Cour des comptes et le gouverneur de la Banque de France. Le PLF 2025 doit absolument revenir sur les coupes budgétaires alarmantes et scandaleuses de plusieurs milliards pour la transition écologique, prévues par un gouvernement démissionnaire, et répondre aux besoins des catégories les plus défavorisées, notamment sur la question du logement. Il est indispensable d’augmenter les financements pour MaPrimeRénov, dédiée à la rénovation énergétique des logements avec un système de « zéro reste à charge » pour les propriétaires les plus modestes. Un plan ambitieux pour le chauffage renouvelable (pompes à chaleur, photovoltaïque) est aussi indispensable pour réduire les factures d’énergie et la dépendance aux énergies fossiles. Il est également crucial de maintenir les financements du Fonds vert, outil indispensable pour soutenir les territoires dans leur transition écologique, et d’augmenter les aides à la mobilité décarbonée, notamment pour les véhicules électriques des ménages modestes.«»
Greenpeace appelle le gouvernement Barnier «à ne pas répéter les erreurs du passé et à s’engager résolument dans une stratégie cohérente de transition écologique. L’urgence écologique et sociale ne peut attendre 2027.»