Il dirige la 9e de Beethoven le 14 mai – Jérémie Rhorer : une résidence au Grand Théâtre de Provence pour « partager » la musique

Publié le 8 mai 2019 à  21h52 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  11h45

Jérémie Rhorer est l’un des chefs français les plus demandés actuellement. Il vient de connaître un grand succès avec une Traviata au  Théâtre des Champs E lysées nominée aux opéra awards et prépare sa  direction prochaine de la Deutsche Kammerphilharmonie à l’invitation de ce prestigieux ensemble. (Photo Chris Christodoulou)
Jérémie Rhorer est l’un des chefs français les plus demandés actuellement. Il vient de connaître un grand succès avec une Traviata au Théâtre des Champs E lysées nominée aux opéra awards et prépare sa direction prochaine de la Deutsche Kammerphilharmonie à l’invitation de ce prestigieux ensemble. (Photo Chris Christodoulou)

Le deuxième concert de la résidence aixoise de Jérémie Rhorer et de son orchestre «Le Cercle de l’Harmonie» sera consacré à la 9e symphonie de Beethoven au Grand Théâtre de Provence. Cette résidence artistique a débuté cette saison et a été actée, dans un premier temps, pour trois saisons. «Mais j’espère que ce sera pour un peu plus de trois ans», nous confiait le directeur musical, mardi, alors qu’il effectuait un aller-retour Paris-Aix dans la journée pour faire travailler l’Hymne à la joie au chœur composé d’élèves du conservatoire Darius Milhaud et de quelques professionnels. «Lorsque Dominique Bluzet m’a proposé une résidence au Grand Théâtre de Provence, dévoile Jérémie Rhorer, il m’a parlé de sa volonté de partager la musique classique, de la faire sortir de ce carcan élitiste qu’on lui affuble souvent, de faire en sorte que la musique devienne populaire tout en conservant sa qualité et l’exigence liée à la perfection des interprétations. J’ai été touché par ce discours et par l’honneur qu’il me faisait en me proposant cette collaboration. Je suis moi-même issu d’un milieu modeste et cette offre ne pouvait pas me laisser insensible.» Assis dans un fauteuil du Teddy bar, le lieu de détente convivial du Grand Théâtre de Provence, le fondateur, en 2005, et directeur musical, entre autres, de l’orchestre du Cercle de l’Harmonie, raconte la genèse de cette résidence. «Cette demande correspondait tout à fait à ma volonté de transmettre; j’ai donc accepté sans hésiter. D’autant plus que cette collaboration implique un travail auprès des enfants qui me semble être très important. Je veux construire des actions qui ont un sens dans la durée pour le jeune public. Par ailleurs, je pense que la musique peut avoir une fonction sociale. Ainsi, à Paris, avec le soutien de notre mécène, la Fondation Montpensier, je donne des cours à des enfants de migrants; c’est une démarche personnelle tellement enrichissante.» A Aix-en-Provence, avec le soutien de l’Asami, Jérémie Rhorer et des musiciens du Cercle ont joué pour «La Maison» de Gardanne; «on ne dira jamais assez combien la musique peut être importante pour les personnes malades, en fin de vie. Puis il y a un autre projet que j’aimerai concrétiser et qui en est aux prémices, autour de l’importance de la musique classique pour le développement du cerveau des nouveaux nés. Ce serait avec un centre marseillais de néonatologie…» Marseille où, dans le cadre de cette résidence, le directeur musical et ses troupes participent aussi aux dimanches de la Canebière. «Je tiens à donner du sens à toutes ces actions, poursuit-il. Ainsi, en décembre dernier, le volet scolaire organisé pour 900 élèves au Grand Théâtre de Provence avait pour but que les enfants retiennent quelque chose d’essentiel. Autour de « La Petite musique de nuit » de Mozart j’ai développé les notions de mélodie, d’harmonie, d’accompagnement, soit la structure du langage musical en expliquant au jeune public que tout cela fait aussi partie des musiques qu’ils écoutent au quotidien.» Quant au programme de sa résidence aixoise, Jérémie Rhorer l’a construit autour de deux axes forts : l’importance du lyrisme dans la région et Beethoven. «Nous avons ouvert cette collaboration en décembre dernier avec un programme lyrique autour de Verdi. Quoi de plus populaire que ces airs d’opéras forts, emplis de dramaturgie et qui prennent toute leur dimension dans cette région où la voix est très présente. Puis il y a Beethoven qui possède, à mon sens, une dimension populaire que tout le monde connaît mais qui est parfois difficile à identifier. La musique de ce compositeur est extrêmement savante mais présente la particularité de parler au plus grand nombre. J’ai donc choisi de donner au long des années à venir, les quatre symphonies les plus emblématiques de Beethoven. Nous commençons par la 9e qui possède une dimension universelle, puis il y aura l’Héroïque qui marque l’arrivée de la politique dans la musique, la 5e, entre autres, pour sa célèbre cellule rythmique du premier mouvement et, la 7e qui est pour moi une apothéose de la danse et pour laquelle j’aimerai nouer, si c’est possible, une collaboration avec Angelin Preljocaj.» Infatigable travailleur, C’est à Aix-en-Provence qu’à l’âge de 16 ans, Jérémie Rhorer découvre l’opéra en assistant à un «Cosi» à l’Archevêché en 1988 mis en scène par Denis Llorca et dirigé par Jeffrey Tate… 20 ans plus tard, il retrouve le Festival d’Aix mais en tant qu’interprète puisqu’en compagnie de son orchestre il dirige, dans la cour de Maynier d’Oppède, une Infedelta Delusa de Haydn qui est restée dans les mémoires ; «c’était avec la bienveillance de Bernard Foccroulle», se souvient-il. Depuis il est revenu à plusieurs reprises fréquenter la Cour de l’Archevêché et cette résidence voulue par Dominique Bluzet, le directeur du Grand Théâtre de Provence, le
rapproche une fois de plus d’une ville qu’il affectionne tout particulièrement. Personne ne s’en plaindra…
Michel EGEA

Pratique. Ludwig van Beethoven – Symphonie n°9 en ré mineur – mardi 14 mai à 20 heures, Grand Théâtre de Provence. Renseignements et réservations : 08 2013 2013 ou sur http://www.lestheatres.net/ Avec Le Cercle de l’Harmonie, le chœur de la résidence, direction Jérémie Rhorer, Mari Eriksmoen (soprano), Varduhi Abrahamyan (alto), Daniel Behle (ténor), Tareq Nazmi (basse).

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